Poèmes sans intitulé.

 

 

 

Voici !

 

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Guidant, ma main sur le clavier - ce désert - tel sur le rempart d’une autre Troie ou dans le palais d’Agamemnon annonçant la mort au bain d’un héros, sans plier aux injonctions de modération, je nous écris, nous et chacun n’étant PERSONNE.

Guidant ma main ce n’est point les feintes joies d’un Noël universel parfaitement réglé et manqué mais, la partition du CHRISTUS AM ÖLBERGE de Beethoven qui me guide et énonce l’autre énigme d’une sphinge intempestive : Sur cette Montagne, en son cœur de cristal la surdité du regard enfin ECOUTE.

Cassandre 

« Maintenant l’oracle ne va plus regarder

À travers le voile (...)

On va le voir, éclatant respirer

Et bondir vers l’aurore. Et une affliction pire

Déferlera à la lumière comme une vague.

Je n’enseignerai plus par énigmes.

Vous m’êtes témoins que j’ai flairé

Les malheurs et dépisté d’anciens crimes.

Jamais ne s’écarte de ce toit un chœur

Aux accords dissonants et qui ne bénit guère »

Eschyle, Agamemnon. Tragiques Grecs, Pléiade, p. 302

 

Aujourd’hui dans l’ignorance en gloire

L’opinion arrogante

Se contemplant narcisse pétrifié,

Dans un miroir liquide, entretient et oublie.

Alors fructifient ces riens

Les riens calculés sans Mesure.

Riens explosés : HUBRIS

Ainsi.

Pour que, selon la loi, la méthode

Le Nez, les Yeux, la Bouche, les Oreilles, la Peau

Ne répondent plus qu’à l’abstraction.

Ainsi tout devient souvenirs

Souvenirs d’un futur, le futur sans Avenir

A l’avance prescrit par les 

Écritures. Un livre - reliure de peaux humaines

Ce livre repris indéfini

Lettre morte

A la teneur d’une malédiction : un dieu ?

Oui. Une statue de fer

Triste figure peinturlurée

Dorures et dentelles, velours cramoisi

Voici donc la statue du Commandeur : un dieu ?

 

Plus de Soleil ! telle est cette certitude

 

Quelqu’un se réveille après une fête qui n’a pas eu lieu :

Un non-lieu, calendaire calcul.

Quelqu’un est éveillé depuis une naissance,

Un inconnu dans la Forêt

Le toujours éveillé, le Glèbeux

 

Je me réveille dans l’horreur des images multipliés

De souvenirs désormais programmés : POUR TOUS

Tout ce qui est proche est inter-dit

Tout ce qui est loin est forcé, au bout de toutes les télécommandes disposées

Joie d’un troupeau virtuel ?

 

Oui !

Tout est devenu souvenirs

Et l’âge et ses douleurs

Les misères revenant d’erreurs supposées

Ne sont que racontars de jeunesse

Jeunesse à peine probable, chiffrée.

Les inventions morales, les turpitudes religieusement entretenues

Vie factice, biologique

Ce n’est pas la vieillesse

Car noble la vieillesse murit l’Âme et révèle

Au silence cultivé : le FEU

Ce n’est pas la Vieillesse

Car noble elle oublie rigoureusement l’utile

Tel l’Arbre consacré au milieu

De la Clairière veille.

 

Cet oubli ? ce sont des pas perdus par décret

Car par soi, il n’y a jamais de pas perdus

Tant qu’une Rencontre demeure possible

Nous sommes « les bergers de l’Être »

Chacun uni ... collier de perles d’émeraude

ou chapelet de ferveur, de feux

Chaque un singulier, marteau sans maitre

Force du Dieu qui n’a pas de nom   

 

Non ce n’est point elle la saturnienne qui nous impose

Le désastre

Nul astre ne participe

Ni n’engendre ce spectacle désastreux

Spectacle d’ombres détachées des corps

Des corps diaphanes

L’Esprit s’éloigne  

Le Soleil Invaincu demeure mais caché, par

La grimace du « Dieu »

Dieu d’une histoire grosse de mensonges réalisés

Et sans Envoi (Schicksal)

 

Voici l’Humanité en trance. 

Le Retour des Titans ?

 

 

Oui !

Si je ne ressentais pressant le dieu qui manque

Stoïcien, acteur d’un désespoir déguisé en Courage

Je disposerais une baignoire de neige

Dans la forêt, les arbres dramatiquement dénudés

Noires écorces craquelées

Accueilleraient volontiers

Les veinures bleutées : un rouge usé.  

Sous la lune opalescente, pleine

Une dernière nuit d’hiver

Plus hivernale que jamais

 

Au bord de la rivière gelée

Laissant au loin la Clairière

Oui le poignard d’argent

Ouvrirait, chantant les veines de mes bras

Refusant de toujours le parjure.

N’est-ce là cependant

Le sacrifice le Plus Vain ?

 

Alors je me le demande

Car en ces jours d’une plus grande détresse

Sans Dichter et pleins de faux mérites

Est-il possible d’exister

Lorsque tout exige seulement de survivre !

De poursuivre un combat d’animal traqué

Homme, dernier homme  

Dont la raison défaille

Au point de ne plus accéder

À la sainte Folie  

Une Mantique, non  

Voici la démission demandée.

 

Alors - inquiet - oui je maintiens

Fier

Mon sang servira un plus certain

Sacrifice en me maintenant

Sans rien n’attendre, sans espérance

Au milieu méditant ici maintenant

Où un cercle rompt le carré cruel

Là où l’Inspire en spirale trace un chemin

Singulier

Vers 

Le dieu qui manque.

 

Ressentant à chaque instant d’une respiration contrariée

Ressentant le dieu qui manque

Nul acte apotropaïque 

Nul petit arrangement, compromission avec ce que réclame la Sociale

Nulle fuite tout autant programmée

Programmée par quelques maitres, prêtres, gourous,

Fuite, démission déguisée en aspirations saintes et maladives venus de

L’Orient épuisé.

 

 

 

Avec le soleil je désire.

 

« Avec le soleil je désire souvent du lever jusqu’au coucher le vaste arc, rapidement, courant,

aller souvent avec le chant, suivre le grand, le cours d’accompagnement de la vieille Nature*».

 

(Il est 4 heures du matin lorsque j’entame … « Avec le soleil »)

 

Désir brûlant glacé, car la nuit d’insomnie fixe le temps

Tout devient (avant elle cependant) souvenirs, souvenirs d’aucun passé, souvenirs forcés au présent : l’Interdit.

Souvenirs sans témoins, sans partage, souvenirs de souvenirs sans souvenance.

Quand dire devient plus encore inaudible

Et que l’ami aussi devient une impure fiction

D’un programme exécuté

Bande passante.

 

Oui, hélas, même le paysage, la plus proche beauté se sont éloignés

Éloignés de droit, ligaturés sur l’écran de cristaux liquides,

Prisonniers d’ondes : inanité pressante

 

Ainsi le demande le dieu manquant et remplacé

Entrechocs d’algorithmes

Persona pour miroir d’une scène pleine de vides

Au figuré comme au plus prosaïque littéral

Tout ainsi lié, ligaturé se délite

Insensible à cette brûlure du temps

L’histoire suivra-t-elle son cours,

Son cours détraqué, contre le Soleil ?  

Alors

Dans ces souvenirs obligés

(le mot « obligatoire » ne cesse de croitre avec le désert habité)

Chacun ignorant l’autre

Va, comme une simple et vulgaire opinion

Alors comme effacé le soleil se lève, se couche au-dessus d’un paysage en à plat

Paysage à deux dimensions mais jouant au relief

Stéréoscopique. 

Tout fait écran, la vie est un souvenir de laboratoire

Un souvenir en gestation

Ainsi s’évanouit, dissipé en poudre

Le plus proche comme un lointain éventé

La plus proche, la Beauté interdite

Ne parait que voilée au musée

Au virtuel, grand espace mortifère

Au pas de deux où le zéro fait l’affaire

Pour tous donc pour personne.

Le silence même est un élément du calcul

Sans Mesure l’Hubris même s’engage à n’être rien

Rien de plus que zéro à l’infini : dissolvant.    

L’ennui triomphe par le bruit machiné

La solitude reste un secret espoir,

L’esseulement gronde fanfares et orphéons

À la gloire d’une Eurydice gonflable, en pixels

 

Et puis, alors 

Dans le chant des enfants morts, mort-nés

Errant dans la sépulture : un monde nouveau

Révèle son ancienneté crasse

Que dire d’autre, singularité interdite en ses « moi »

Que dire d’autre ou autrement ?

Constats indolores reprisés à l’usure

Des complices comme des comploteurs complotés

Qu’en soi-même écartelé de non-dit en non-dit cumulés

Il demeure, tandis que

Par défaut

Réclamé ... quand cette nuit  

 

La Nuit interdite ... chaque Jour nuitamment allume ses lumières.

 

Mais pourtant ...

 

Parviendrai-je à reprendre et dire avec le Poète (ou le Feu) :

 

 

Oui, mais « … habite aussi un dieu en l’homme : il voit passé et avenir et comme du fleuve

en remontant la montagne à la source il va heureux à travers les temps. Du livre calme

de leurs faits il est, à ce qui a passé connu / par - - qui offre .... d’or *»

 

(Le même inachèvement)

 

*Palingénésie, Hölderlin, Œuvres, p.922.

 

  © ARG - 2 et 3 Janvier 2020 + 1 - Suite- Au Point Impeccable

 

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