Existence & Sida (suite)

Dans ce contexte chacun est invité dans le libre service de la "spiritualité" à être pour lui seul son propre dieu en puisant à la source-même la dite "énergie universelle". Dans ce fourre-tout où la "nature" (le "panthéisme") côtoie des dieux réinventés, réduits au statut de symboles ou allégories, cocktail de paganisme, d'hindouisme et de darwinisme où l'exotisme précède une authentique approche des Écritures, les "exercices spirituels" proposés ont toujours le même fondement démobilisateur - sinon immobilisant - le goût mortifère du nirvana, de l'Illimité (l'Indifférencié). Aussi vantent-ils toujours l'ignorance, le vide de pensées, les imageries flattant les sens pour les effacer, prônant surtout UNE RÉGRESSION à des états altérés de conscience que la parole ne saurait bien sûr décrire puisqu'il faut impressionner ... En fait, ce qui est appelé divin est l'état hypnotique (celui des paradis artificiels) qui fait appel moins à l'imagination, au rêve qu'à l'imaginaire lieu du corps à corps fusionnel, point de disparition de toute singularité. 
Notons que ce que l'indigence de pensée d'aujourd'hui nomme "Énergie" (refusant de penser le mot frappé par Aristote avec ces conséquences pour la physique moderne) ne fait que rappeler plus platement ce qu'une traditionnelle rigueur indo-européenne désignait en Sanscrit par le Couple Prakriti-Purusha compris à partir de la Parole Première (Paravac) - "dyade" plus proche donc du Polemos héraklitéen Phusis / Logos que de l'opposition yin / yang trop vite ramenée au niveau d'un sinistre biologisme. Aussi faudra-t-il mieux ouvrir notre compréhension en s'en remettant à une Plus Extrême Trinité. C'est en effet et uniquement à partir d'un Tiers qu'une Parole est garantie et que du même coup l'existence singularisée sort de la confusion, du fusionnel, qu'il y a Engagement. Là intervient le Dieu pour que le seul miracle qui en soi vraiment un advienne, la Parole hors de laquelle il n'y a pas ou plus d'Homme : que par la Parole, l'Homme advienne comme tel ! La Parole donne la possibilité d'exister inauthentiquement sous le coup du Fatum (une Démission proprement orientale ?) ou authentiquement en en faisant un Destin vécu en pleine conscience dans toute sa singularité. Il est alors compréhensible qu'on veuille nous rejeter hors de la Parole s'il est de l'intérêt de nos sociétés industrielles, post-hitleriennes de programmer la psychose. P. Legendre dans son "Empire de la vérité" (Leçon II) ne craint pas de se le demander en ayant préalablement posé ceci : "L'industrie est un système guerrier, qui gère l'humanité au nom d'une science religieuse". Il est certain que ce n'est pas en s'aventurant du côté du (con)fusionnel qui est de l'ordre de la psychose que l'on répondra au questionnement du SIDA ou que l'on parviendra du moins à sa symbolisation. Symbolisation n'est certes pas guérison mais accès au Dire d'une mal-à-dire et comme la maladie est mortelle n'est-ce pas d'abord nous rappeler qu'exister n'est de toute manière que l'entre deux d'un naître qui est déjà une négation (n'aître), à un mourir (qui ne sera pas nécessairement plus qu'une autre négation). Car, certes le SIDA ne se soigne toujours pas - et sera-t-il soignable dans les termes actuels de la science, il y aura alors nécessairement encore une autre maladie et sans doute une moindre chance de compréhension ontologique. 

On expérimente. On fait du cobaye humain en se compassionnant. Du coup la symbolisation est peut être plus près, prête à favoriser le processus de guérison que ne le seront jamais ceux qui se laissent embourber, engluer, dans une  représentation du corps, qui de l'auto-observation morcelante à la résorption du moi dans le grand tout restent aliénés de leur Corps Propre, hors de toute Parole. Bien sûr cette Parole est difficile à atteindre où plutôt il est difficile d'en être touché pour y Habiter- Construire. Car lorsqu'on se contente de communiquer on n'a que cumul d'informations, et lorsqu'on prend (vole) la parole pour "s'exprimer" (tel le citron dont on a exprimé le jus), il n'y a plus qu'une forme vide ! Ainsi toute verbalisation rend débitrice d'une amende; le langage n'y compte que pour engagement dans du corps brut, corps du mammifère supérieur qui fait de la concurrence ce qu'il retient de l'animal (et donc de la planète entière) une stupide lutte pour la survie !

Parler, Habiter- Construire dans la Parole est tout autre, quelque chose d'essentiellement humain comme une In-Carnation du Logos pour louanger la Vie. La Vie dans le temps imparti, destinal, d'une existence qui, singulière est en même temps le genre humain. Existence pour cette mort que n'accompagnera jamais que le Sens (direction, signification et sensibilité des sens) donné singulièrement par chacun. Mort qui est comme possibilité la plus propre de l'Homme, peut-être pas seulement "la fin du possible mais aussi l'Abri suprême (la mise à l'abri qui rassemble) où réside le secret du dévoilement qui nous appelle" (11). Mort, certitude quoique différée, pour tous et sans considération de l'âge, de la classe ou de la catégorie socioprofessionnelle, de la race ou de la religion. Mort qui peut être crainte parce qu'objectivée ou donatrice de sens parce que libérée mais jamais accompagnable. L'autre, quoiqu'il puisse faire ne pourra le faire que dans les limites prescrites par l'être mourant, tout le reste et surtout lorsqu'il ne s'agit plus d'application de Sacrement mais d'une vulgaire technicité il n'y aura que manipulations psychoaffectives, rien que la mauvaise foi d'une "bonne conscience" (40). Si l'application d'une technique quelconque peut entraver l'expérience du mourir, cette expérience reste au moins intransmissible dans le sens où personne ne peut mourir à la place d'un autre. Le mourir n'est pas localisable dans l'espace, il est du Temps. 
La mort biologiquement constatée n'est qu'une manière moderne de s'arranger pour que toute mort soit comme toute autre chose, banalisée, jamais édifiante, si ce n'est spectaculairement par le vide, que toute mort rejoigne l'anonymat le plus radicalement statistique (41). Ainsi surtout pour celui qui meurt du SIDA. Ce n'est pas Un tel qui meurt. Il ne meurt pas de sa mort mais de cette mort (12) qui est du SIDA. On comprend alors mieux, sans nécessairement en faire l'éloge, que des Noms soient brodés, joints pièce par pièce d'étoffe linceul au "Patchwork des noms". Hélas pour n'être encore que démonstration - du nombrable ! Là encore le bât blesse. Ce n'est pas l'objectivité mais l'aliénation- même d'une ultime parole, son objectivation qui met en péril. Un nom dans le nombre n'est plus même un Absent - à peine est-il un Décédé. Aucun Vide n'est ressenti, singulier, qui relancerait du Sens. Il est mort sidéen, du SIDA de tout le monde, avec une vie de sidéen attendue, médiatisée, pour tout le monde, démocratique ? 
C'est horrible ! Là est flagrante cette homogénéisation qui dans nos sociétés post-hitleriennes prétend reconnaître des "différences". Elles ne font que des marchés - cibles - et ne profitent qu'aux débrouillards et magouilleurs. La Différence authentique pose, elle, toujours, une hétérologie. Elle ne craint pas l'Affrontement - le Polemos héraclitéen. Elle ne pourra jamais livrer la Parole, la réduire aux mots d'ordre, formatages abrégeants de l'activisme, du business, ceux-ci n'étant que bavardages excitant la Curiosité du "toujours nouveau", toujours à refaire, rejetant dans un futur sans Avenir ... le reste ne s'entend plus. Qu'advient-il en effet lorsque le reste, le bruit , c'est l'Homme ?


Deuxième partie : DU REGROUPEMENT A LA PAROLE.

Si l'homme ne s'établit d'avance dans l'espace propre de son essence y prenant habitation , il ne sera capable de rien d'essentiel dans le Destin aujourd'hui dominant. 
Martin Heidegger

"Nur eine Waffe taugt; - die Wunde schließt 
der Speer nur, der sie schlug." 
Wagner, Parsifal.

Parole aliénée dans les représentations de groupes construit par une société trouvant sa fin en elle-même, sans autre, se regardant vivre indéfiniment à travers des médias lui servant de Psyché. Un travail en groupe restreint pourra-t-il permettre à certains de délier cette parole, de la reconduire à sa singularité tout en la rendant Responsable c'est-à-dire capable de répondre à l'appel d'un Destin ? Mais comment une maladie causée par le hasard d'un virus attrapé, qui plus est incurable, peut-elle devenir un Destin ? N'est-elle pas un rigoureux fatum qui ne laisse aucune autre possibilité que de s'abandonner au corps desâmé des discours spécialisés, au discours médecin ? Qui ou quoi d'autre peut répondre à ce qui,  malade en une personne la réduit, à sa souffrance ou son attente, à n'être que du corps pour la médecine et tous ses relais ?

La maladie est quelque chose qui échappe à ce corps. Selon l'imagerie médicale il serait d'une telle complexité que la conscience que j'en peux avoir (elle ne pense jamais que je puisse exister cette conscience) ne saurait être qu'illusoire. La maladie me révélerait ce qui ne m'appartiendrait donc pas; mon corps. Mien sur le mode de ne l'être pas, certes puisque je ne l'ai pas choisi, et que malade je m'aperçois qu'il existe comme un encombrement ...

Mais qui suis-je, malgré tout lorsque malade il me semble ne sentir que du corps encombrant, que ma contingence éclate en toute son évidence; une naissance que je n'ai pas choisi et qui est à peine le choix de mes géniteurs et une mort obligée ? Entre, je pourrais être une conscience, une parole mais cette parole brouillée par la souffrance n'intéresse plus personne. Ne suis-je alors que le prisonnier de ma propre caverne ... ? La maladie ne renvoie donc à rien d'autre qu'à des choix techniciens qui sont uniquement entre les mains de spécialistes responsables de leur seule technique. Je n'ai pas même le droit d'intervenir. D'ailleurs toute intervention de ma part ne leur prouvera jamais que mon incompétence et confirmera mon état de malade, de patient, me contraignant à la patience. La maladie fait que je suis cette "chose", ce corps qui m'échappe : du corps.

Je suis certes moi en pensée. Je peux toujours penser ce corps mais il n'est pas mien. J'ai un corps. Et cette diffraction crée un sentiment d'étrangeté. Et le poète en effet s'étonne "L'âme est en vérité chose étrange sur terre ". Mais étrange signifie pour lui "en train de faire chemin". Ce qui est "étrange", l'étranger, périgrine en avant. Pèlerin, l'étranger pourra trouver demeure. L'étranger a déjà donné suite à l'appel, à lui même à peine dévoilé, qui le met en route vers sa propriété (13). Ce qui renvoie à la définition de l'Homme donnée par Sophocle dans le premier choeur d'Antigone (v. 332-375) qui commence ainsi "Multiple l'inquiétant, rien cependant / au-delà de l'homme, plus inquiétant, ne se soulève en s'élevant".

L'Homme, l'In-quiétant, le seul parmi les étants qui soit un être pour lequel en son être il est question de son être- même, un être soucieux, toujours préoccupé dans son Umwelt, toujours sollicité dans son Mitwelt, toujours questionné et questionnant, étant en lui-même la question, ne peut de ce fait jamais être pris en main comme un outil, un utile ou un simple objet.

Ce corps placé dans un certain discours qui se saisit de la maladie pour prouver qu'il m'échapperait en fait totalement, n'est pas au fond de lui-même un simple objet. Et même le médecin rôdé à cette fatalité du corps objet peut parfois cependant s'étonner lorsqu'il se sent engagé d'existence à existence (et non plus en strict technicien) et parfois se rendre compte que ce n'est pas la stricte performance technique qui décide pour un homme malade de sa vie ou de son trépas mais malgré tout encore autre chose. "Le silence de la chambre de réanimation est ponctué par la machinerie régulière du respirateur. On attend : tout ce qui était possible techniquement a été fait et cependant personne ne peut dire qui gagnera, de la vie ou de la mort. Quel est donc ce paramètre non scientifique qui déterminera l'issue : partir ou revenir ? " se demande R.C Baud dans un excellent article intitulé "Guérir, qu'est-ce à dire ?" (14). L'article poursuit son interrogation de la guérison et constate que si "la haute qualité des plateaux techniques, la précision des investigations et l'affinement constant des protocoles offrent dans un premier temps toutes les garanties d'une efficacité rapide (...) les processus de guérison seront souvent retardés voire enrayés par le "fantasme de restauration" nourrit par le patient "fantasme de retrouver l'intégralité de ce qui a été perdu, de revenir à avant- la- maladie, mais sans rien changer dans la manière de vivre d'avant. Paradoxe d'une demande de guérison sous condition, celle de ne pas toucher aux racines invisibles de la maladie". Mais ces racines ne sont-elles pas ce que le discours médical ne peut envisager ? "Ainsi le retour à la santé requière la connaissance de la "matrice" originelle de la maladie. Il est le fruit d'une attention à son corps et à ses réactions aux stress extérieurs et intérieurs d'une vigilance à reconnaître les disjonctions internes. Il exige un travail de remise en ordre, de désencombrement ou d'ouverture à ce qui empêche l'être profond de donner ou de recevoir. (...). Ce qui était dangereusement muré dans les abysses (sentiments, émotions, interprétations etc.) doit nécessairement réapprendre les chemins de sortie du corps et de symbolisation dans une parole." Qu'il soit nécessaire de reprendre les chemins de la symbolisation pourrait sembler dérisoire face à l'incurabilité du SIDA mais n'est-il pas encore plus absurde de considérer naturel de s'autoriser à partir d'un diagnostic de séropositivité des pronostics de la durée de vie, et d'apparition de maladies opportunistes ?

Lorsque le discours médical sommeille un peu moins profondément, disons lorsqu'il somnole en reconnaissant une certaine faillibilité, ne serait-il capable d'au moins constater, sinon des guérisons, du moins des rémissions spectaculaires chez des personnes atteintes de cancer léthaux, sans que les thérapies lourdes puissent en être entièrement la cause ? Il pourrait en effet en constater chez des personnes qui ont par la maladie, décidé de changer leur vie, de retrouver une certaine qualité d'existence, non certes en misant sur un volontarisme créateur de stress (15) ni sur un "développement personnel", par essence égoïste, qui les coupera de toute Rencontre mais en revenant vers leur être- avec autrui le plus propre.

Que ne pourrait-il pas se passer avec le SIDA qui n'est après tout qu'une forme de l'incurabilité, un rappel de la finitude essentielle qui ne devrait pas être objectivée mais éprouvée ?

Rien si ce n'est une idéologie spécifique - une morale sexuelle ? - qui retient le SIDA dans une perspective d'objectivation particulière, qui lui interdit d'entrer dans la catégorie des cancers. Pour cette raison seule le scénario est construit qui de l'objectivation de la sentence de mort conduit par étapes à la mort constatée. Cette mise en scénario construit un parcours d'organes après l'invisible travail intercellulaire du HIV. La peau, les poumons, le cerveau sont les plus touchés sans qu'on se soit interrogé sur les fonctions qui les recouvrent et qui ont pu être antérieurement atteintes. Viennent ensuite les intestins. Les autres régions du corps anatomo-physiologiques peuvent bien sûr être touchées mais à un moindre degré et certaines maladies bénignes que contractera le séropositif garderont leur identité sans qu'on les considère comme "opportunistes" ... Mais le scénario reste un scénario car on n'essaiera guère de comprendre la maladie en fonction d'une Constitution (destinale existentielle), des dispositions à telle maladie plutôt qu'à telle autre, ni de la Situation particulière du malade lorsqu'elle se déclenche. Non ! Choix et déclenchement reviennent nécessairement à la seule présence du HIV et ses conséquences hasardeuses. C'est tout ! Ce "c'est tout !" résume hélas la position scientifique pour qui l'humain de toute façon n'est rien qu'à la merci d'un virus, objet de la médecine qui s'en charge. Elle sait tout ce qu'il faut savoir même si elle ne sait presque rien, ce presque rien est scientifique et non humain, il est sans erreur. N'oublions pas : si l'erreur est humaine elle ne saurait être scientifique. Mise en question par ses échecs patents, ces échecs ne sont pas scientifiques; la méthode scientifique demeure hors d'atteinte. Le discours médical n'a donc pas à entendre ce que dit le patient, car ce qu'il dit revient à dire qu'il n'est pas médecin et est donc pure ignorance. Ce refus justifié d'Écoute constitue une ambiance pathique particulièrement nocive pour l'homme réduit au statut de patient unité biologique défectueuse et non- réparable puisque objectivement incurable. Or que signifie humainement incurable ? Cela signifie que le temps est compté et qu'il est, en quelque sorte compté à rebours. L'avenir est fermé en un futur marqué par la mort objectivée. Le passé est objectivé soit comme lieu d'une réalisation ou d'un échec définitif, irréparable, quant au présent, il est rejeté sur un présent organique qui retient le temps dans l'espace indécidable. Le temps s'alourdit, traîne en longueur. Il n'est plus qu'un rythme physiologique, une affaire de "biorythmes" enfermé dans un corps objectivé. Plus que désespoir ou angoisse, l'Ennui recompose toute l'histoire du sujet devenu patient. Le monde s'appauvrit, se rétrécit sur l'organique. Ainsi voit-on réagir la plupart des malades qui, leur temps compté, veulent vivre le plus intensément ce qui leur reste à vivre. Or ce temps qu'ils perçoivent alors n'étant plus que du temps spatialisé, vivre signifiera seulement "se dépenser". Ce sont alors en fait, le plus souvent, des processus autodestructeurs qui se mettent en place. Manquer de temps - temps spatialisé - entraîne naturellement une accélération des processus de "consumation" de la vie, alors que le temps qui se temporise manque de rien, est ouvert au devancement de notre plus propre possible, la Mort. Cette Mort, l'incurabilité doit la reconduire en temps d'élection en la libérant de l'objectivation. Qui sait si par cette Élection la personne (re)trouvant un sens ( le "ce pour quoi elle est vraiment sur cette terre"), son sens, ne va pas s'autoriser sinon une guérison du moins une rémission, un retard prolongé du déclenchement des maladies opportunistes. De toute manière elle aura reconquis sa Responsabilité devant la Mort, ce qui lui permettra de l'accepter ou mieux d'y accéder librement en sa singularité la plus propre. Elle pourra être édifiante.

C'est donc vers cette reconquête du temps propre que la personne malade doit essayer de s'engager avant tout si elle ne souhaite pas demeurer aliénée sur l'échiquier du discours médical en homme- objet. Pris à la règle du jeu, il ne peut plus y avoir de liberté. Une règle de jeu est toujours une forme arbitraire de la loi. L'homme qui s'y soumet y est à corps perdu.

"La règle du jeu concerne un monde clos où toute ouverture est impossible et d'où toute liberté est exclue. (...) Elle rejette tout ce qui n'est pas intégrable dans le sens programmé. Est même exclue la possibilité d'un refoulé, c'est-à-dire d'emprunter en cachette une autre voie ; seul est possible le rejet. Ainsi comprendrons-nous que l'accès à la destruction, pour ceux qui se mettent sous la coupe d'une telle règle devient si facile." (16). Or c'est bien d'abord à la règle du jeu que le séropositif / sidéen est confronté, doit se soumettre. A celle du discours médical fragilisé mais toujours assertif, mais encore à celles de son "groupe" qui le plus souvent a comme référent justificateur le seul discours médical. On pourrait même dire que dans le jeu- groupe il y a une case, tel dans le Jeu de l'Oie, le puits, qui renvoie à une autre partie, avec une autre règle, et que cette partie est la partie médicale. Toute tentative d'en faire un labyrinthe initiatique est donc exclue. Rien ne permet d'initier puisque les jeux sont faits. Le sujet a disparu dans l'objet et on ne peut même plus dire qu'il est condamné à être libre . Il est rigoureusement condamné à mort et ne peut vivre qu'un sursis . Sursis hasardeux puisque rien dans le discours médical, scindé, ne peut plus assurer, rassurer vraiment le patient dont la vie ne sera peut-être jamais assez longue pour voir la médecine trouver un traitement réel. Le temps spatialisé réduit à l'espace du jeu, inscrit seulement le patient dans un parcours limité entre les cases "Spécialiste", "Généraliste", les cases "Laboratoire", "Hôpital", et des cases "Échéance", "Rémission" qui accordent des "bons- loisirs". Tout est rigoureusement quadrillé et pour chaque case "Spécialiste", "Laboratoire", un Organe est exigé, des cellules ponctionnées. Rien d'organique n'est sensé échappé à l'observation, à la garde à vue et tout ce qui n'entre pas dans la catégorie de l'organique est seulement considéré comme parasitaire ou est traduit en termes organiques. Ainsi les relations amoureuses bien sûr sont répertoriées comme l'entomologiste répertorie ses insectes morts, épinglés mais encore les modes de vie et les activités générales qui peuvent être motrices volontaires, relever du cerveau gauche ou droit etc. Ce qui relevait du psychique est aujourd'hui rien d'autre qu'une électro - pharmacologie du cerveau. Il faut tout savoir dans ce panopticon d'un savoir finalement délirant puisque le Tiers Référent y est comme forclos. Il y a là une composante paranoïde dans cette accumulation d'informations qui tourne autour d'une faille qui n'est jamais reconnue comme telle mais qui contraint à toujours interpréter sans fondement.

C'est donc à travers ce dé-lire que le patient doit d'abord apprendre à retrouver progressivement un chemin vers la temporalité propre d'une parole non-aliénée pour redevenir la Personne humaine qu'il est de prime abord. Comment se protéger cependant des effets d'un discours qui affirme sa toute puissance en même temps que sa défaillance patente ? Comment remettre à sa place, dans un dialogue d'existence à existence, un discours purement technicien ?

Il ne suffira certes plus, comme le désirera toujours l'hypocondriaque, que la relation au médecin soit aussi une relation psychologique. Il faudra que le discours technicien soit pris seulement pour ce qu'il est, rien de plus et donc que le médecin parvienne à déposer sa fonction, cesse d'être de mauvaise foi se croyant médecin comme cette table est table !

Rappelons donc que ce n'est pas parce qu'une technique colle à son objet, qui en tant qu'objet est construit et non pas réel , que celui qui l'applique adhère lui-même et peut de ce fait l'appliquer sur un autre homme comme s'il y avait là un objet. Entre le patient et le médecin, en tant qu'ils sont des hommes, rien n'adhère. Cette non-adhérence est précisément là pour un Monde. Etre-au-monde,  l'homme ne rencontre rien qui puisse être absolument Nécessaire ou strictement Possible. Il y a toujours de l'entre, un choix. Même lorsque la "sentence de mort" frappe d'objectivité, aliénant la mort-même il y a encore un choix possible. Mais il faudra reconnaître la non- adhérence du discours sur la maladie et la Personne malade ce qui convoquera la "faille" niée, exigeant la reconnaissance de la seule réalité humaine. Cette reconnaissance, outre qu'elle n'est pas aisée, n'est pas nécessairement souhaitée par le patient qui perd un certain confort, son irresponsabilité tandis que le médecin perd son "power over" dont il jouissait jusqu'à là. De toute manière le patient ne redevient pas responsable sans que l'Élection ne l'ai préalablement éclairé sur lui-même comme Personne. Un travail "psychothérapeutique" peut parfois être réclamé bien que l'Épreuve de la maladie devrait suffire en soi pour ranimer le Questionnement qui engage.

Cependant, le corps du séropositif / sidéen étant un corps sans discours propre dont la parole est aliénée dans un discours prêt-à-parler il n'est pas conseillé d'entreprendre des psychothérapies aux interprétations projectives et moins encore psycho-corporelles. Car si les premières retardent l'émergence d'une parole libre, singulière, unique, les secondes ne font que refermer sur la corporéïté déjà surdéterminée risquant de confondre plus définitivement le Körper et le Leib, le strict événement (Geschehen) avec le vécu éprouvé (Erleben). Si l'approche Daseinanalytique et la méthode de la restructuration de l'image du corps (17) conviendraient le mieux c'est qu'elles ne peuvent mettre de côté, ni la spécificité de l'être-là séropositif / sidéen, ni la radicale singularité du sujet transcendant cette spécificité qui repose d'abord dans la surdétermination de la corporéïté objective - ou l'arraisonnement par la technique de la "chair parlante".

Il est frappant de constater cette surenchère du corps-objet dans l'expression des séropositifs / sidéens. Ainsi de ces dessins du corps et/ou de silhouettes à colorier produits en séance qui ne parviennent pas à se défaire du modèle anatomique de l'écorché ou des radiographies, où toujours l'exécution se veut "réaliste". Même lorsque la consigne précise ensuite de se libérer de ce "réalisme", c'est encore l'imagerie médicale qui dominera. Les corps seront marqués aux points sensibles sièges des maladies opportunistes ou bien pour exprimer un corps refusé, perçu comme étant désormais "de trop", la silhouette sera vide - sans couleur, ni saveur. 

Certaines représentations qui, pour des personnes peu averties sembleront libres de ce "réalisme" auront en fait intégré une autre objectivation, celle d'une pseudo-physiologie, dite "subtile", très lointainement adaptée de la conception indienne, souvent volontairement ignorée (comme celle du Shritattvacintamani,  pour ne citer que le texte le plus remarquable de cette Tradition) plaçant des couleurs telles que prescrites par des systématisations modernes moins que fantaisistes. Cette représentation ne sera guère plus libre que la précédente d'autant moins que la terminologie vaguement sanscrite aura toujours l'anatomo-physiologie occidentale comme fond, lui servira de cache. Il faudra un long travail avant que cette représentation appauvrie cède la place à une expression moins stéréotypée, plus proche du vécu personnel. Tant que cela n'aura pas lieu la personne restera aliénée. Elle résistera d'autant plus qu'elle identifiera tout "débordement" créatif à la rupture de la barrière immunitaire- même, cherchant ainsi à la protéger en se protégeant. Et puis se dévoiler créativement n'est-ce pas donner à lire au psychologue la cause de sa maladie, la cause de la contamination ? On craint toujours d'être reconnu d'autant que la psychologie, plus descriptive que compréhensive malgré ses prétentions, plus moralisante qu'éthique, a entretenu une certaine culpabilité pour servir ses desseins. Le fameux "c'est vous qui le dites" qui jamais ne parvient à une reconnaissance de la vérité propre de celui qui justement se dit n'est pas le moindre de ces nocifs trucs de métier ... Plus dramatique cependant sera la pauvreté "choisie" de l'expression "Gay" (vs les homosexualités) qui se limite à une fantasmatique instituée, "packagée", misant uniquement sur une image du corps stéréotypé. Entre l'obligation du commerce en miroir qui contraint le Gay à devenir celui qu'il désire dans le champ du non-rapport qu'est le "sexe" (et donc à perdre l'autre pour n'avoir d'autre qu'un autre soi-même objet) et l'appel désespérant au Phallus que nul ne peut être (et que la "communauté" Gay ne saurait elle-même incarnée puisqu'elle matricie d'abord la mort sidéenne) que reste-t-il à dire sinon la menace de destruction qu'est le SIDA pour ce corps miroitant ? La clôture semble presque absolue. Un regard morne glissera sur du corps intangible, lissé, huilé, glacé comme du papier photo, pages de magazine aseptiques, contraint à tout concentrer sur le pénis (la partie) confondu avec la virilité (le tout) non plus à suggérer mais représenter. Rien d'autre que le pénis et l'obsession d'une sodomie à peine désirée car ce n'est pas tant le désir d'être pénétré que le besoin de voir le pénis que la fantasmatique institutionnelle met en scène. Rien d'autre. Plus même les prestiges luminescents de l'ange déchu qui parlait presque en termes de sodomie sacrée. Drame de l'appauvrissement de l'imaginaire porté à cet extrême ; rien d'autre que cette société dans toute la violence de son actualité desoeuvrante. De fait rien n'accuse ces "gays" en particulier, tout dénonce une pauvreté de l'imaginaire du SIDA dans un report métaphorique entre la maladie de dégénérescence et la réalité sociale du monde industriel post- hitlerien. Tout se présente comme si la maladie - métaphore et "réalité" - emportait avec elle l'imaginaire matériel ne lui laissant que le formalisme de l'information (dont la finalité utopique et sanglante est d'inter-dire toutes Confluences, toute Reconnaissance, toute Rencontres pour imposer un règne d'influences fatidiques).

Ainsi cette pauvreté reconnue dans les dessins, modelages de séropositifs / sidéens en séance lesquels avant d'être leur expression ne sont que la répétition de cette information. Information distillée tant par les médias (à la pauvreté consubstantielle) que par les romans, essais, poèmes, films ou photographies, travaux d'artistes composant sur ou à partir de l'expérience sidéenne. Information à la pauvreté contingente puisque contrainte par la règle professionnelle ( vs le Métier) à la seule narrativisation (vs l'Écriture, la Poétique) mesurée aux platitudes du "réel" construit par une objectivité scientiste qui se doit d'interdire toute métaphore ; elle ne peut et ne doit en fait rien symboliser mais tout "réaliser". Ne sont possibles que le pathétique sous le règne de la Terreur, la construction de diagrammes, d'images de synthèses vivement colorisées, une alternance entre le "condamné" et la "sentence de mort" et finalement rien d'autre qu'un évanouissement, une disparition blanche. Le blanchissement progressif du sang- même ...

D'un corps vidé de ce sang, blanc, il ne reste qu'une abstraction. Aussi n'y- a- t- il aucune comparaison possible avec cette Peste qui conduit Artaud à repenser, ré-éprouver le Théâtre comme Cruauté - comme réinscription du sujet dans cet espace initiatique devenu étranger au christianisme ordinaire démythifiant, qui donne naissance au sinistre catéchisme positiviste. Le SIDA, construction d'une science religieuse, ne tolère aucun autre espace que l'espace "scientifique". Aussi ses représentations ne peuvent se situer que là où l'art (la beauté) est jugé aux critères de la science. (18)

De quelle "beauté" pourra être porteur le séropositif / sidéen voulant exprimer ce SIDA si ce n'est celle que la "science" trouve en elle-même dans ces objets qui pourtant n'existent déjà qu'à la seule condition que l'existence- même du savant compte d'abord pour rien ? 
Le SIDA ne peut être porteur que de la seule rigueur. 
De cette rigueur qui met le corps en souffrance, hors de l'Existence singulière, proprement vivante car aussi témoin de l'Humanité entière. Privée de l'incarnation d'une parole singulière dans un discours d'autorité comment la Personne humaine, son monde, n'apparaîtraient-ils pas d'abord appauvris, "animalisés" ?

Comment même la Personne pourra-t-elle se retrouver telle, si d'abord, elle n'a pas le désir de s'arracher à l'aliénation, posée comme nécessaire, de son corps malade en corps-objet, corps refusé ? Ce désir ne peut-il lui-même renaître qu'à condition que la "sentence de mort" puisse être reconvertie en finitude-mortalité ? Reconversion qui seule pourra rouvrir les perspectives d'un Destin ? Sommes-nous dans une impasse, une impossibilité ? Oui, si l'incurabilité donnée ne peut être reprise dans le sens de la Mortalité.

Rappeler le sens de la Mortalité, c'est rappeler au Sens. Le Sens, cette sorte de "désaccord", cet équilibre fragile d'où peut émerger l'étrangeté d'une "âme" ... Ce qui pour le séropositif / sidéen passe par une remontée nécessaire de l'enfer du corps-à-corps objectif et/ou se prenant pour fin en soi à son corps propre, à ses finalités et à son Destin.

Il va donc falloir qu'il mesure les distances existant ou non entre sa "biographie" et l'objectité de la séropositivité et du SIDA. Ainsi proposons-nous dans nos groupes aux participants de rédiger sur deux colonnes, d'un côté, une courte biographie, de l'autre, un court essai sur le SIDA pour qu'une comparaison et surtout un abîme se dessinent. 

Il est en effet nécessaire que de l'anonymat "universalisant" de séropositif / sidéen il revienne à la "particularité" humanisante, ses noms et prénoms. Il doit renaître, être rebaptisé, réapprendre à parler, du moins s'il souhaite exister jusqu'à dans sa mort. On se demandera peut-être si cela ne ressemble pas alors à une Grâce ? Sans doute.

Mais l'Exercice peut y disposer. Il s'effectue sur le mal-à-dire et l'image du corps pour libérer de la Certitude de la Mort (qui n'est pas la même chose que l'objectivation produite par la "sentence de mort"), l'Appel d'un Destin - recours au plan des Stimmungen pour faire émerger, la Clairière, le choix qui s'appuie sur une Constitution existentielle propre afin de donner une Parole à / pour l'Etre (en prenant soin du sens portant l'être" pour un existant enfin libre de "Dieu"). Témoignage qui est demandé, de fait, à chacun pour l'humanité contemporaine au creux des vagues d'un impeccable Oubli .... Cependant il ne saurait être question de saisir là l'opportunité d'ajouter une urgence aux urgences déjà suffisamment foisonnantes.

Nous devons au contraire nous situer, à la Pointe du Danger si nous souhaitons nous mettre enfin en route vers l'Essentiel. Il nous faut donc nous soumettre aux Rigueurs de l'authentique Exercice Spirituel - de ce tournant de siècle, nous tenir dans l'équilibre de la Pensée calculante et de la Pensée méditante - comme le propose d'ailleurs Heidegger dans Sérénité (Gelassenheit) et rien d'autre.  

Nous devons tenir haut la bannière d'un Combat en apparence anodin contre ce qui vise à arracher l'homme à la Parole sans quoi ce Miracle unique, l'Homme , risquerait bien d'être mis en danger, radicalement. 

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Vers critique du
pouvoir (marketing) médical en direction des personnes âgées 

vivre / survivre / exister : vieillir / mourir 
ou 
"la sidalyse"
 

11 - Martin Heidegger, Sein und Zeit, 46 -53, paragraphes consacrés à l'être pour la mort. 
Martin Heidegger, Vorträge und Aufsätze, Moira, p.248. Trad., p 310.
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12 - Rilke dans "Les Carnets de Malte Laurids Brigge" notait déjà ceci "Qui se soucie encore d'une mort bien faite ? Même les riches, qui pourraient cependant se permettre de mourir comme il faut, commencent à devenir négligent et indifférents ; le désir d'avoir sa propre mort est de plus en plus rare. Encore un moment et ce deviendra aussi rare que d'avoir une vie qui vous soit propre." (...) "Dans les sanatoriums, où l'on meurt si volontiers et avec tant de reconnaissance à l'égard des médecins et des infirmières, on meurt d'une des morts organisées par l'établissement." (...) "On savait autrefois (ou peut-être le pressentait-on) qu'on contenait la mort à l'intérieur de soi-même, comme un fruit son noyau. (...) On possédait sa mort et cela conférait à chacun une singulière dignité et une paisible fierté." Rilke, Oeuvres en prose, La Pléiade, pp. 438-39. On suivra aussi ce traitement de la mort "industrielle" dans le roman de Ernst Jünger, "Le problème d'Aladin". 
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13 - Martin Heidegger, Unterwegs zur Sprache, Traduction, Acheminements vers la Parole, p.45. retour 

14 - In revue Christus n° 155 Guérir. Une conquête ou un don. >
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15 - La "pensée positive" ( révision de la méthode Coué) paralyse la dynamique des Oppositions , des contraires. En ne voyant que le côté "positif" des choses, elle fait obstacle à la Liberté Destinale et devient créatrice de "stress". >
Notons que le "stress" , dont on fait grand usage dans la presse n'a aucune identité pathologique propre sinon d'être une manière de refuser, de fuir l'Angoisse plus constructive ou un Désespoir plus mortel ... Le Stress doit être compris à partir de la chaîne de "productivité", son rendement et de cet Ennui plus essentiel qui les soutient. 
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16 - Gisela Pankow, L'homme et son espace vécu, Éditions Aubier, Paris, 1968,  ">La règle du jeu ...,c'est tricher" ibid., p.163-64. Réflexion qui se comprend à partir des pp. 131sq : "...à notre époque, dans les relations interhumaines et tout spécialement dans l'accès au pouvoir , il n'est plus question de respecter l'autre, mais de le dominer. A la place d'une loi de communication qui pourrait donner accès à la liberté de l'autre, on a développé une forme arbitraire de la loi qui s'appelle la règle du jeu. (...) Le monde contemporain est avant tout un univers de manipulation, où la spontanéité devient l'ennemi numéro un. Fini le respect, finie la liberté : vive la manipulation dont résulte "l'homme-chose", véritable marionnette, prêt à tout moment à être tenu en mains ! (...) une schizophrénisation de l'homme moderne... etc." 
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17 – A) La Daseinanalyse renvoie aux travaux fondateurs de Binswanger, heureuse rencontre la phénoménologie et d'une psychiatrie libérée d'un Freud "naturaliste" et d'une manière plus circonspecte aux travaux de Medard Boss, psychiatre ami de Martin Heidegger (C.F. les Zollikoner Seminare). 
         B) - La méthode de structuration dynamique de l'image corporelle revient à l'un des plus grand psychiatres et analystes français, Gilesa Pankow, auteur entre autre d'un ouvrage incontournable, "L'homme et sa psychose" (Aubier, 1969). 
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18 - Des représentations qui se situeront donc dans cette pratique de la Barbarie définie par Michel Henry où la "science" se persuade que la rigueur d'une formule assure en même temps la beauté d'une image scientifique et surtout que cette très éventuelle beauté n'est pas le produit d'un jugement esthétique (après coup, en plus) mais inhérente à l'objet scientifique représenté ! Pourtant si certains retrouvent dans la Rosace de Notre Dame la diatomée vue au microscope ce n'est pourtant pas pour autant que cette Rosace trouve à la fois sa "vérité" et sa "beauté" dans le microscope ou que la Rosace est une "pré-science" de cette diatomée. C.F. Michel Henry, La Barbarie. 
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