CHAPITRE II / III 
La Cartographie manquée & l'histoire "bouclée"(a double headed chapter) 

 

 [130] [131]
2.0 - LA DECEPTION ouvre, rend possible la quête. Sa répétition (triplication) la rend nécessaire, son objet manquant alors douloureusement : 
"Three times Randolph Carter dreamed of the marvellous city and three times was he snatched away..." 
(...)
(...) Carter resolved to go with bold entreaty..." 

SUDDENLY AN UNCONQUERABLE URGE TO WRITE / TO SEARCH CAME OVER HIM ; the maddening need to place again what once had been an awesome and momentous place". 

Mais pour trouver la Merveilleuse Cité du Couchant il doit se rendre à Kadath "to find the gods on Kadath (a') and to win from them the sight and remembrance and shelter the Marvellous Sunset City (a)". Mais il apprendra de la bouche du messager des Autres Dieux que sa "gold and marble city of wonder is only the sum of what he has seen and loved in youth". 

[132] 3.0- De la DECEPTION ( 2.0) s'ouvre l'accès à d'autres contes, d'autres légendes ou mythes du moins si nous croyons depuis Propp, avec Greimas, avec Levi-Strauss que la structure d'un texte se détermine de ce qui se répète d'une variante à une autre selon un découpage en "fonctions" et sans tenir compte des différences autrement que comme "restes". Sans cette croyance en une structure-norme elle n'ouvre que sur elle-même dans le champ de cette Dream-Quest et ce en tant qu'elle ne concerne pas uniquement un sujet Lovecraft mais aussi les opérations d'un sigle: H.P.L. Si donc, après coup nécessairement Pour justifier ce qui classe et répertorie, la Dream-Quest se retrouve participer du merveilleux ou du fantastique se met à raire du Genre, cela est un geste nécessaire certes mais insuffisant pour soutenir sa différence elle doit persister auprès de ce qui commun n'est que norme -et finalement rien d'essentiel -ou elle ne peut plus échapper à la folie. Elle demeure néanmoins "déçue' .

Si Lovecraft hante de sa lecture d'autres contes, laisse accéder des citations des réminiscences c'est par déception. La déception révèle la situation ouvre ce monde que le lire/écrire lovecraftien porte à la page, propage.

[133] (2) II. 2.1 Un mouvement de descente entame 1e retrait du corps-réel en corps-rêvant - waking-body / dreaming-body. Carter dans un léger sommeil descend les 70 marches pour s'émarger progressivement du waking world où rien ne peut, du moins apparemment, se donner de la M.S.C. Les marches, ici une série de marches (steps) désigné par FLIGHT qui est aussi "act or manner of passing through the air : distance flown. : a sally (of wit, ambition) a flock " of birds flying together : the birds produced in the same season : a volley (of arrows) : a unit in the Air Force answering to a platoon in the army. adj FLIGHTLY, fanciful, changeable : giddy). FLIGHT, flit,n. an act of fleeing. {Assumed O.E. flyht, fléon, to flee).

Ici c'est-à-dire en proximité au-dessus de la M.S.C. qui est le lieu, l'enveloppe propre du 'retrait', la 'retraite'. Car ici pour descendre il ne s'agit que d'emboîter le pas (step) .. les marches (steps) d'entrer dans la danse qui est 'fuite' et 'vol -envol' C'est en s'envolant qu'il atteindra Kadath. D'un mouvement de pas, descendant les marches, progressivement le Corps se clive, se détache, se dédouble. Un corps veillant étendu, un corps clinique qui demeure et un corps qui vaque à d'autres occupations dans les ~erres ( du) rêve, s'érige. Ces premiers pas débouchent dans une Caverne, la caverne de la flamme. Cette caverne recueille sa parole, la paro1e de son dessein; quester afin de se retraire dans la retraite. Ceux qui recueillent 1a parole dans le creux de la caverne de la Flamme {the bearded priests) sont les Gardiens du Seuil - Door-step.

[134] 2.2 A une première descente répond une seconde descente approfondissante "he boldly descended the seven hundred steps of the Gate of Deeper Slumber and set out the Enchanted Wood qui conduit à l'aurée de t.2 investissant p1us encore le corps(de)rêve. Une traversée s'entame à travers ce bois tordu où 1a végétation touffue, serrée, construit un tunne1 sombre, marqué deçi-de1à par que1ques points 1umineux ; 1a phosphorescence d'étranges champignons. Toute vie s'y tapit, furtive, secrète, réservée et cachottière, ambiguë. Le bois touche en effet par deux points indicib1es au monde de l'éveil, à la terre des hommes, mais se trouve aussi re1ié par une trappe au monde souterrain du rêve. C'est , par cette trappe que Carter échappe à l'abîme et peut rejoindre par t.13, t.14, Ce1ephais (t.15) dont l'existence lui a été révélée, d'ai11eurs, jadis par les habitants du bois; 1es Zoogs. En transit le 1ong de 1a rushing Skai, un Paysage humain se dérou1e, le seu1 peut être de toute 1a quête ; "Over ferti1e p1ains rolling down to the Skai, he saw the smoke of cottage chimneys, and on every hand were the hedges and ploughed fields and thatched roofs of a peaceful land" 
Paysage humain, non pierreux, non marqué de ruines. Ainsi s'écou1e ca1me : un transite t.2 => t.3 => t.4 notons cependant un pont, across the Skai, qui en sa pièce centra1e, imbrique dans sa parfaite harmonie de pont une "noire c1ef de voûte: ' the masons 'hands sea1ed sealed a human sacrifice when they bui1t it thirteen hundred years before" Ni descente, ni escalade, ni difficulté, une simple marché le long de.. On découvre Ulthar (t.4) et de but en blanc nous sommes déjà ailleurs. Au moins dans l'ailleurs de la parole d'Atal saouler de vin de lune par Carter. Atal, patriarche d'Ulthar domine de sa "venerable circular tower of ivied stone" la ville mais il domine surtout par ses exploits de jadis. Il est celui "who had been up the forbidden peak of Hatheg-Kla in the stony desert and had come alive" investi de son prestige, il participe nécessairement à la vérité, il sait quelque chose de valable pour la quête de Carter.

[135] La vérité que la parole rampante, Nyarlathotep ne pourra faire entendre à Carter est ici tout autant "retenue" comme Atal est contenu, anagramme, dans le nom épelé de "Nyarlathotep, A-LAT retourné donne ATAL. Atal remet en place Carter, car probablement dit-il "the place belonged to his especial dream world and not to the general land of vision that many know and conceivably it might be on another planet..."

Puis il glisse dans l'ivresse de l'information, sans doute pour que la quête ai au moins lieu dans le semblant, installe Carter dans la quête seconde, la quête de a'. Il donne des informations sur un visage sculpté dans le roc, à même le solide, Ngranek (t.8) dans l'Ile d'Oriab. Ce visage sculpté est celui des dieux-mêmes. Il en rassemble les traits les plus caractéristiques, les "sure signs of the authentic race of god". 
Et comme ; "It is known that in disguise the younger among the Great Ones often espouse the daughters of men, so that around the borders of the cold waste wherein stands Kadath the peasants must all bear their blood. This being so, the way to find that waste must be to see the stone face on Ngranek and mark the features then having noted them with care, to search for such features among living men where they are plainest and thickest, there must the gods dwell nearest ; and whatever stony waste back of the villages in that place must be that where stands Kadath" Dream Ouest. Carter reconnaîtra t.16 (Inquanok). Pour l'instant il n'en sait rien. Atal se perd. Il ne sait qu'indiquer Dylath-Leen (t.5). /

2.5.1. Eléments pour une carte: t.4 => r.1 - r.2 => t.5 "In the morning Carter joined a caravan of merchants bound for Dylath-Leen (t.5) with the spun wool (r.1) o1-Ulthar (T.4)the cabbages (r.2) of Ulthar's busy farms"

[136] 2.5.2- Dylath-Leen. "which is built mostly of basalt. Dylath-Leen with its thin angu1ar towers looks in the distance like a bit of the Giant's Causeway, and its streets are dark and uninviting. There are many dismal sea-taverns near a myriad wharves, and all the town is thronged with the strange seamen of every land on earth and of a few which are said to be not on earth". 
Lieu de commerce où se surprend l'ombre d'un étrange marchand aux yeux torves, obliques, le père voyageur de commerce trafiquant avec l'image du/des père(s). Lieu malsain. Bas-fond. Comme si on ne le savait pas déjà. Atal nous le disait ; "There is a great city, Dylath-Leen, but its reputation is bad because of the black three-banked galleys that sail to it with rubies from no clearly named shore. The traders that come from those galleys to deal with the jewllers are human, or nearly so, but the rowers are never beheld..." Dream Quest. Alors, cela va de soi ; "THE BLACK GALLEY SLIPPED INTO THE HARBOUR past the basalt wall and the tall lighthouse, silent and alien, and with a strange stench that the south wind drove into the town. Uneasiness rustled through the taverns along that waterfront and after a while the dark wide-mouthed merchants with humped turbans and short feet clumped stealthily ashore to seek the bazaars of the jewellers" Dream Quest.. Ce sera dans cette ambiance sombre, de roches volcaniques, de basaltes (noires, parfois bleutées, parfois encore en coulées prismatiques) que se tramera donc la rencontre de Car-ter et des sinistres marchands, les dealers de deal-ath Leen. Basalte, volcan, comme sur l'île de Baharna, comme la pierre où s'inscrit l'image du dieu. Des volcans, des terres volcaniques où aucune éruption cependant n'a lieu, le calme froid de l'endormissement est partout établi. Ce ne sera pas lave en fusion, mais prétrification. Pris dans l'oblicité du regard du "slant-eyed-merchant", pris au lien qui lie ce marchand au grand-prêtre masqué, pris dans les regards des sinistres dealers enturbanés, la noire puanteur, la noirceur des trirèmes, leur équipage d'esclaves noirs de Parg, renchérissant, il ne, peut s'agir maintenant que d'un trafic dont Carter sera la victime toute trouvée. Un enlèvement. Une péripétie, un noeud, qui ne fait que nouer avec la menace constante de l'irruption de l'Autre, de l'Extériorité.

[137] 2.6- La trajectoire de l'enlèvement, le mouvement entre t.5 et t.6,les déplacements sont plus importants que le lieu-même t.6 (la face cachée de la lune). Il s'agit d'abord d'un commerce; it was not fair to the tavern-keepers of Dylath-Leèn (.t5), or to the grocers and butchers, either ; for not a scrap of provisions was ever sent aboard. The merchants took only gold and stout black slaves from Parg across the river... never anything from the butchers or grocers, but only gold (r.4) and the fat black men of Parg (r.3) whom they bought by the pound 'Dylath-Leen would never have tolerated the black galleys had such rubies (r.5) been obtainable elsewhere, but no mine in all earth's dreamland was known to produce their like'  

t.5 =>.r 3 => r4 => r.5 => t.6

Cependant la trajectoire semblerait plus complexe t6 n'étant en fait qu'un relais et t19 (Island of unwholesome secrets), de même que par la présence d'un arbre de lune en t.2 ainsi que le rapport du slant-eyed merchant avec ces galères par [138] grand-prêtre masqué interposé, il faudrait lire : 

t.2  <=> t.6 <=> t.17 - t.19  
t.5 <=> 

Mais cela est suffisant pour mettre en place Dylath-Leen sur la carte comme une plaque tournante, un port commercial, un point de convergence entre inner/outer world. Une plaque tournante, et un 'tour' ( lathe ) qui s'inscrit en point d'appui (to lean) en inclinaison (lean). Un clin d'oeil, ou des yeux torves d'un sinistre voyageur de commerce, d'un re-père, donc; un dealer. Le 'deal' est un point d'appui, le tour du récit. Ce sans quoi HP LOVECRAFT aura beaucoup de mal à nous en conter. Dylath-Leen doit se lire; deal-lathe-lean. Ce qui lie précisémen1 notre schéma, et toutes les liaisons que l'on voit s'y tramer. Tout le récit vient, de son jeu, de sa dyade inner/outer world se jouer. On pourrait prendre comme départ de lecture ce topos. Nous en partirons, ici,.pour une nouvelle étape Baharna sur l'Isle of Oriab . L'enlèvement passera inaperçu . 
2.7. Laissons donc dylath-leen, configuration multiple dans une malédiction. Et prenons cette embarcation (craft) tant attendue pour Baharna. "In about a week the desiderate ship put in by the black wale and tall lighthouse, and Carter was glad to see that she was a barque of wholesome men, with painted sides and yellow lateen sails and a grey captain in silken robes" Les couleurs contrastent. Le contraste est grand. Les raisons qui conduisent le bateau à Dylath-Leen sont précises et sans tâches ; [139]."Her cargo was the fragrant resin of Oriab's inner groves ( r .6 ) , and the delicate pottery baked by the artists of Baharna (r.7), and the strange figures carved front Ngranek' ancient lava (r.8). For this they were paid in the wool of Ulthar (r.1) and the iridescent textiles of Hatheg (r.9) and the ivory that the black men carved across the river in Parg (r.3b)" (Dream-Quest, p 173) 

t.5 <= r.6 - 7 - 8 <= t.7 => r.1 - 9 - 3b

Parg est un lieu, et les "black men" des producteurs d'ivoire sculpté. The Wool of Ulthar, inscrit un rapport indirect avec t .4. Parg ou Park. 'g' un adoucissement de 'k'. Les noirs, les africains parqués, dans un repli des terres du rêve, de l'Amérique rêvée de LOVECRAFT. Parg où il ne s'aventure pas. Il Carter, Il, Lovecraft. 
Il suffit de savoir que ça. existe. Nous pourrions dépister, quelques' ambiguïtés quant au racisme de Lovecraft. Racisme sournois, en fait malgré des pages où se délectent les commentateurs qui mettent en avant une certaine cruauté ...De ce parcours, en fait de lettre de k (refoulé) et de g (manifesté), nous pourrions tirer beaucoup plus d'enseignements. Entre le 'K' de Kadath et les douceurs des multiples Marvellous Sunset City... entendre un racisme qui touche au plus près LOVECRAFT qui le presse dans la question de ses origines, la question de la tare (la syphilis du père ?) Racisme, fresque de racismes, où il faudrait pouvoir entendre le propre 'corps' (fantasmé) de celui qui se fait LOVECRAFT pour nous qui lisant, lisons, un nom, un auteur...Un auteur ENTRE le culte du celte où il se délecte des ravissements du 'moi idéal et les tortures du corps fabriqué par la mère (du corps pour la mère) le corps amère.

[140] Sur le "k" de Kadath bute la parole de l'Un-Père à la fois idéal et impair, sur le "g" se greffe la captation imaginaire, le rapport au sein à la matrice, l'avant (sans) (avec) (l'origine) de la naissance. Rien à voir avec la mère réelle. Plus rien à voir avec la famille et ses problèmes " causes " de toutes choses. "K" où les black men sont parqués, sont enchaînés comme à Kadath "Out of the thinning mist and the cloud of strange incense: filed twin columns of giant black slaves with loin-cloths of iridescent silk... Armlets and anklets of gold they had, and between each pair of anklets stretched a golden chain that held its wearer to sober gait" "G" où ils se délient de leurs chaînes pour être africains en Afrique, de bons travailleurs d'ivoire ... Ainsi, par cette simple opposition de consonnes nous aurions encore à tout dire. Tout se rassemble. Comme déjà tout est dit, tout est à dire en même temps se disperse, se dissémine. C'est ainsi avec LOVECRAFT, c'est peut-être ainsi avec d'autres, avec chacun d'entre nous, mais la science qui fabrique la 1littérature' en champ spécifique ne veut pas reconnaître la beauté rigoureuse de l'insistance du Même,insistera sur la répétition du semblable. Avec elle, nous en resterons au schéma des commerces (de t.6, t.7, t.4) qui font de t.5 un port des plus importants de la terre du rêve.

[141] 2.7.2. A Baharna Carter n'apprend pas grand chose; "Here he laid his plans for the ascent of Ngranek and correlated all that he had learned from the lava gatherers about the roads thither" "At last.. . by Yath's shore for those inland parts wherein towers stony Ngranek. On his right were rolling hills and pleasant orchards and neat little stone farmhouses, and be was much reminded of those fertile fields that flank the Skai" Dream-Quest. 
Notons "and he was much reminded" qui indique une proximité entre Baharna, Nir, et Ulthar (proximité non pas "métrique" mais signifiante). Baharna s'inscrit donc ainsi dans la chaîne des topoi que l'on pourrait qualifier de positifs. Cependant positive ne veut pas dire que son "outre-bord" ne soit pas menaçant, n'oublions pas que tout le texte-Lovecraft est percé de "trous", de menaces. Le simple tunnel, et l'évocation d'une cité en ruine dont le nom n'est plus connu, n'est pas "remembré" suffit à laisser planer un "doute" dans Baharna la cité qui lui souhaite la bienvenue. Plus le sujet-héros s'éloigne cependant de Baharna par les chemins tracés par les "ramasseurs de lave", plus les aventures se multiplient dans une terre de plus en plus dévastée. Cette même progression du "desertique" et de l'aventureux se retrouvera plus tard entre Inquanok (t.16) et le plateau de Leng (t.17).Lorsque Carter atteint t.8, qu'il contemple la montagne sacrée des terres du rêve, soit prend connaissance du "statut" du ou des dieu(x), il vacille aussitôt dans un autre monde, un desert inhumain. Il doit faire face à l'ordre du monstrueux (Cf. infra, La griffe monstrueuse).

2.8.Contemplation de la face d'un dieu ou le versant caché de la montagne.

[142] "Stern and terrible shone the face that the sunset lit with fire. How vast it was no mind can ever measure, but Carter knew at once that man could never have fashioned it. It was a god chiselled by the hands of the gods" Lisons donc avec "easiness","craftily" l'image ciselée du père idéal et l'image désespèrante d'un père dé-pèré. L'image est double et rien ne nous permet de choisir pour l'un des tranchants. Pour le récit elle sera la description de la physionomie du ou des dieu(x): "long narrow eyes and long lobed ears, thin nose and pointed chin" Mais encore ces traits ne manqueront guère plus la description annexe de HPL lui-même en tant qu'Outsider (Cf. T.21e surprenant son autre visage dans le miroir terni...). Mais paradoxalement (en double)l'idéal teutonique sera seulement monstrer. Le dieu doit s'imposer vengeur, forcer non le respect mais la terreur. Il pétrifie (ce Dieu est toujours une Gorgone). Nous le découvrons, regardant vers le bas, dominant et imprévisible à forcer la "reconnaissance" sur fond d'un paysage de volcans éteints, d'une grande aridité… Il reste une image captatrice, à peine un dieu toujours impair, monolithique : "for there is in a god's face more of marvel than prediction can tell and when that face is vaster than a great temple and seen looking downward at sunset in the cryptic silences of that upper world from whose dark lava it was divinely hewn of old, the marvel is so strong that none may escape it" 
Aussi Carter ne peut-il rien apprendre. Il ne progresse pas. Il doit reconnaître finalement la banalité quotidienne d'un tel visage, d'une telle figure "certainly, the great face carven on that mountain was of no strange sort, but the kin of such as he had seen often in the tavern of the seaport Celephais". Il sera toujours déjà à Celephais en entête. Malgré les embûches purement formelles (il faut bien pour semblance

[143] de récit qu'il y ait autre chose que la simple fragmentation, qu'impose la distance entre a et a' ) suivant le texte aux toponymes, aux noms propres, à la résonance nous serons toujours au même endroit dans cet entre entêtant quand bien même nous serions encore ailleurs (par exemple à Ultharà Baharna ou encore ici au Ngranek). Ailleurs...en train de se refaire un plan, le corriger sous le regard du (dé)père pour ne pas progresser vers le sens de Celephais ,y être "bouclé" So to Celephais he must go, far distant from the isle of Oriab (t.7,t.8...) and in such parts as would take him back to Dylath-Leen (t.5) and up the Skai to the bridge by Nir (t.3), and again into the enchanted wood (t.2), whence the way would bend northward through the garden lands by Oukranos to the gilded spires of Thran (t.14), where he might find a galleon bound over the Cerenarian sea" .Dream-Quest. Resistance formelle supplémentaire, notre sujet-héros est soudainement ravi.

2.9 Par les Night-gaunts (Cf. infra, La Griffe). Ce qui nous dispense en fait d'un enlèvement par les Other Gods et qui permettra en fait à Carter de se retrouver en t.2 sans avoir à repasser par t.5. Il est déposé en t.9 à la merci des DHOLES (Ibid.)

2.10.Secouru par les Vampires et en particulier par un certain Pickmann dont qu'il a connu en T.26c.

2.11 2.12. pris entre Gugs et Ghasts, pris entre les monstres souterrains et leurs combats infernaux Carter déguisé en vampire leur échappe de justesse par cette trappe déjà relevée, et qui débouche sur t.2. Pour Carter la route est toute tracée. Pour ses amis les vampires il en va autrement, leur territoire de sécurité est plus restreint

[144] "to return through 'the tower, they no longer dared and the walking world did not appeal to them when they learned that they must pass the priests Nasht and 'Kaman-Thah in the cavern of flame (t.1). So at length they decided to return through Sarkomand (t.18) and its gate of the abyss, though of how to get there they knew nothing. Carter recalled that it lies in the valley below Leng (t.17) , and recalled likewise that he bad seen in Dylath-Leen (t.5) a sinister, slant-eyed merchant reputed to trade on Leng, therefore he advised the ghouls to seek out Dylath-Leen, crossing the fields to Nir and the Skai ( t .3 ) and following the river to its mouth. This they at once resolved to do" 
Carter les retrouvera enchaînés à Sarkomand. En attendant il se met en route pour t.15 mais d'abord il va régler un conflit entre les chats (d'Ulthar, t.4) et les Zoogs (de t.2) et ce tout naturellement au profit des chats .Après quoi comme entre t.2 et t.4 il suivait la chantante rivière Skai il suit maintenant le cours chantant d'un fleuve lOukranos (t.2 serait donc pris entre deux cours d'eau). Il marche vers t.13.

2.13 - KIRAN "By noon Carter reached the jasper terraces of Kiran which slope down to the river's edge and bear that temple of loveliness wherein the King of Ilek-Vad comes from his far realm on the twilight sea once a year in a golden palanquin to pray to the god of Oukranos, who sang to him in Youth" Il n'est pas nécessaire de commenter, d'amener des preuves pour entendre derrière Ilek-Vad, Kiran, la même histoire que Kuranes, Celephais, que Carter, Marvellous Sunset City ... C'est toujours la même histoire, inlassablement la quête malade et maladive d'une enfance toujours-déjà perdue qui n'a même pas eu lieu qui n'aura même pas (ou plus) lieu sur les pages. Car les pages sont parcourues, dévorées (menacées de l'être) par le monstre. Toujours la même histoire, une histoire qui nia pas le temps de penser, une histoire préoccupée par et pour elle-même ; désespérante. Notons : t.2 => t.13. Notons encore un parcours sans détour, ni embûche : t.2 => t.13 => t.14 en suivant calmement la rivière Oukranos.

[145] 2.14- THRAN (t.14);1'embarquement pour Celephais Toward evening he mounted a low grassy rise and saw before him- flaming in the sunset (notons, retenons encore et toujours ce coucher du soleil qui met entre parenthèse, pour le texte-Lovecarft, tout Orient salvateur : a rising) … the thousand gilded spires of Thran". Un seul incident, qui est plutôt le marquage symbolique d'une étape toujours singeant une "quête" "Down through this verdant larnd Carter walked at evening, and saw twilight float up from the river to the marvellous golden spires of Thran (t.14). And Just at the hour of dusk he came to the southern gate, and was stopped by a red-robed sentry till he had told three dreams beyond belief, and proved himself a dreamer worthy to walk up Thran's steep mysterious streets. .." Un incident de rien, une fausse épreuve d'où il est enfin possible de s'embarquer pour t.15. There he bought his passage to Celephais on a great green galleon, and there he stopped for a night after speaking gravely to the venerable cat of that inn. (…) In the morning Carter boarded the galleon bound for Celephais, and sat in the prow as the ropes were cast off and the long sail down to the Cerenerian Sea begun" Dream-Quest

Le "voyage" est à rapprocher, outre de celui qui sépare Dylath-Leen (t.5) de Baharna (t.7) et donc à opposer de t.5 - t.6 -plus nettement encore de celui qui se poursuit tout au long de la nouvelle, intitulée "The white Ship" (T.19d)

3.5.6. Comme à l'habitude Carter discute de sa "quête" (re-quê-te) et, des paysages de rêves se déploient en toile de fond ; "Late in the day the galleon reached those bends of the river which traverse the perfumed jungles of Kled! Dream-Quest -

Les "jungles de Kled" constituent encore l'un de ces lieux du rêve où la "menace" pèse, conduit : (K)led = led-lead. "Once a look-out reported fires on the hills (les mêmes feux, sans doute, que ceux que Carter remarque sur le plateau de Leng (t.17) ou qui se trouvent à éclairer, flammes vertes, le tréfonds du Festival(T.23a)...) to -the east, but the sleepy captain said they had better not be looked at too much, since it was highly uncertain just who or ; what had lit them" Dream-Quest.

[146] Menace passagère, simple surprise. Après la traversée de la jungle de Kled le matin découvre Hlanith;

"... In the morning the river bad broadened out greatly, and Carter saw by the houses along the banks that they were close to the vast trading city of Hlanith on the Cerenerian Sea." Hlanith (partage avec Dylath-Leen un certain nombre de "lettres" dont "Lath" , "latte" qui donne le verbe to lath , "latter" et qui laisse entendre le "tour" (lathe). La cité de Hlanith "is prized for the solid work of its artisans" est cependant une halte intermédiaire (t.14') et "sereine". Halte réglée selon la logique du "trade" du "commerce" (qui énonce et fait "récit". On y fait commerce tant de marchandises que de parole (cette logique est implacable). Ancient sailors in those taverns talked much of distant ports, and told many stories of the curious men from twilight Inquanok (t.16) MEN OF INQUANOK ( la race des dieux) : "Long narrow eyes and long-lobed ears, and thin nose and pointed chin" (…) Then at last, after much unloading and loading, the ship set sail once more over the sunset-sea" Notons "Cerenerian Sea", traduit ici,sans commentaire, par mer sereine, réécrit en "sunset sea" '.Ajoutons proche de "sunset" le mot "twilight" toujours collé à Inquanok -en insistant sur le "twi" le "tween", le , "two", qui donne à "light" le sens/non d'une double lumière mais d'une lumière "entre " deux be-tween. Ne perdons pas de vue, l'entre. Ne perdons pas de vue l'entre qui divise sans être le deux, ainsi que l'insistance du "sunset" . A mesure que nous avançons dans la quête nous allons de plus en plus vers l'ombre, vers la nuit ou plus exactement, entre nuit-jour. Un clair-obscur qui teinte tout le "paysage" lovecraftien. Ce clair-obscur est le "nord" vers quoi tend, tout le texte, vers Kadath

 
 

[147] A Celephais trouverons, le Soleil au couchant "Two nights and two days the galleon sailed over the Cerenerian Sea, sighting no land and speakinng to but one other vessel. Then near sunset of the second day there loomed up ahead the snowy peak of Aran with its gingko-trees swaying on the lower slope, and Carter knew that they were come to the land of Ooth Nargai and !he marvellous city of Celephais "

2.15- Celephais; l'entête. Celephai, de partout, où "il" aborde est aussi une "marvellous city" non pas la "marvellous sunset city", mais une cité 'Imerveilleuse qui se rencontre "near sunset" dans les couleurs du soleil couchant. Cette proximité indiquée par "marvellous city" et "sunset" montre très nettement la place de Celephais dans la Dream-Quest. Celephais est la "marvellous city" d'un autre (ou de l'autre). Celephais constitue en cela l'image (ou la "copie") de ce qui est l' archétype; the marvellous sunset city. Celephais en tant que "copie" est attengible, mais aussi un "ratage". Car si elle est bien la "somme de ce que Kuranes aima et rêva dans son enfance" elle rend en même temps impossible le retour de cette enfance même. "Marvellous city" de l'autre (autre qui doit être saisi dans une image speculaire ; Kuranes = Carter = Lovecraft) et manque "de" et/ou "dans" l'autre. Celephais figure aussi l'impossibilité de Carter- comme de tous sujet-héros lovecraftien - de trouver un sol propre : désirant être replacé (placed again) il ne peut trouver une place ("place"), il est toujours déplacé. A partir de t.15 les autres topoi s'annulent. Celephais est ce vers quoi la quête s'entête, va vers sa déception, t.16 sera un autre t.3 ou t.4,un autre t.7 Déjà un peu plus froid t.17 sera une autre face cachée de la lune (t.6) et s'épuisera en t.19

[148] t.18 sera le cadavre "the corpse like city" de ce qui fut, comme Sarnath, une Cité Merveilleuse, une variante de Celephais. 
Des lieux où nous sommes "in that passive and exhausted frame of mind when we only wish to rejoin the body of our mother from whom we have been severed. All else is distasteful, forced and fatiguing" V. Woolf, The Waves. 

De ce point de Déception 2.16 - 19 se confondent en un seul topos t.15. 

[149] 3.1.1- Si le "waking body" est allongé, replié ou attablé (pour écrire) le "dreaming body" s'érige et descend -aux enfers. Lovecraft devient Carter, ou tout autre "pseudonyme" en-rêvable ) et est entrepris (a priori rien d'héroïque) par un déplacement; il perd sa cité (une femme néanmoins dira un Freud qui ne voudrait pas être trompé par sa théorie -encore une femme, mais là un autre Freud, sérieux, se défile). Carter n'a pas perdu son Eurydice mais sa cité merveilleuse. Une cité qui n'a rien d'un idéal, rien d'une "polis".Il ne fait pas de politique. Il désire seulement retrouver la cité merveilleuse de son enfance et peut-être l'enfance-même. Sa descente (2.1) n'est pas celle du Dante qui progressivement de la "caverne" où il est descendu remonte vers le lieu des Idées pour contempler finalement l'Amour Pure, la possibilité d'existence du monde (de l'étant dans son ensemble). Comme Orphée les fins de Carter sont égoïstes, ne se soucient guère du monde. Aussi est-il voué au même échec, du moins à une cuisante déception. Toute possibilité de (recommencer une) quête sera annulée. On ne peut pas ramener le passé (qui plus est un choix de passé). Ce passé est temps perdu ou absence brute comme l'est le futur. Il échoue parce qu'il perd son présent. Parce qu'il perd son présent, il est pris à deux espaces imbriqués. L'espace "trou" Il n'y a pas d'accès à l'entre. L'espace idéal recherché est indéfiniment menacé par l'espace des "autres-dieux". L'entre est tiraillement. 
Avec H. P. L nous restons dans la caverne.

3.1.2 La caverne de la flamme. Cette même caverne disposée sous les fondations de l'Eglise de T.23a (The Festival) ou paradoxalement "cavité creuse" aux confins de l'univers ordonné -hors Cosmos. Les cavernes lovecraftiennes ne sont guère" dépositaires de "trésors. Elles recèlent seulement des démons. Autour d'une flamme nauséeuse des prêtres veillent aux secrets des (Autres)dieux et conduisent d'impropres rites (T.23a). Cavernes, cryptes, couloirs "pulsants" (Cf. le passage entre t.18 et t.19) ce sont des labyrinthes pour se perdre, pour [150] être livré, victime, aux Autres-Dieux.(Cf. 3.1.3). Ce sont eux qui creusent la terre (du rêve ou de la fiction) et le cosmos, érigent d'inquiétants monuments souterrains, engloutis par les océans, les sables, les ravages géologiques voire sculptent l'image "divine" du Ngranek (t.8). T.31a et son village abandonné, ses ruines empois(s)onnées. T31b et son archéologie hyperboréenne figée, gelée prise dans les glaces. T.34a et ses ombres du temps déposées en mirage sur le territoire australien. T.21c et l'innommable cité... et tant d'autres exemples mettant en évidence la charpente minérale du corps textuel lovecraftien, le travail de la matière minérale, brute effectué par des entités amorphes monstrueuses d'une obscène animalité. Jamais la pureté du cristal n'effleure. Il faut que le roc sculpté ou non soit chargé lui aussi d'une lourde hérédité, qu'il porte le poids de la déchéance, l'usure des Autres-Dieux, des monstres.
3.1.3 -Le pays des ruines. Les noms des "monstres" les plus monstrueux Azathoth et Nyarlathotep ont l'abord "égyptien" Nous ouvre le pays des ruines : "qui dans les temps anciens a passé pour absolument merveilleux (...) Ses ruines, l'aboutissement final d'un travail immense, dépassent en fait de gigantesque et d'énorme tout ce qui nous est resté de l'antiquité". Distraitement nous avons cédé la parole aux Leçons sur la Philosophie de l'Histoire qui se signent de Hegel. Nous en prélevons encore l'image du sphinx qui met en relief le double sens par ses deux moitiés l'une animal, l'autre humaine et ce pour eclairer les immenses constructions qui "sont à moitié sous terre et à moitié se dressent au-dessus d'elle dans les airs". La figure "sémiotique", l'axe, règle le texte lovecraftien en régit l'Ecriture.

HAUT vs. BAS Air vs. 
Terre Humain vs. Animal architecture monstre"

[manque 151]  

[152] 3.1.5- Et l'improbabilité d'une grammaire du plaisir. Dans le hiéroglyphe, à l'écriture répond le rêve ou le fantasme. Le sujet y cesse donc de se savoir tel individu déterminé. Il exclue d'une certaine manière les objets(du réel). Dans le rêve la séparation, note Hegel, à qui nous prenons nos commentaires (à qui nous octroyons ici le droit d'être tout commentaire parce que précisement nous y rencontrons tout ce qui aujourd'hui est devenu commun, interprétation commune de toute Rien), la séparation n'existe pas "l'esprit cesse d'être pour soi en face d'autre chose, et d'une manière générale, la séparation de l'extérieur et de l'individuel cesse ainsi à l'égard de l'univers et de l'essence" . Le rêve s'incarne alors dans un paysage, l'Inde, un autre territoire du texte-lovecraftien. Un territoire ou cependant il se risque moins. Il rêve de ruine. Il se maintient en Egypte. Il ne tient pas à rester dans le "pays du désir",le pays toujours conquis jamais conquérant que régit la beauté des femmes et leur grammaire du plaisir. Il ne veut pas un rêve (de) femme. Il souhaite, désire l'inscription d'une cité (d')enfance. En fait un point mort Kad(e)ath (ka une notion égyptienne du double, une manifestation des énergies vitales, créatrice, conservatrice),un lieu où meurt le soleil où il disparaît; une cité du couchant. Un lieu ambiguë à la lisière de deux mondes ; lumière / ténèbres. Un point de délimitation entre l'ordre cosmique et le désordre d'au-delà ou d'en-deça du cosmos où seul est possible d'embarquer pour cette quête, lieu même aménagé par ou pour une quête du hiéroglyphe nommé enfance -enfant. En fait le texte-lovecraftien (s')ouvrirait (sur) l'imaginaire picturale de l'enfance, se lirait comme un dess(e)in d'enfant- le lieu où l'enfant essaye d'échapper au poids de l'enfamillement, le familier, le banalité quotidienne, d'abord pour ne pas s'entendre répété, terrorisé, car incapable de s'approprier à soi-même "pourquoi de l'étant plutôt que rien?" Il trace son territoire. Ce n'est donc pas vers l'essence de la métaphysique que nous sommes, Lovecraft, en chemin. Plus besoin donc de chercher une "inter-textualité dans le corpus philosophique. Nous resterons dans des images. De plus en plus profondément dans la caverne, nous entrerons dans le "bois enchanté" (t.2).

[153] 3.2. On écoutera d'abord le "fluttering language" des "zoogs" ces "animalités" (zoe = vie en grec) cryptiques qui se tapissent dans les creux des arbres, creusent des terriers, vivant dans la quasi-nuit d'une végétation dense, touffue se tordant en forme de tunnel. Langage voletant, frémissant qui trame un étrange rapport avec la "voix flutée de Lovecraft enfant, les divers voix qui bourdonnent, crissent, grincent ou affluent dans toute la masse du texte-Lovecraft jusqu'aux jeux de flûtes aux indicibles succions, ponctions, effectuées sur des flûtes par les "Choses- Crapaud" (Toad-Things) rencontrées en t.6, t.17, t.19 et en bien d'autres endroits et sous d'autres dénominations : "..and the thin, monotonous whine of accursed flutes" Dream-Quest. " the thin, whining mockery of a feeble flute" The Festival " they spoke by the clicking or scraping of huge paws or claws attached to the end of two of their four limbs" Shadow out of Time. " they whispered at night in the forest with voices like a bee's that tried to be like the voices of men ...but did not seem to have or need any speech of the their own. They talked with their heads, which changed colour in different ways to mean different things" The Whisperer in Darkness. qui nous conduit jusqu'à l'extrême d'une voix qui peut prendre toutes les voix, une voix mimétique : "we have rudimentary vocal organs which, after a slight operation (for surgery is an incredibly expert and everyday thing among them), can roughly duplicate the speech of such types of organism as still use speech" idem.

De ce voletage, de ce "chatter" Carter apprendra l'existence de la cité merveilleuse de Celephais (t.15) mais la route conduira d'abord de Nir (t.3) à Ulthar(t.4)

3.3. Nir. 3.4.Ulthar. Ulthar (t.4) se lit avec The cats of Ulthar (T.2Ob). Ville imaginaire où les chats sont sacrés, ville dépositaire des "inconceivably old Pnakotic manuscripts" Ville doublement importante donc. 3.4.1- Ulthar Pnakotic. Les manuscrits Pnakotic ont été écrits par les "waking men" dans des royaumes boréals oubliés. Ce sont pour l'imaginaire lovecraftien des manuscrits teutoniques; "...the mystical Teuton had come down from the high black [154] boreal forest" Supernatural Horror in Litterature. - Des Manuscrits du rêve. Ils sont (dé)portés dans les terres du rêve "when the hairy cannibal Gnophehs overcame many-templed Olathoe and slew all the heroes of the land of Lomar" Ce qui nous reporte à Polaris, T.18 ou précisément se renversement a lieu par la faute du narrateur, natif de Lomar dont les Jeux s'étaient usés sur l'étude des poussiéreux manuscrits Pnakotics, teutoniques, hyperboréens, aryens, lovecraftiens; Olathoe est une autre Merveilleuse Cité ,une cité de marbre. Nous suivrons Olathoe dans T.21d, T.21f, une explicitation supplémentaire de MSC, en prenant "mar" a "marble" en n'ayant pas peur de gâter ou de gâcher sa beauté en le rapprochant du verbe to "mar" ; gâter, gâcher, déparer, jusqu'au "mare" de' nightmare ; mare, mara, incubus. Créant cette étymologie antiscientifique ;a marred night et en passant par "waste" que l'ancien Français entendait encore dans "gaste", degasté devenu par la suite "gâté". "The cold waste where is Kadath" au plus nordique, Kadath, la boréale, la teutonique la nordique, aux plus froides contrées glaciaires des " Montagnes Hallucinées " Le nord où se déposent les froides écritures (les Pnakotic manuscripts)et la parole stricte sévère et magistrale de Nyarlathotep énoncée entre deux colonnes pour inscrire la relation indéfectible entre écriture et architecture. Figées par le froid, frigorifiées, pétrifiées écriture et parole sont recueillies dans la folie des montagnes de glace -at the mountains of madness . Situer par ici le corps congelé de Cool Air ; "for you see I died that time eighteen years ago…" "I am an outsider, a stranger in this century and among those who are still men. This I have known ever since I stretched out my fingers to the abomination within that great gilded frame ; stretched out my fingers and touched a cold and unyielding surface of polished glass" - The Outsider, écrit, lu, disposé, in a strange, dark place (Cool air que l'on peut saisir dans le second paragraphe de The Outsider, que nous vous laisserons lire. Ce château est aussi Kadath, est aussi la chambre noire où se replie Lovecraft pour lire/écrire où se disposent, se déposent les écritures, les folles écritures, que ce soient les Pnakotic manuscripts ou le Necronomicon ( entre) prises dans ce 'maddening need to place again' désormais entendu :

[155] place again to write - dont on surprend entre quelques lignes les passages pathétiques, les citations de l'arabe fou Abdul Alhazred. Le Necronomicon (dont il n'est plus nécessaire de dire ce que de la "mort" et de la "loi" il partage en se nommant) est inscrit comme livre interdit dangereux, fou et sombre à Arkham, à la bibliothèque de l'université du Miskatonic c'est-à-dire comme un acte manqué, manquement "a missing" catatonique ou catastrophique. Il n'y a nulle part de Necronomicon, de Pnakotic manuscripts puisqu'il n'y a pas plus d'Arkham que de Miskatonic sinon une brèche catastrophique qui s'ouvre tout en étant (aussi) cicatrisation dans ce "maddening" need to place again(qui a lieu au nom de la loi dupée, au nom de la mort, inscrite par l'arabe fou. Il n'y a nulle part de lieu, puisqu'il n'y a pas de présent, que tout s'enrêve, comme si tout était "Bar-do" "a mere embodiment of our own intellect" (pour reprendre ici le leitmotif du Livre des morts tibétain). D'où un sens particulier de l'urgence se fait sentir dans le texte lovecrafien ;trouver à tout prix par le re-trait (l'inscription, l'écrire etc.) la retraite protégeant de ce qui menace, pétrifie. Pour cela il s'assure de la "Gemütlichkeit" des chats d'Ulthar

3.4.2- Ulthar félin. Les chats et tous ces yeux bridés ;les chinois de Chinatown, déjà de la répulsion et encore ce clivage entre les Chats et les chats de Saturne, alliés des Autres Dieux - les yeux bridés de ceux d'Inquanok, ceux de la race des Dieux, les Hyperboréens,les purs mais encore les yeux torves, obliques du marchant qui s'accointe curieusement à Nyarlathotep ... Ici vient comme un sédiment le symbolisme du chat une couche du texte (très hétérogène, oscillant entre les tendances bénéfiques et maléfiques): suivre les chats là la trace, aux cris rassurant homely, friendly cry et a la chaleur qui lèche qui s'enroule etc.

[156] Des fragments (chats) de la Dream Quest ; les pages d'Ulthar, les pages d'une expédition sur la face cachée de la lune, les pages du retour de l'abîme par le Bois Enchanté où les chats ne s'aventurent point.

[L'Egypte ancienne vénérait, sous les traits du chat divin, la déesse Bastet, comme une bienfaitrice et une protectrice de l'homme. Il est souvent représenté, un couteau une patte, tranchant la tête du serpent Apophis, le dragon des ténèbres , qui personnifie les ennemis du Soleil et qui s'efforce de faire chavirer la barque solaire au cours de sa traversée du monde souterrain. Dans la tradition celtique " Cenn Chaitt ", tête de chat' est le surnom de l'usurpateur Cairpre qui, occupant la royauté suprême cause la ruine de l'Irlande. Le chat est parfois conçu comme un serviteur des Enfers; le chat sert à jeter les âmes coupables dans les eaux infernales. Ce sont dans ces 'eaux troubles' les eaux troubles de l'entre, du between qu'il faut saisir le chat, à un vol près, vers la lune secrète : une figure, coupante, tranchante mais aussi tranchée nette. Tel à T.20b / t.4 le chat veille, tel en t.6 il peut être l'allié des Autres-Dieux (ce sont alors les chats de saturne, maîtres des "saturnales"). Rien n'échappe au "double" et à l'ambivalence, en érigeant la loi contre tout acte de violence contre les chats Lovecraft se défend de vouloir parfois égorger l'un d'eux...

3.5/6. trajectoire textuelle d'un enlèvement. Pour décrire le parcours effectué par la trirème noir entre t.5 (Dylath-Leen) et t.6 (la face cachée de la lune)toute une frange d'un autre texte, T.19d (The White Ship) est ramenée presque intacte de telle sorte que ce sont les termes-mêmes de T.19d qui définissent les termes du parcours. Nous en donnerons ce tableau : [157]

 

Dream Quest

 White Ship T.19d
1. ZAK. 
Avec renvoi à t.15
1. ZAR. 
I am Basil Elton, keeper of the North Point light (...) the bearded man (renvoi à t.1) told me ... 
2. THALARION 
... the spires of infamous Thalarion... 
2. THALARION 
3. ZURA  
... the charnel gardens of Zura, land of pleasure unattained... 
3. XURA 
... the land of pleasures unattained... 
4. SONA-NYL  4. SONA-NYL 
5. CATHURIA  5. CATHURIA 
6. A monstruous cataract  6. A monstruous cataract
... Soon to our ears came the distant thunder of falling waters.... wherin the oceans of the world drop down to abysmal nothingness. 
 

Soit nous jette droit au corps monstrueux du texte en son centre "pivotal" ; "there were, in such voyages, incalculable local dangers" - les 11 points de sutures, cf. chapitre III. - qui font de ce corps une étendue "amorphe" "mindless", "voiceless", "blind" ; "It was dark when the galley passed betwixt the Basalt Pillars of the West...". Isolons une fois de plus "basalt" et faisant le tour de ces piliers décelons m'empreinte des Colonnes d'Hercule : colonnes élevées par le Héros à la fin de son voyage en Afrique du Nord, l'Antique Lybie, où il soumit les monstre, lorsqu'il arriva à Tarters (Tanger). Rocher de Ceuta, côté Africain, Rocher de Gibraltar, côté européen coupure entre deux mondes; bassin méditerranéen, atlantique. C'est une frontière de protection "to abysmal nothingness and shoot through the empty space toward other worlds and other stars". 

[158] On signale des colonnes également dites d'Hercule sur les cotes de l'Allemagne, en mer Noire, sur les côtes bretonnes et le long des côtes indiennes. La colonne symboliserait la limite protectrice à ne pas franchir, celle au-delà de laquelle l'homme ne doit pas s'aventurer, le/les dieu(x) n'y exerçant plus ses/leurs pouvoirs. "Outside the Ordered universe where the daemon-sultan Azathoth gnaws hungrily in Chaos (idem) Les piliers de l'Ouest marquent la limite entre le domaine des Dieux de la terre du rêve (ou des rêves de la terre) Great Ones ,celui des Elder Ones, Earth's Gods ...' et des Autres Dieux. Frontière entre l'intérieur et l'extérieur Notons que ces piliers érigés ainsi entre deux espaces de la quête, doivent être lus avec les autres colonnes et colonnades, avec les gardiens des portes, avec les "sphinx-crowned gates" de Sarkomand, doivent être lus, érigés ou rompus, coupés en ruine, tout le corps textuel lovecraftien, soit connue des obélisques (entre' l'architecture et la sculPture} soit comme colonnes phalliques et ce dans tout le pierreux, le géologique et l'archéologique; le culte de la Pierre. Derrière ces piliers est ce qui grogne, dévore, est sans esprit, sans voix, tout simplement les dieux Autres de l'Outre - outrés - bord, lieu de toute crue possible et de tout débordement, fente à travers quoi passe l'inconscient ... Où le voyage s'arrête pour se ronder, le pas se laisser absorber par l'errance aussi "...that offensive galley did not aim as far as Carter had feared, for soon he saw that the helmsman was steering a course directly for the moon (t.6)". Sur la face cachée de l'astre où la trirème alunit l'anecdotique se précipite comme plus tard en t.19 mais le sens s'arrête. Nul glissement d'un texte à l'autre. Une simple suspension.

3.5/7- De Deal-1athe-Ieen à Ba(ha)rn(a). C'est un voyage de 10 jours parfaitement règ1é par le commerce, une route martitime de cargo. Sur le parcours on rencontre de "pleasant fishing towns" mais encore, pour ne pas oublier les incalculables dangers de la quête, ce sera la menace d'une cité eng1outie,d'une Atlantide possible...Une cité visitée par le sous-marin allemand de T.20:t (The Temple) perdu dans les "fonds délirants".

[159] La figure architecturale centrale du temple sera celle du temple dédié à Dagon (T.17a) témoin maintenant sous les flots d'une imaginaire Atlantis. Le récit de sa (re)découverte, sera livré à la postérité par voie maritime, manuscrit trouvé dans une bouteille, signé de la main d'un certain Karl Heinrich Graf von Altberg-Ehrenstein. "Stein" avec "Berg" (la pierre et la montagne) avec l'ancien (alt) et la valeur, la majesté (ehre) soulignent une fois encore les archéologiques obsessions du texte pierreux, minéral de Lovecraft et la volonté de dureté qu'incarne ici le comte germanique, son septicisme et sa rigueur face à l'absurdité de la situation, de toute l'existence(humaine). Emprisonné dans son sous-marin au fond de l'océan seul survivant, il n'acceptera la "réalité" du mythe qu'à l'extrémité, comme dernier orgasme, sa mort. Chaque événement, chaque rencontre avec une autre réalité est soigneusement expliquée par les dérèglement d'une imagination torturée par les privations tant de nourriture que d'oxygène: "This demoniac laughter which l hear as l write comes only from my own weakening brain " The Temple. "What l have seen cannot be true, and l know that this madness of my own will at most lead only to suffocation when my air is gone. The light in the temple is a sheer delusion, and l shall die calmly, like a German, in the black and forgotten depths. Ibid.

Cette explicitation met à distance le "mythe" et la "réalité" sépare soigneusement l'imagination de la raison. Elle nous parle plus de H.PL. que d'une quelconque analyse physiologique rationnelle des mythes. Elle nomme en fait le style de Lovecraft. Non pas, et fort heureusement, une aventure littera1re . Son style c'est-à-dire une position avec le langage ou en lui. Le style est position du sujet dans la régulation de la distance de soi au monde. Qu'on y fasse après coup profession, qu'on devienne écrivain est par rapport au style presque accessoire; un autre accès.

[160] Nous prenons sens uniquement en réglant notre distance à l'Etre (des choses) en nous appuyant sur le langage, en nous y engageant. H.P.L s'engage en gardant la distance entre deux attitudes envers le monde mais en étant le jouet de l'une d'elle, malgré lui. Malgré lui il est pris par le débordement imaginaire qui lui impose la croyance en un monde "imaginale" ayant son autonomie propre. Le comte K.H von Altberg-Ehrenstein est en quelque sorte le dispositif, le mécanisme concretisant cette mise à distance. La folie par lesions, par dégénérescence, un dérèglement de la régulation de la distance du sujet au monde et donc le refus d'un dépassement possible de l'opposition sujet/objet engendre le style lovecraftien avec tant d'autres, empêche ce que certains commentateurs ont tentés, une lecture hermétique du corpus lovecraftien. Du même coup il y a ce risque ; HPL ne pourrait plus échapper à des lectures psychologisantes, s'y prêterait d'office (d'officine). 
Les paragraphes 
3.8 = 2.8 
3.9 - 14 = 2.9 - 14. 
Le récit s'annule en t.15 comme II et III s'imbriquent l'un dans l'autre. Se perdent. 

 
 

(3) II / III  

[161] De même que T.20o situe la problématique de l'écriture et ramène t.15 vers l'écriture t.15 mesure la distance. 
3.5/7). Il remet donc le rêve à sa place, situe le territoire authentique, la Heimat de l'écrire en accusant la distance relative séparant Carter de Kuranes. t.15 est déjà le futur de Carter. Sa Marvelous City retrouvée dans la déception de Kuranes à Celephais. Il a raté la pérénité des rivages d'Angleterre. Par ailleurs Kuranes, anglais, est le double de Carter qui né en Nouvelle Angleterre rêve sans cesse de ses aïeux anglais. Pense qu'il aurait lui aussi pu naître anglais. Les territoires du rêve sont donc moins que des réalisations du Désir. Le désir semble y (ré)inscrire l'impossibilité de revivre le passé et donc reconnaître indirectement l'absence de ce passé. La contingence s'affirme. LA CARTE"' des parcours de Carter :

[162 manque] En fait une question de "signature". Il s'agit une fois encore d'expulser le "père" (LOvecraft) qui représente  les moeurs mercantiles d'une Nouvelle Angleterre dont la "mère" (Phillips) incarne la dimension culturelle, bostonienne tournée vers l'Angleterre. 
Il s'agit aussi d'opposer un style dix-huitième (la mère et la patrie idéale : Angleterre) à l'Amérique du père, décadente. Et donc à situer HPL non pas dans le 20ième siècle mais à Arkham / Miskatonic plutôt même qu'à Providence dans le Rhode Island... et dans un espace-temps "purifié" ; la Cité Merveilleuse. 

[163] L'affaire serait donc une réduction progressive, exhaustive du texte à ses composantes psychologiques, sociologiques. Le Tableau donnerait le cadre d'un rabattement. Le mot est souligné, nous voulons y porter une certaine attention. A la chasse les "rabatteurs" ont fonction de rabattre le gibier (en faisant une battue) de telle sorte que ce dernier soit pris dans le champ de tir à fin d'être l'abattu!. Les nombreux "documentalistes" qui se prennent aujourd'hui pour d'authentiques penseurs, se comportent de même, traquant, faisant de nombreuses battues dans le moindre document qui leur tombe sous la main, ils ramènent tous les détails (bétail ou gibier, volaille du texte) dans leur point de vue, celui de tous -le social, l'historique (ajoutant en agitant un peu de la "ique" du biographique, du génétique. Rabattre c'est en effet "ravaler" reporter sur, ramener à, réduire - et surtout rabaisser. C'est ce triste "plaisir" de réduire qui règle depuis nos mai 68, les discours universitaires pour ne plus être désormais réservés à la seule Université, mais étendu jusqu'au moindre intellectuel de bistrot, de métro-dodo-boulot). Réduire à du social, de l'économique et du désirant (qui ne soit pas des-errant)est devenu, la condition ou l'expression d'un impératif devoir-s'exprimer par-delà les lignes desquels la modernité feint de ne plus avoir à entendre, s'autorise à être sourde. Il n'y a pas de transcendant, voilà tout ! Elle est rassurée. Car au-delà de cette trilogie que peut-on bien trouver: un au-delà. Elle bute. - Elle s'y crispe, et scande ; social ! historique ! désirant ! Comme d'autres Co-ca ! co-la ! militairement binaire. Il est temps de cacher son ignorance. Nous la butons sur le cadre, nos deux tableaux. Qu'elle fasse de grandes battues, cette trilogie demeurera pour nous simple bruit. Le simple bruit où se doit accrocher, malgré tout un besoin de reconnaissance par ces tristes contemporains. Le choix d'éviter une folie dont l'apologie reste malgré tout suspecte…

[164] Il va de soi que pour tout lecteur attentif (je suis Lovecraft, ombre derrière lui) nos tableaux s'engagent bien vers l'entre vacillant; écrire entre l'histoire, s'en servir entre autre chose. Signer dans l'histoire, se laisser tracasser par le temps. Le "temps" tracasse le texte-Lovecraft, il l'interroge. C'est par un "coup" de temps (quatrième dimension) que la sorcière joue des tours dans "The Dreams in the Wi tch-House " , par des calculs de "relativité", selon certains angles à quatre dimensions de la pièce de la maison qu'elle peut sortir et entrer à volonté, se jouer de l'invisible au visible et vice et versa. Le Temps fait "ombre" dans "The Shadow out of Time. Fait ombre: il fait tache et faisant tache ombre (d'inquiétude) le texte-lovecraftien- s'ombre "le temps s'espace. Le temps devient "espace" affaire de topologie. 
Le temps est chez Lovecraft une affaire de biaise, de ruse ; to place again dans l'antre de la Mère. To place again, c'est ce que signifie la flèche dans notre schéma du "phantasme" , c'est ce que "contre" (le contre-temps des autres dieux, l'outre-bord la menace orale etc.) notre (a')P qui fait de ce vouloir "replacer", impossible. Le remet à sa place. Le remet à sa place, à la fois là où il surgit (a)M, mais aussi à sa place à lui, place indéterminée puisque c'est celle du "dé-père". D'un bout à l'autre de la flèche le Sujet rencontre l'impossible, ce va-et-vient entre les deux extrémités de sa signature ; HPL Une boucle ? Ecrivons boucle. "LOCK".Prenons cette boucle aux cheveux à la chevelure de l'enfant Lovecraft. N'est-ce pas là une grande affaire d'accès au nom propre lorsque que "weeping bitterly his mother had his hair cut" que voyant tomber les "boucles" d'un même geste définitif "she avoided all physical contact with the small boy and told poeple that he vas ( as "a boy, she wished a girl) ugly" ?

[165] Affaire d'importance car la "boucle" ( de cheveux: lock ) boucle notre HP Lovecraft, le met dans l'impossibilité de rentrer ( où ? Très précisément la question du "place again" ) ou plutôt l'enferme à l'intérieur par la serrure à double tour (double lock) de la signature "Phillips Lovecraft". Cette signature opérant dans notre schéma

(a)m. S => (a' )p 

dont nous faisons la "clef" (destinale) du texte-Iovecraft très strictement. N'est-ce pas alors dans une boucle que le texte-Lovecraft est pris, prisonnier des Pharaons ( allusion, loin d'être gratuite, à une nouvelle "Imprisoned with the Paraohs " , notons l'anglais dit "with" ; avec ) est bouclé ? N' a-t-il pas perdu "la clef d' argent " dans le "cycle Carter" ( The Statement of Randolph Carter. The Dream-Ques of the Unknown Kadath, The Silver Key, Through the Gates of the Silver Key )? N'est-il pas bouclé lui Carter dans la "facette Skauba" ? Histoire de "boucles" (de cheveux; locks ) , de clef(s) et de serrure (lock). Le gete de la mère, geste simple pourtant, de la coupe des boucles "boucle" l'accès à un par-delà la signature. En bouclant sur sa duplicité sans fin elle ouvre une "urgence" irrésistible à déboucler lui-même sans fin; l'écrire , l'écrire, seulement, des Gothic Fictions dans la revue populaire Weird Tales La boucle est bouclée irrémédiablement par cela même, qu'il n'écrira que cela, collera à ce "genre vulgaire". Ce genre vulgaire, Lovecraft, l'aristocrate matérialiste y excelle, y est scellé, ce qui d'un point de vue de l'histoire de la littérature américaine entraînerait pas moins qu'une parenté avec Edgar Allan Poe. Mais Gothic Fiction désignerait seulement en accotement :weird tales, un tour (d'esprit) de la littérature populaire, une sorte de "contes" fait pour être racontée, on non point lus. H.P.L excelle en ce genre qu'il n'inaugure guère. Il le renouvelle et s'y laisse quelque peu dépasser par ses précurseurs ( Beckford, Radcliffe, Maturin etc.) et ses contemporains (en particulier le grand styliste, auteur de Zothique, Clark Ashton Smith) ou successeurs ( Catherine Moore ,Ivloorcock, Zelazny etc) ,tout ce qui ne tient pas particulièrement à la science fiction mais nous parle de sorcelleries, de magie plus noire que blanche, de ces basses gnoses qui prennent d'abord aux tripes provoque un certain bouclage " physiologique " sur soi du monde.

[166] Boucle LOCK (serrure et mèche) c'est par là que nous bouclons la boucle de l'intra-texte à l'inter-texte, vendons la mèche. C'est là que nous arrêtons le "sujet" , que nous le bouclons sur sa quête "sans fin", en anneau toujours à re-placer, toujours déjà perdue, passée, effacée, dépassée, la "Marvellous Sunset City" n'est qu'une "extériorité" de pierre; une ville morte (trouvant sa vérité dans Kadath) .Une ville morte comme est "Sarkomand" ( t .18 ) , une ville maudite comme est Sarnath (notons au passage: SAR(komand) SAR(nath) ) , une ville "copie" du Village de l'enfance , Celephais… Une ville toujours "autre" altérisée, aliénée qui "résiste" en fait à toute prise parce que coincée dans l'anneau de la dualité irréconciliable de la signature; la boucle. que (dé)marquent ces trois voix entendues dans la Dream-Quest. ATAL : "The place belonged to his especial dream world and not to the general land of vision that many know... In this case Earth's gods could not guide him if they would"

KURANES : " At last, he was very certain, the seeker (Carter) would long only for the early remembered scenes ; the glow of Beacon Hill at evening, the tall steeples and winding hill streets of quaint Kingsport, the hoary gambrel roofs of ancient and witch-haunted Arkham and the blessed meads and valleys where stone walls rambled and white farmhouse gables peeped out from bowers of verdure"

NYARLATHOTEP : Cool vales in Concord, cobbled lanes in Portsmouth, twilight -bends of rustic New Hampshire roads where giant elms half hide white farmhouse walls and creaking weel-sweeps Gloucester's salt wharves and Truro's windy willows. Vistas of distant steepled towns and bills beyond hills along the North Shore, hushed stony slopes and low ivied cottages in the lee of huge boulders in Rhode Island's back country. Scent of the sea and fragrance of the fields spell of the dark woods and joy [167] of orchards and gardens at dawn. These, Randolph Carter, are your city ; for they are yourself. New England bore you, and into your soul she poured a liquid loveliness which can~ not. die. This loveliness, moulded, crystallized, and polished by yea1's of memory and dreaming, is your terraced wonder of elusive sunset; and to find that marble parapet with curious urns and carven rail, and descend at last these endless balustrated steps to the city of broad squares and prismatic fountains, you need only to turn back to the thoughts and visions of your wistful boyhood.

Nyarlathotep (effectuant la recollection des paroles d'Atal, de Kuranes) restitue le rêve, hallucination à la réalité, désigne la structure composite du "rêve" de la cité merveilleuse. La cité qui est cité du déclin, elle-même une "déclinaison" {sunset dans sunset-ciyt)est à saisir dans le mouvement de retrait, de disparition du soleil. Il la boucle dans la persistance {résistante) d'un "wishfulfilment" de l'enfant-Carter, et très nettement de l'enfant-Lovecraft ; l'un et l'autre sont situés dans le même "paysage". Il les replace dans leur réel "paysage" ; La Nouvelle Angleterre. Un réel décalé, dans le passé, la matité, l'opacité du lieu textuel; l'enfance qui pour tromper s'inscrit pétrifiée... Un réel qui nous fait céder la parole à un autre pour en parler avec la justesse d'un Nyarlathotep ;parole d' autorité The New-England Conscience. The University of Michigan Press.1967 d'Austin Warren :

[168] Eventually, the New England conscience is left faced not with serene and blithe innocence but with the impersonnal concept of Duty -not with some naturalistic or humanistic version of grace but ,~ith the Moral Law, a concept and a tyrant more rigid and all searching, with a rectitude to which one can ever attain because it is a perfection both of taste, manners, conduct and motives. And, as with the ancient jews, Law does not separate itself from laws. There are so many high principles to be followed that high principles themselves conflict, and every case becomes a "case of conscience - (p 9) (...) The catholic conscience is bad when impenitant or unshriven. The Protestant conscience brings a total charge of natural depravity : we are all ' miserable sinners and there is no health in us' .There is no health in us: there is health only in recognizing that our very natures are malformed, sick, beyond recovery, or partial recovery in renouncing our natural selves ( p 14 ) (...) Virtue is not doing what l want to do. Equally however, it is not necessarily doing what l don't want to do '1 ( p 18 ) Concern with MY motives, MY intentions, MY conscience is a11'J'ays in danger of becoming more concerned with me than with God and my neighbor, with that whole vast other world. Egoism -refined subjectivity. - is morally more dangerous partly because more subtle, that plain frank egotism or selfishness" 
(.....)
(.....) 

Se dégage un sens du DEVOIR qui récuse tout AMOUR qui le réduit à l'animalité dont il faut se "sauver". 

Il y a dé - corps et dé - corps - ticage... 

 [169]  now instead of real love taking its place, LOVE IS AN ADDITIONAL DUTY" ; la soudure de l'amour au devoir accomplit la loi et comme tel accomplissement fait "boucle". L'amour n'a lieu qu'auprès de la loi, il devient biaisant en devoir, lui-même extériorité contraignante ; pure abstraction. 

Le monstre est à saisir dans une même aire ; dé-dit de l'amour. Le mot "love" détaché, il ne saurait être question d'y trouver le "remède" pour le (texte) Lovecraft, qui par la complicité de la forme d'une conscience de l'histoire (The New England Conscience) joue la carte de sa "love - craftiness", est "dépourvu" d'amour. 
Saisi dans le "monstre" le texte se replie, se boucle ; "tu es laid" dit la mère, qui par là instaure son dé-lire dans l'écrire du fils; elle peut enfin se livrer à la Piété (la pitié ?) Elle enlève toute inscription possible de la copule "et". En coupant les "boucles" (de cheveux) elle a bouclé. La boucle; l'effet de signature demeurera pour le texte-lovecraft, une ruse avec la mort

 
 

Le monstre, ne pourra pas mourir. 
Il ne sera pas capable de la mort. 
Il périra, animal, monstre. 
Kuranes, sera emprisonné vivant dans sa sépulcrale Celephais, entêté 
tandis que le corps d'un "tramp" viendra 
s'échoué sur les côtes d'Innsmouth...
ou  
Se cognera la tête contre
THE WALLS OF ERYX.

Chapitre 4

 

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