La griffe monstrueuse

 

1. 
Monstrer. 

[170] Déposons donc maintenant les SIGNATURES de cet H.P.1ovecraft (les How (h)ard /ward fill-lips lovecraft) dans l'Etat du Miskatonic (en état de « missing » et de chute « kata », « catatonique », qui cache à peine un devenir "miss" pris au KA de Ka- death, renversé dans ce qui paraîtra son contraire le "tonic" et le "ton"...).
Etat de l'AUTRE Amérique, redoublement outré du Rhode Island où se situe Providence, providentiellement "choisi" par H.P.1 comme coeur de la Nouvelle Angleterre.
Chute loupée (ou boucle).
Nous pourrions ainsi transcrire "Miskatonic", cet autre Etat se fait point névralgique d'où le récit glisse ou s’ombre irrémédiablement vers le "rêve";

PROVIDENCE

Rhode Island

ARKHAM

Miskatonic

CELEPHAIS

Ooth-Nargai

Mouvement de haut en bas, descente vers les "racines" (obsession "généalogique" d'un certain H.P.L)de plus en plus anglaisés.
En fait un anglaisement, un embourbement.
Celephais n'est pas anglais malgré tout. Il y a un mauvais tour de Thoth qui court derrière « ooth » se moque gaiement de [171] celui qui désire échapper à sa place avec les autres, qui se retrait; il lui fait rater (miss) le coche, ici le "craft". Avec ce mouvement de withdrawing nous butons sur un seul et même nom, ce nom qui désormais se transpose "love-craftiness", ruse (avec) l'amour" - la biaise. Il y perdra son identité, à ne pas faire l'amour, il sera froid,(f)rigide. Il s'embarquera dans l'écrire pour ruser, manquera toujours un trait avec lequel il s'engage, avec lequel il signe. Toujours il perd le Lovecraft, le nom du père, avec le non de la mère Phillips.

Il agit avec ce nom.
Il va signer The Thing in the Moonlight avec ce nom 
"My name is Howard Phillips. 
I live at 66 College Street 
in Providence, Rhode Island
".

 
 

Cette signature fabrique nécessairement tout un report autobiographique sur le récit ou du moins un point de vue sur le texte. Il est la biographie que la mère Phillips donne à son fils, écrit sur/de son fils. Le texte s’écrit comme biographie dans la mère. Il se signe donc d'une élision d'un autre texte. Un autre texte qui ne saurait être totalement absent. Il s'inscrit EN ANGLE Non seulement Lovecraft (le nom du père) prend la plume mais le prénom du père Windfield y souffle, s'anagrammatise dans le champ textuel (tandis que Whipple -le grand père Phillips - le fouette, le relance dans la mère ) Win(d)field. On ne s'étonnera plus alors de cette incroyable vague, la vague de fond, qui parcourt les noms du texte avec ses « w » :

Charles Dexter (Ho)W-ard, Joseph Curwen ( curve /to cure ), Doctor Willett, Wilcox, Whateley, Wilbur, Henri WentWorth (or Worst ?) en relation avec des aventures sur [172] la Winnoski River et la West River in Windham ( saisir, au vol, le "ham" d'Arkham, risquer même, ironiquement, de saisir avec "ham" le "jambon" comme une partie comestible du texte. Ajoutons que l'interlocuteur de ce Wentworth est Albert N.Wilmarth dans un récit intitulé à coup d'ailes, de Winged Ones, The Whisperer in the Darkness. Retrouvons encore Asenath Waite (en découvrant dans Asenath toutes les lettres, exceptée une le "r" pour composer "Sara" mais aussi le "S" de "Sonia" - Greene, l'épouse, qui sonne déjà dans Sona-Nyl mais avant il y a Susan…)"we have rejected the beautiful Sona-Nyl, which we may never behold again" écrit lovecraftily, avant même de connaître Sonia Nihil... que nous rencontrons sur le seuil de la demeure d'Edward (Ho-ward- prénoms garde) Derby prête à le posséder sans trop attendre (attendre; to wait). Tout près de ce seuil, de ce Doorstep, Wingate Peasle porte ou portique du win ou du wind, près de ces will ? Une volonté ou une volonté dernière ? Un testament en Anglais, "Will. Une volonté malade une mal-volontè; ill-willed Willett, Wilbur, wilmarth ? Ils peuvent être bien-intentionnés, Willett en est l'exemple. Il fait de son mieux. Le "win" élidant le "d" de « wind » fait de ces multiples portes (door, gate...) non point des temps de la (con)quête (to win; gagner) mais du vent! Il n'y a que du vent serions-nous tenter de dire, que courant d'air - suivant le récit Cool Air il y a un risque de dé-composition; "you ask me to explain why l am afraid of a draught of cool air (...). For you see l died that time eighteen years ago" – il suffit de prendre la première ligne et la dernière du récit Cool Air pour que ça fasse sens. La porte ne laisse passer que du "wind". Elle n'est pas le porche [173] ou l'arche (ARK de Arkham) de la conquête; wingate. Il y a jamais de passe entre deux états. Elle n'est qu'une manière d'entrer ou de sortir. D'aller d'un nom ( Lovecraft) à l’autre (Phillips),sans cesse, réciproquement. Il y aura une ruse a débusquer.
Elle consiste à attendre (to wait) ce qui nécessite une certaine dextérité ( Dexter Ward);garder (to ward) sans être vraiment capable de faire l'arbitre (to make on award : rendre un jugement arbitral )sans prendre de décision, sans se méfier ( to Beware)sans être vraiment aware of...something. Plutôt que gardien (warder) nous avons les "gardes d'une serrure" (wards of a lock. La serrure gardant tous ces "secrets" qu'il ne faut pas dévoiler, tous ces mots qu'il faut taire. Toutes ces serrures dont le texte garde la clef en poche pour n'ouvrir, pure supercherie ou fraude, avec duplicité (deceitfully)que des portes qui n'ouvrent que sur des mirages, des hallucinations". Les remèdes qu'il concocte avec Kuranes ne sont que des poisons.
Nous restons dans la chaîne du "craft" (artifice). Tout n'est que vent; wind or whim ?
En dévidant le texte (dévider le fil ; to wind),en en suivant les sinuosités, les méandres (windings) nous rencontrons un orateur verbeux(a windbag);tout y est cousu de fil blanc, tout revient à ce que les dieux whimsical (comme ceux de Lucrèce ?) n'y apporte que le son plaintif (whine) des flûtes et une danse réminiscente. 
Les dieux abandonnent leur 'will" au "wily other-gods". Will se lit d'abord wily (astucieux. rusé ).En plein dans la colle du "craft" - 1ove demeure [174] élidé dans un de ces pseudonyme « Lo-w-e » (ou Leo, le Lion qui est le signe astrologique de HPL, or rien n’est plus abominable que l’astrologie pour notre scientifique Lovecraft… ) le « w » y met un wil-y et réinscrit sans doute la mollesse d'un « Lovey » - c'est ainsi qu'on le surnommait à l'école. - Le Love est abaissé (lowered), dans une terre en contre-bas, low-land', la dream-land ,vers laquelle il faut descendre, ne laissera entendre que beuglement (beugler;to low) de monstres, nul mugissement de lion si nous laissons venir dans le rêve germanique le Lowe... Toujours LES MONSTRES SIGNENT ; nous ne pouvons quitter les signatures, le tiraillement des signatures.

 
     
 

Par son poids la signature (lovecraft)se fait sujet!. Elle nous retient dans les limites d'un sujet, dans le dictat de la métaphore familiale, dans une éthique restreinte du corps. Nous sommes enjoints à convoquer la "pathologie" ; les monstres (une démonologie ?) Le poids de la signature empêche de danser, d'avoir le corps libre, ivre - le corps est plaintif en larmes. Elle rive le corps-textuel au sol, l'abaisse, le fait ramper (to crawl).Il se tord, maladroit, il beugle. Il crie. Il crépite. Il se terre.
Il se li t dans le "miroir" d’Innsmouth . As a cold and unyielding surface of polished glass ! hors d’Innsmouth, tout simplement comme l'Outsider ; [175] "I cannot even hint what i t was like', for it was a compound of - all that is unclean, unwelcome, abnormal, and detestable". Les adjectifs se succèdent pour décrire le "composite" et laisser en retrait un Lovecraft dire "To be a member of pureblooded race ought to be the greatest achievement in life" au comble du ridicule, du grotesque.
Lovecraft est pris aux pièges des monstres qu'il soutient de cette biographie qui sans cesse l'appelle, lui, sans cesse le monstre; "for a time he imagined that his ears were growing points and that horns were sprouting from his forehead. He was sorry that wishing failed to turn his feet into hooves"; "...As an adult he actually thought of himself as a man without emotions -A THINKING MACHINE OR DISEMBODIED INTELLIGENCE..."; "He seems to have developed a rare, little-understood affliction called poikilothermism: his body assumes the temperature of its surroundings, AS IF WERE A REPTILE OR FISH"
Le monstre est la machine-pensante, intelligence désincarnée comme s'il était un reptile ou un poisson... Il rampe. Il nage. Ou plutôt il rampe plus volontiers qu'il nage. Car il développe une forte aversion pour tout ce qui provient de la mer.
Le texte sort de l'eau tel un reptile au commencement du monde. Il commence reptilien ou par une "chute" hors de... l'eau si on entend résonner les commencements mythologiques;le poids du péché originel... le "serpent" tentateur. 
Nyarlathotep en sera l'image composite et sans faille (le poids de la signature appuiera d'autant plus que dans le père s'inscrit la marque "effroyable" du péché qui agite la rigueur protestante, la rigueur de la New England Conscienceness.

[176] 
a) the young face of the antique Pharaoh : nous renvoyons à toute une Egypte disséminée dans le texte-Lovecraft jusqu'à dans le plus subtils mots d'emprunt à la langue hiéroglyphique le « ib » et le « ka ». Jusqu'à faire entendre the crafty Thot(h}, le maître des artifices (craft) 
b) a dark god : le dieu-noir, la magie noire... 
c) a fallen archangel dans la tradition biblique... 
d) the wild music of Lethean streams : le fleuve de l'oubli, dans la mythologie grecque. ... 
Tous les traits du démon androgynes, tels que FREUD les rassemble dans son article "A Neurosis of Demoniacal Possession in the Seventeenth Century" de 1923, peuvent être retrouvés dans la figure de Nyarlathotep. Nous pourrions réduire rapidement le "démon" au "père, ou plus exactement à une représentation synthétique d'un rapport du fils au père.
Nous noterons, soulignerons d’abord le mode de composition par rassemblement d'éléments disparates ce qui nous permettra de faire un rapprochement entre la "composition" ou la 'fabrication' des "monstres" et la syntaxe du rêve telle qu’elle est établie chez FREUD. Le « monstre » lovecraftien est ainsi un assemblage de traits disparates parfois contradictoires formant une unité, une synthèse qui du fait de sa constitution est toujours fragmentable. Le 'monstre' lui-même n'est pas détachable, isolable du texte il fait corps avec le texte-Lovecraft qui se construit , se fabrique comme un corps monstrueux - ...Corps rafistolé "autour" d'un trou béant; ombilic non cicatrisé ouvrant d'un manière "indécente" (unclean, unwelcome, abnormal, detestable and uncanny pour saisir cette "indécence" au plus près du vocabulaire, du répertoire sémantique du texte) chaque orifice du corps, d'un corps sans voix (Azathoth),un vide sans voix, bouche dévorante ! une voix du vide (Nyarlathotep) parole-dévastatrice ? Ombilic non-cicatrisé ou simple ouverture, orifice corporel, l'anus puant « the stench waxed overpowering » de l'autre de la bouche ou de ce qui en tient lieur and the noises swelled to a bestial babel of croaking, [177] baying and barking without the least suggestion of human speech, produisant dans cette "uncouth" coïncidence « and then both the stench and sounds grew stronger »
la densité comique d'un monstrueux pet, cosmique ...?
Dans les deux questionnements l'impossibilité même d'un corps et d'un corps-desirant en particulier; "the whole matter (bodily functions ; sexuality) was reduced to prosaic mechanism -a mechanism which l rather despised or at least thought non-glamorous because of its purely animal nature and separation from such things as intellect and beauty -all the drama was taken out of it"; la séparation affirme de ce qui corps serait animal et qui âme serait humain, avec l'impossibilité première aux écrits de H.P.L de saisir autre chose que de l'inhumain, du monstrueux donnent à lire un corps en 11 points de suture, un bricolage peu convaincant même à l'intérieur du cercle de conversion, même pour de protestantes bostoniennes...

 
 

2.
Les sutures. 

"There were, in such voyages, incalculable local dangers ; as well as that shocking final peril which gibbers unmentionably outside ordered universe, where no dreams reach ; that last amorphous blight of nethermost confusion which blasphemes and bubbles at the centre of all infinity -the boundless daemon sultan Azathoth , whose name no lips dare speak aloud, and who gnaws hungrily in inconceivable unlighted chambers beyond time amidst the muffled, maddening beat of vile drums and the thin , monotonous , whine of accursed flutes to which detestable pounding and piping dance slowly, awkwardly and absurdly the gigantic Ultimate gods, blind, voiceless tenebrous, mindless. Other Gods whose soul and messenger is the crawling chaos Nyarlathotep."  Dream Quest.

[179] A partir de ce fragment de la Dream-Quest nous allons pouvoir lire ou délire, délier, dénouer, dévider le texte-lovecraft. Nous allons le lover, le livrer à son délire, réouvrir le trou pour le saisir dans son impossible même. Nous allons l'empêcher de se retraire sans l'empêcher d'être Lovecraft. Nous allons le relancer plus loin ,vers ce qu'il fut, vers ses possibles. Mais...Avec Lovecraft nous resterons dans le champ de la parole. La parole qui intéresse l’analyste que nous sommes nécessairement ici. Il montre la "place" de l'analyste, le (re)met à sa place d’auditeur de cette folie non-risquante de l'abîme (une folie rassurante, capitonnée )simple trou pris dans le récit de la métaphore familiale.
Le psychanalyste n'a plus de place lorsque s'avance véritablement un Dit, que le Dit s’écrit, cesse de s’écrier.
Lovecraft crie; on lui recoud le corps.

1. Premiere suture; "There were, in such voyage, incalculable local dangers.." 
To voyage = naviguer, prendre une embarcation (craft) voyager sur la mer. La "terre des rêves " n'est pas a séparer de la mer. La mer qui donne naissance au mythe de Cthulhu, à la cité engloutie (Atlantis CF, "The Temple" ), à la terre "emergeante" (Cf. Dagon). Par la présence de ce verbe to voyage, l’opposition terre / mer est effacée, mise en retrait. Le "Fish God" ( figure même des "aversions orales" de Lovecraft, des aversions de son odorat) est toujours là; les "odeurs" qui circulent dans la Dream-Quest sont des "odeurs de poissons" (la puanteur des galères noires et de ses marins). Le "Fish God" est toujours là avant même qu'il soit nommé (Dagon, avant qu'il ne soit clairement nommé dans son retrait Cthulhu et ne pretend, commencer, pour les critiques plus que pour Lovecraft lui-même, un vrai Lovecraft. En fait, le même se poursuit. Il (Lovecraft ? le Fish-God ? Cthulhu ?) est toujours là à osciller entre les deux segments de sa signature et incapable de la lancer en avant. Il se noie. Il s'enrêve, s’arime au rêve, navigue et s'amarre et navigue ainsi indéfiniment sans trouver le repos de la retraite. La retraite toujours menacée, colle au simple se re-traire de la fuite, n'atteint pas une Demeure, moins encore une terre natale; Providence leurre. Il s'approche le plus d'un espace propre en devenant progressivement part d'InnsMOUTH en devenant lui même Homme-Poisson !
Sans cesse il traverse des océans, des mers; de Dylath-Leen a Baharna, de Celephais à Inquanok, de Sarkomand à l'Island of unwholesome Secret.
Même le trajet de Dylath-Leen à la face cachée de la lune est une navigation;les galères se transforment en vaisseaux interstellaires. Il navigue et toujours les fonds menacent, creusent des cryptes, des grottes des crevaces, des entailles, des temples, s'y dressent des potences.
La menace se fait vague de fond et inquiète, plus que toute vague, la minéralisation, (une) cité(e) sous la mer... Les marins, les ports, les tavernes portuaires insistent tout au long du périple textuel à nous embarquer sur un "craft" sans cela mène autre part que vers l' impossibilité de tracer une "carte".

[181] En prise à d'incalculables dangers locaux. Il reste surpris.
Il ne peut que s’assigner une place, une place loc(k)al; device to fasten a door. Il se défend, se protège dans sa forteresse vide. Il rencontre la menace dans une forteresse vide, d’où les "divins" (Great Ones) ont été chassés ; KA/DEATH. Il faudrait entendre ici un "il ne veut pas la mort" , ne veut pas mourir et le comprendre comme ce qui rend inaudible les "divins" , qui les chasse. .. Nous touchons là au "péril choquant " qui revêt aussi tôt chez Lovecraft l’apparence biographique d’un "corps tenaillé par la faim – la menace orale.

2. Deuxième suture: "as well as that shocking final peril"

La quête n'est qu'un jeu de "peri" - d'autours. Elle tourne autour du trou, trou de l’ombilic, trou de la bouche, trou de l'anus. Elle ne s'abîme pas. Tourne;tourbillon (whirlpool),maelstrom... , Le periple "cercle" strictement l'Abime pour qu'il ne soit pas autre chose qu’un « trou » : mindless, voiceless, un trou qui engloutit, a (w)hole who gnaws hungrily.

[182] 3. Troisième suture:  "Which gibbers unmentionably outside the ordered universe..."
Il baragouine. Tout cela est porté par le verbe; to gibber. Le singe, l'idiot, est laid, bossu. En retenant GIB dans gibber nous pouvons décrire le "gibeux" , gibbous qui provient de "hump" (bosse ) La laideur est railleuse. "Gibeuse est en effet la "raillerie". Les "monstres" se montrent toujours "railleurs". Ils rusent. Comme Nyarlathotep qui peut transformer sa forme chaotique et rampante en stature de jeune pharaon... Avec d'incalculables dangers locaux le GIB n'est pas loin du "Gibbet" de l'étranglement .Il étrangle la voix (toutes les voix que l'on entend dans la Dream-Quest, et ailleurs dans tout le corpus lovecraftien. La voix étranglée profère des mots inarticulés, sans signification (meaningless, senseless)
Elle renvoie à tous ces mots comme "ooth-nargai, Dylath-leen, Sona-nyl,sarkomand cthulhu, Rhlie, à tous ces fragments de langues inconnues. Sorte d'affolement "phonétiques" où s'inscrit l'indicible;le corps, la corporéité. Des mots, des fragments qu'aucune lèvres (lips)n'oseront, sans frémir articuler, ou simplement remplir (Fill)...Elles peuvent certes dans l'aire du rituel les in / évoquer pour faire surgir le désordre (l'outre, le hors bord, le débordement...) dans l'ordre;le désordre c’est-à-dire en fait le retour de ce qui "refoulé" ou plutôt refusé revient déborder les défenses, provoque le corps et le repoussent jusqu'à ces retranchements extrêmes "where no dreams reach" ce qui précisement constitue le quatrième point de suture-

4. Quatrième suture : "...where no dreams reach..."
Le corps est a saisir dans cette ultime retranchement

5. Cinquième suture: "that last amorphous blight of nethermost confusion" 
[183] La corporéité ne sera donc qu'un chaos, péril choquant et ultime; amorphe confusion ( des organes en dérive : His hypersensitive nerves reacted on his bodily functions to such a degree as to give I the appearance of many different physical illnesses". Nommant à la suite les unes des autres, des maladies; "irregular heart action", acute kidney trouble, frightful digestive trouble", réductibles à des "malfunctionning nerves" donnant lieu à d'atrocious sick-headaches". Amorphe confusion qui appelle la "fuite" -(s)Till-in-Ghast - des chaînes de synonymiques de l'horreur - Went-worst -constituant le lexique du texte. Choquant introduit, invoque de son "amorphisme" les disgusting, nauseous, hateful, abominable, repugnant, abhorrent, detestable, distasteful, loathsome, sickening … etc. selon les axes auditifs / olfactifs. Choquant introduit le lexique à l'outré; ce qui est hors de l'ordonné et du réglé.
Amorphe, sans forme le texte (?),le corps (?) -nous ne savons plus.
Nous ne savons plus à qui accorder les qualités. Le néfaste y est surpris. Le néfaste, le fléau se dit ici "blight". Il retient le Light en lui. Il interdit la lumière (Light) mais aussi une certaine légèreté(light). Il est dans le trou le plus sombre.
Blight ? Blight; rouille, brûlure, charbon, nielle(des céréales), brunissure (des pommes de terre), cloque(des pêchers etc. ). Par le soleil brouissure. Entomologie (Plant-house) Puceron. Influence néfaste ; fléau. Tout un parasitage se fait jour - il instaure la nuit. [184]. La nuit ou rien n'est protégé ou préservé dans son essence mais ou tous les discours "racistes" de Lovecraft viennent prendre (son) corps, viennent dire l'image corporelle. Dire son corps aliéné, parasite, brûlé, rouillé. Son corps fermé à clef, les lèvres (lipps), fermées, la bouche remplie (filled) de borborygmes, déglutissant... Son corps qui blasphème... .

6.Sixième suture : "...which blasphemes and bubbles at the center of all infinity..."
La convulsion extrême est au centre de toutes les infinités. L'infinité comme telle est interdite "fermée" retrouve un centre. La confusion prive de lumière (light) , elle est un "fléau" (blight) Elle met fin à toute infinité. Elle limite, bien qu'elle se fera en la personne d'Azathoth "boundless" sans limite.
Le "sans-limite' n'est pas l'Infinité. Il n'est qu'un interminable embarquement (to be Bound to = ready to go to). La confusion qui donne fin à l'infinité (l'Abîme) sera blasphémante. Elle blasphème contre ...qui ? Elle ne blasphème pas contre le divin. Elle est le blasphème en elle-même en tant que "projet chimérique "illusion" (bubble). La confusion sans décision, incapable, de faire l'arbitre (to make an award) est simplement a bubble scheme soit une "duperie". Toujours. Encore. Lire craft. To bubble ; bouillonner, dégager des bulles. Le blasphème ici ne fait que bulles. Et le B de bubble, blight et blasphème "blame " la lumière, la pourrit.
La lumière qui tombe du ciel (plus exactement qui provient de l'espace "hors") est une "couleur" ("The Color out of Space",est une lumière qui pourrit. Elle pourrit en tant que provenant de ce qui est "Out". Cette lumière fait ombre (Shadow).
Ce qui provient de l'Hors, de l'Extérieur "ombre" la lumière.
Ce qui provient de l'espace extrême, extérieur semble provenir du temps (The Shadow out of Time) ? Le temps met son ombre sur la lumière? Le temps comme quatrième dimension joue des tours. C'est par un tour de temps que la sorcière entre à nouveau dans sa maison(Cf. The Dreams in the Witch-House) Dream-time. Le "dreaming" est un jeu avec le "temps", un calcul sur la quatrième dimension, une implosion(le calcul [185.] 1a clef... mais en même temps, le lieu de provenance de ce qui provient du temps et joue des "tours" sinistres.
Le temps "extrême" de l'espace blasphème et fait des bulles. Le temps est trou. Il n'est pas mesuré comme Abîme. Il est un trou "centre' de toutes les infinités et en même temps un calcul irraisonnable. Le temps(re)devient toujours l'espace. Il est un corps amorphe, non pas sans-forme, mais à la forme anarchique; un affo1ement des différences.

7.Septieme point de suture : "...the boundless daemon sultan Azathoth, whose name no lips dare speak aloud. .."
Sans limites ou frontières (bounds) mais aussi sans détermination ou but (un-bound to...),sans lien, purement errant et sans forme, déformé (ce qui' traduirait au mieux ici le "blasphème"),bouillant de confusion, celui qui met fin à toute infinité est le sultan (se rappeler le nom de l'Arabe Fou, auteur du Necronomicon, le nom du mort - le souvenir du Vathek) maître, AzaTHOTH. Nulles lèvres n'osent prononcer un tel nom... On en perdrait la voix, on s'étranglerait. Azathoth serait-il à Kadath une perversion de Yawhe dans Kadash...? Prononcer son nom à haute voix "out loud" , "aloud" c'est risquer de perdre la voix.
De peur d'être blâmé ou "asservi" "on bondage" le texte demeure les lèvres pincées. Privé du bond (bound vient du français bondir) comme Azathoth (boundless)la parole est aliénée, verrouillée. Elle n'est pas prête de se rendre sur un chemin (to be bound to, ready to go to, on the way to).
De "buin", "bua" ; to prepare ) To be bound to (mot que l'on rencontre souvent dans le texte) est aimless ; il peut s'écrire : to be "bound-less" to. La parole Privée du sens (direction) dans le "blâme" demeure comme "bouche affamée" , dans la non-lumière. Est une "érosion". Elle n'est que négativité [186.] rongeante (gnawing negativity).
Et ce qui gnaws ne sait pas, doesn't know, révèle l'unknown': la peur de l'Unknown :
The oldest and strongest emotion of mankind is fear, and the oldest and strongest fear is the fear of the unknown" (Lovecraft, Supernatural Horror in Litterature),la peur de l'Unknown Ka-death. Une peur qui ne serait pas révélatrice d'une pleine situation. Une peur qui rive à un ob-jet du monde - l'Unknown. Pour ne pas nommer ce qui ne peut être (que) rongé ou dévoré.
La Parole privée du sens -la parole baragouinante; bubbles and gibberish rongée par peur d'Unknown. La peur du texte-lovecraft serait alors simple peur d'être mangé, devoré ( physiquement et/ou spirituellement) Le péril est un péril "oral";le trou c'est la bouche...c'est le parcours alimentaires d'un trou (bouche) à l'autre, innommable, l'anus. Nous avons légèrement anticipé sur ce qui suit.

8. Huitième suture; ". ..and who gnaws hungrily in inconceivable, unlighted chambers beyond time…"
Inconceivable… Nous pouvons le rattacher à tous ces "in" "un" et "less" privatifs qui circulent dans le texte; inconceivable, unlighted, unmentionably, incalculable, voiceless, mindless etc. Surdétermination de la négativité Azathoth, dieu des artifices opère une corrosion, une érosion, une consumation... Azathoth ronge, érode le texte depuis son centre (son ombilic). L'ombilic du texte serait le "trou" non-cicatrisé où commence le "corps psychotique" (CF L'Ombilic et la Voix, de Denis Vasse )
Il ronge affamé (he gnaws hungrily) au centre des infinités. Il est tenaillé par la faim (hunger). Ainsi il est toujours retenu. Il ? le centre. Il ? l'ombilic ou la bouche. Il ? Azathoth etc. accroché - accrocher; to hang (up) - hung vient, du seul point de vue "phonique", de hang) .Il est le crochet qui retient; crochet - hook (Horror at Red Hook). Ce qui retient accroché ainsi n'est que le "blâme ". Le blâme de celui qui blasphème par son baragouin, son bouillonnement qui lui fait perdre le sens; hankering, vif désir, grande envie. Celui qui blâme est en même temps le blâmé. Le blâme est auto-reproche, auto-punition un vif désir [187.] qui se concentre autour de la bouche. (in (s) mouth). Désir de manger, de parler de cracher des mots, d'insulter. %ais finalement un cri retenu. Replier dans la nuit des "unlighted chambers" (unlight, b/light ou le "b" joue le rôle du privatif "un") il ne peut pas être en chemin. Il demeure accroché. Il n'y aurait donc jamais de "Parole" mais seulement le débit interminable de l'analysant tournant autour du leurre une autobiographie ? Le biographique qui donne le sens au "temps" qui s'énonce si souvent a l'entête même des textes de Lovecraft ; ça a déjà eu lieu dans un "beyond time", "par-delà le "présent" dans le passé" ' inconcevable ( non-réinscriptible) du passé.
Rien d'autre n'est possible dans ce temps que le "to place again" d'un temps heureux qui chez Lovecraft se confond avec la pure Bêtise, l'état de bête que portent ses "monstres" (voiceless ou doués de langage mimétiquement humain, "mindless" etc.), son corps sans parole", inhumain toujours déporté, bafoué. La "vérité" de sa "marvellous sunset city" ce sont les monstres; the marv.ellous sunset city sans corps et pure âme (sans amour) trouve sa conséquence effective, et affective dans la pure bestiauté des monstres - mindless body.
Le corps conçu comme sans voix, privé de sens, sans esprit, se montre dans le monstre. Sa façon de se montrer est de demeurer accroché, caché, emmitouflé dans la nuit, replié dans sa chambre, dans des pièces sombres, d'éviter le jour, de ne pas se montrer en plein jour, donc de ne pas se montrer du tout. La façon qu'a le corps-Lovecraft de se montrer dans le corps-Lovecraft-texte est de ne pas se montrer du tout.
Ainsi n'est-il que "monstre". Il faudra donc entendre uniquement comme ce qui montre un corps dans se façon de se retraire.
Le "texte" marche à pas-de-corps - d'où il "se monstre".
Accroché à ce qui le montre(du doigt, donc à ce qui le blâme) il n'a pas de corps, il n'a de corps que dans le "monstre " c'est-à-dire dans le texte, dans l'écrire hallucinés; l'affolement "sonore des mots.

9. Neuvième suture ; "amidst the muffled, maddening beating of vile drums and the thin monotonous whine of accursed flutes... 
[188] Dans cette "affolement" nous isolerons "maddening beating" pour le conduire en proximité du "maddening need(to place again), pour saisir, dans le "beating" et le "need(le)" ce battement qui pousse à écrire. Ecrire pour amortir (un son, un bruit) "to muffle" dans la nuit enveloppante. Il écrit dans la nuit, la nuit qui mûrit les monstres ? La nuit qui le protège ?
La nuit de l'encre qu'il (dé)verse pour se rendre supportable les monstres, pour rêver à une "cité glorieuse" (sa propre Jérusalem Céleste);l'écrire nocturne, pour tout ce qu'elle rate dans le battement de l'aiguillon, cette musique sur quoi il se casse une dent (The Music of Erich Zahn).
Son incapacité à saisir la musique autrement que dans cet affolant battement (as)sourd(i) des vils tambours, le pleurnichement (enfantin, le vagissement du nourrisson qui semble ne demandé rien d'autre que de la nourriture mais crie sa Demande d'amour) tenu et monotone des flûtes maudites. Toujours des flûtes et des tambours.
The Festival; "I saw something amorphously squatted far away from the light, piping noisomely on a flute...I heard noxious muffled.
Le festival, cité ici pour souligner la répétition des "amorphous /to pipe /flute /noxious /to muffle /flutterings, où la sédimentation des associations (les associations figées par lesquelles HPL (re )vient sans cesse, nous (r)appelant nous-lecteurs, nous un autre, à ce qui fonde son désir d'écriture et la raison de notre attache - notre accoutumance à cette écriture là).
The Dream-Quest "certain of the toad-things produced disgustingly carven flutes of ivory and made loathsome sounds. To that hellish piping. 
[189]. Toujours la musique hésite entre deux "tours" (hésite avec tout le texte): Many times the moon hears strange music as it shines...but whether that music be the song of the god or the chant of the cryptical priests, none but the King of Ilek-Vad may say. .. La musique trompe, séduit avec Nyarlathotep apparaissant en jeune Pharaon- toujours dans la Dream Quest ; In this low fanfare echoed all the wonder and melody of ethereal dream; exotic vistas of unimagined loveliness floating from each strange chord and subtly alien cadence".
Quelques fois, rapidement, on saisit la réponse des "horns and viols and voices" aux cloches d'une cité, plus souvent des chants de marins (des voix d’homme, toujours). Et si la fanfare of supernal trumpets and a clash of immortal cymbals" ouvre le Dream quest, s'attache à la cité merveilleuse cité du couchant, cette même "fanfare" referme la quête dans la parole de Nyarlathotep;toute la "signifiance" de la quête s'y efface d'un clash ! Muffled beating, battement amorti, assourdi ou étouffé des tambours ne doivent pas nous faire perdre le "mufle" (le mufle, le museau ou le groin; ce sont des pattes, des griffes (claws) qui battent les tambours, des bouches (des gueules) qui se forment dans des surfaces amorphes qui "sucent" et "aspirent" -avant même de souffler dans des flûtes maladives !...

10. Dixième suture : "...to which detestable pounding and piping dance slowly, awkwardly and absurdly the gigantic Ultimate gods, blind and voiceless, tenebrous, mindless Other Gods..."
Avant de poursuivre cette étude anatomique disposons [190] d’un triplet d’adverbes en vis à vis d'un triplet d'adjectifs pour produire d'autres effets de sens ,vers le texte, ses dimensions retenues; blind /awkwardly voiceless /absurdly mindless. Dans la cavité alvéolaire, dans la nuit maladive ou parasitée par le blight, la nuit decharnée (réference aux night-gaunts, au cold waste qui encercle la forteresse, Kadath) les corps amorphes répondant à toute une incertaine musique, sont mis en scène, une chorégraphie – ça danse. Musique incertaine qui concasse, broie et pile -c'est le sens du verbe "to pound" –mais aussi pèse (a pound ;une livre) et en même temps canalise (to pipe, canaliser) l'air dans la flûte (to pipe, jouer de la flûte). Musique de digestion, musique de boyaux. On saisit alors la menace du texte-Iovecraft; avoir les boyaux à la place de la peau... Le détestable, le monstrueux met inside-out (une version une image de l’enfantement; l'enfant boyau, l'enfant-ombilic qui ne voulait pas sortir est mis à l 'extérieur, visqueux, viscères : rubberish, amorphous, trop plein d’animalité avant qu'il ne soit reçu dans un don de Parole ... Biographiquement HPL est reçu dans un refus...etc.) Histoire de tuyauteries, de boyaux. Histoire passionnante pour le psychanalyste ordinaire qui va, pouvoir lancer ses plates équivalences ; tuyau = pipe = pénis non pour reconnaître l’émergence de pulsions mais pour montrer la carence de leur Aufhebung dans la génitalité...Psychanalyste qui manque donc ce qui fait [191] les corps-lovecraft (les monstres); saisir la plume (pencil) POUR PAS REPONDRE autrement aux pulsativités; saisir la plume pour se (re)faire une peau, prendre, peut-être, l'écriture en "ersatz du coit", relever l'érogènéîté du corps comme des inscriptions hérétiques, ne pas laisser le désir du "young Pharaoh, gay with prismatic robes" s'exprimer autrement que dans le dé-père-issement, la désespérante image biblique du tentateur...ne pas le laisser venir désirant et désiré mais le suspendre, le balancer entre les deux versants de la signature.
Alors peut se comprendre dans cette mise en scène du désir la plus vieille figure de la danse: seul, le Mal rampe chorégraphiquement car tel est l'ordre du "chaos". Proprement le chaos rampe, montre l'en-bas, est ainsi monstré par l'en-haut. Si le mal rampe le bien doit avoir des ailes; c'est là où HPL s'embourbe, s'anglaise. Des dieux aux autre-dieux l'en-haut se heurte toujours à l'en-bas. Le péché englue, il est sans âme, sans voix, pur corps et quant il a de l'âme, il trompe...

11. Onzième suture : ". ..whose soul and messenger is the crawling chaos, Nyarlathotep."
Cette âme (soul) qui rampe est la seule de la quête d'un charretier (Carter, notons que Carter est l’équivalent Anglais de Wagner, un autre charretier) jeté at random (au hasard, random, écoutez Randolph. ..Random Carter) pour faire sens, à donner la "Direction de la cure", à montrer qu'il (le sujet de la quête) se trompe, que son but n'est pas un autre monde ou un autre lieu mais simplement ce qu'il croit être son enfance. [192] Seule la menace persiste, insiste du fond outré de l'Ailleurs, de l'espace. Au fur et à mesure que le texte de Lovecraft se pro-page,les "Dieux" se retirent, s'effacent , disparaissent. Seule, la menace persiste. Carter, lâché à bride abattue dans le hasard n'aura lui-même comme recours qu'une "métamorphose" ; devenir lui-même un monstre, la facette Skauba. Cette facette qui essaye de parler en se travestissant en Swami Chandraputra ( Cf. Through the Gates of the Silver Key). Notons le passage de l'Egypte habituelle, à ces Indes. Sans plus insister.
Essayons de mieux dégager la menace (orale) dans son insistance ;
"Unswerving and obedient to the foul legate's order's, that hellish bird. The Shantaks "were not any birds or bats known elsewhere on earth or in dreamland, for they were larger than elephant and had heads like a horse's The Shantak-bird has scales instead of feathers, and those scales are very slippery".
Notons "scale", écaille (de poisson) ou squasme. Une odeur de poisson est encore perceptible...) "plunged onward through shoals of shapeless lurkers (notons : shoals ; haut-fonds (marins) ) and carpers in darkness and vacuous herds of drifting entities that pawed and groped and groped and pawed; the nameless larvae of the Other Gods that are like them blind and without mind, and possessed of SINGULAR HUNGERS AND THIRSTS".
La menace orale dans la nuit et dans tout ce qui est "privé de " ( sens, voix, esprit , vue etc.) dans le "Less" le manquement tâtonne (to grope) tripote, patouille, donne des coups de patte, piaffe, gratte de la patte (to paw) ou de la griffe (claw) rampe (crawl) et f'ait (sa) loi (law) , la loi la plus basse (lowest law) celle des tripes qui tenaillent. Le monstre revient toujours aux tripes;
"When l was 6 or 7 I used to be tormented constantly with the peculiar type of recurrent nightmare in which a monstruous race of entities ( called by me "Night-Gaunts" -I dont know where I got hold of the name) used TO SNATCH ME UP BY THE STOMACH - BAD DIGESTION ? "
Le monstre provient des tripes et retourne aux tripes; IL PARLE LE CORPS. Par le "monstre" le "corps bafoué" parle ou plutôt il "crie"
La bouche fait entendre le cri. La morsure fait entendre l'insatisfaction eu stade oral de succion [193] "LA BOUCHE est le commencement, ou, si l'on veut, la proue des animaux... Mais l'homme n'a pas une architecture simple comme les bêtes, et il n'est même pas possible de dire où il commence.
Chez les hommes civilisés, la bouche a même perdu le caractère relativement proéminent qu'elle a encore chez les hommes sauvages. Toutefois, la signification violente de la bouche est conservée à l'état latent. Et dans les grandes occasions la vie humaine se concentre encore bestiale dans la bouche, la colère fait grincer les dents, la terreur et la souffrance atroce font de la bouclle l'organe des cris déchirants. .." Bataille, Bouche, Tome I. 

"BUT THE HEAD WAS CHIEFLY TERRIBLE BECAUSE OF THE MOUTH.
That mouth had great yellow fangs and ran from the top to the bottom of the head opening vertically instead of horizontally" Dream-Quest.
Le cri déforme le visage.
Le cri est d'autant plus terrible que le Gug qui est décrit n'a pas de voix "but talk by means of facial expression" n'a pas d'esprit, est purement animal.
Le territoire où le Gug se tient, est lui-même menaçant comme une bouche :
"for this is THE MOUTH of the vaults of Zin, and the vindictive Ghasts are always on watch there murderously for those denizens of the upper abyss who hunt and prey on them. The Ghasts try to come out while the Gugs sleep. They are very primitive, and eat one another ..." Dream-Quest.
Partout, de fond en comble des bouches, des gueules qui s'entredevorent dans un paysage trou " de bouches
"the mouth of the vaults of Zin", "the great caverns mouth". Bouches où se surprend, lisible ou risible une "scabreuse humanité:

"Carter turned sick at the aspect of that scabrous and unwholesome beast whose face is sc curiously human despite the absence of a nose, a forehead and other important particulars.
Pas de "visage humain" ou presque aucun...tout est lisse, glissant, de la consistance d'un muscle blanc, d'un viscère. [194] La tessiture est membraneuse, damp slippery... L'horreur prend à l'estomac avec. C’est ghasly, horrible s’écrit avec gastric /stomacal.
Même la paroi des bâtiments, des vestiges architecturaux, couloirs, labyrinthes malaxent, glissent. 
Le texte s'enviscère.
Les Dholes" dolents et plaintifs, larmoyants (doleful) : "are known only by dim rumour, from the rustling they make amongst mountains of bones and the slimy touch they have when they wriggle" -  to wriggle, frétiller, tel un poisson; se tortiller, s'agiter, tel un nourrisson. Sans forme précise ils "grew alternately convex and / concave Dans les replis, les remous du hole de la nuit les dholes digèrent ...comme tant d'autres scabreuses animalités, à la lisière du texte et du rêve. Tels les zoogs, pleins de cette vie (zoo) douteuse, friands de viande tant physique que spirituelle, risquant la dévoration du texte-même. Mais ce dernier alternativement concave ou convexe se retournant comme un gant ,parfaitement élastique contrattaque et digère – gère - organise les pulsions mortifères qui sans lui attaqueraient, se retourneraient contre l’organisme HPL, ce corps bafoué... Bouche, anus confondus, les orifices affamés désorganisent l'espace entre altèrent le texte biographiquement, le retiennent dans la famille, plient, soumettent corps et corps du texte à leur rigueur "animale". Il ( corps-texte ) bouillonne, baragouine, tripote, donne des coups de pattes, se replie dans les holes, les terriers, se fait plaintif, dolent, glisse, humide et collant, gluant, amorphe, blasphémant, puant. Il se fait cri étouffé - la langue désarticule émet des séries phonémiques à la limite du borborygme ? II rampe. il serpente. il ment.[195]

Il s'enmonstre.  
Le texte monstrueux gémit. Il ne peut atteindre la dimension d'un dit. Le dit échappe dans l'idiolecte, se résorbe dans la signature biaise. Pourtant HPL ne se manque pas. Si le texte se fait analysant, nous nomme en place d'analyste, c'est pour mieux se moquer de nous, pour nous glisser entre les doigts, pour se réserver sa jouissance, propre, hors texte, ailleurs, à Innsmouth.

Pendant que nous écoutons sereinement le monstre, le texte lentement, discrètement se fait poisson, nous glisse entre les doigts ...

3. 
Jouissance océanique

[196] Symbole pénien, le poisson frétille. Enorme bouche aux écailles tentatrices, il affirme l'érection "orale". Le texte ne bande pas . Aux rives "tranchantes" de l'Oukranos le poisson opère les mirages de la castration; "...a carnivorous fish catch a fishing bird, which lured to the water by showing its temp- ting scales, in the sun, and grasped by the, beak with its enormous mouth as the winged hunter sought to dart down upon it" Dream Quest.
L'évènement discret peut passer inaperçu, détail superflu. Détail que le copiste ignorera nécessairement, nous permettant ainsi d'identifier les originaux, détail auquel un Freud consacre son attention "flottante" dans son triste Michel-Ange) 
a) le pécheur péché, b) le pécheur devenant poisson. Entre a) et b) il n'y a qu'un pas. Un pas franchi allègrement à Innsmouth, un village de pécheurs où le menu fretin frétille avec les Deep-Ones - ni homme, ni poisson tant l'un que l'autre ou plutôt batraciens… 
[197] Malgré Cthulhu, la pieuvre qui règle tous les commentaires de Lovecraft, Dagon règne en maître sur le texte. Il distribue tous les traits ichtyoïdes, jusque dans ses catacombes. Le texte s'écaille. Frétille. Ses ondulations ne sont pas celles d'un reptile qui peut pour un temps, un temps fort court, satisfaire l'interprétation avec la figure élancée (slim)de Nyarlathotep, le tentateur visqueux (slimy). La tentation est ailleurs...Le dieu auquel le texte sacrifie, ordonne sa jouissance est Dagon, le dieu-poisson ;la jouissance du texte-HPL.
Le tentaculaire Cthulhu n’est que le gardien de cette jouissance. Il interdit, méduse le lecteur pour qu'il en reste au plaisir du texte. Il assume la distance entre lecture/écriture, ici, une convention fictionnelle; nous faire peur proprement, en règle, en présentant les identifications obstacles à une lecture analytique. La pieuvre, le mollusque, le céphalopode (avec l’en - celephais ) met en tête ses contours, son dessin "primitif", tout en pied ou tout en tête, il s’envisage directement dans l'ordre infernal, par habitude, par tradition. Le poulpe se retrouve dans l’ornementatioa de l'Europe du Nord du monde celte et de la Grèce. C’est aussi une représentation du signe du Cancer. On lui donne, dans une rigueur mystifiante, une origine hyperborèenne. Il convient donc a priori aux tentations nordiques, aux folies boréales de Lovecraft - à la fois Kadath "in the cold waste", et At the ~Mountains of Madness) mais aussi les renversements australs de The Shadow out of Time. Cthulhu, la pieuvre dresse ce paysage nordique où s'érige le rêve des têtes blondes, des bras virils et musculeux dont à l'ordinaire nous réchauffons une érotique suspecte. Cthulhu décale cette érotique, [198] pour texte. 
Le Celte devient la Pieuvre(Cthulhu))en précise les contours "tentaculaires" mettant ainsi le texte sous scellés.
Cthulhu est le Gardien, le dépositaire des clefs perdues. Lorsque les commentateurs insistent sur la constitution d’un mythe de Cthulhu comme figure proprement lovecraftienne, ils ne se trompent pas dans la mesure exacte ou ils acceptent d'être trompés par le texte-même. Ils mettent en avant la résistance du texte, lisent le texte comme un legs non comme une demande d'amour. Ils lisent le texte trouvé aux pieds des murs d'Eryx : "Stanfield could have reached the outside en- trance by walking twenty-two or twenty-three feet if he had found the opening which lay directly behind him -an opening which he overlooked in his exhaustion and despair" The walls of Eryx..
La lecture ordinaire en reste là, n'atteint pas l'autre côté.
Elle ramasse un "reste", le journal tenu au jour le jour par J Stanfield pris entre les murs d'Eryx (un nom propre que nous pourrions disposer dans le lexique celtique) elle ne se situe pas du côté du geste scriptural, geste qui continue hors des murs d'Eryx. Après ce récit HPL signe d'autres textes) mais du côté de ce qui garantit a cloture d'un univers sémantique lovecraftien, ce qui résiste contre l'écrire, refuse de se mettre à la place de ce qui est le need to place again ou ce qui come over him comme un soudain et unconquerable urge to write .
Ecrire(to write originellement "writan" signifiant, to scratch, égratigner, donner un coup de griffe, est ici un mouvement d'agonie. 
[199] To writhe signifie se tordre le corps de douleur. La douleur du pen (pain) cil, avec le sang de l’égratignure (signature – seing, sang). Ecrire est le geste du monstre (il montre, il fait signe, se démontre, fait la démonstration, démonté ).
Monstre et écriture sont l’un et l’autre « damnably human in general outline » mais pas plus que ça. L’écriture mine le monstre comme le monstre (la) mine humainement. Une chose est certaine elle fait sa peau de monstre à HP !
Si les contours sont humains, permettent une (in)certaine ressemblance, une ambiguïté. These creatures must have been convenient on e for they were truly not unlike men when dressed carefully shod and turbaned and could haggle in the shops of men without embarrassment or curious explanations"
Dream-Quest.
Il se défont très vite, la resemblance est fragile, transitoire : "The face beside me was twisted almost unrecognazably for a moment while through the whole body there passed a shivering motion - as if all the bones, organs, muscles, nerves, and glands were readjusting themselves to a radically different posture, set of streeses, and general personality.." The Thing on The Doorstep

L’organisme est désorganisé. Il se mon(s)tre sans dessus-dessous comme un gant comme si ses parties ne parvenaient plus à constituer un tout cohérent comme si elles y résistaient. "The most merciful thing in the world, I think is the inability, of the human mind to correlate all its contents (...)...but some day the piecing together of dissociated knowlefge will open up such terrifying vista of reality, and of our frightful position therein, that we shall either go mad from [200] the revelation or flee from the deadly light into peace and safety of a new lark age" The call of Cthulhu.
Les monstres sont monstrueux parce qu'ils ne cessent de rater les corrélations qu'ils entament constituant des organismes hybrides – à la fois minéraux, végétaux et animaux usant du « craft » pour mimer l’humain. Ils se reproduisent par « spores » comme les cryptogames ou par scissiparité, les protozoaires. Ils se protègent ainsi de l’indécente copulation b) se groupant en institutions fondées sur le droit et la religion "naturels",des sociétés composites "a sort of fascistic socialism" (Cf. The Shadow out of Time-. Ils sont monstrueux en fait parce qu’ils (dé)rêvent indéfiniment le rêve d'Angleterre, qu'ils imposent à la place l'American Dream dont le credo affirme sans y parvenir un Tout S'avoir spectaculaire.
A un certain niveau les monstres sont des instances critiques du texte, les doutes d'un HPL sur l'avenir de la civilisation industrielle. Ainsi nous , ramènent-ils vers le mythe de l'Atlantide.
Mais plus profondément les monstres font la peau du texte, l'écrivent. Ils ne cessent de raturer les corrélations, de bricoler des assemblages de "topoi", des ensembles de Textes. Ils ne cessent de confondre la carte, de la rendre impossible. A l'infini, ils emmêlent les fragments biographiques et signent pesamment chaque fragment d’un même, H. P. L ;  P. L. H ;  L. P. H… résorbent en morcelant le texte dans sa seule et unique mesure, la signature. 
[201] Ils le bricolent pour lui éviter cette jouissance qu'il atteindra à son insu, à l'ombre d'1nnsmouth. Aussi lui interdisent-ils de se souvenir, de se remembrer - ou de se re-placer. Ils le terrorisent.
On supposent que s'il jouissait, il deviendrait fou, un love/craft, alors il se re-trait comme un phillips. Prenant le Phantasme à l’envers)il se prive de son lien et projette dans le lieu la toute puissance de l'Autre; - "You see them ? (walking or drifting through my supposedly solid body...) you see them ? You see the things that float and flop about you and through you every moment of your life ? You see the creature that form what men call the pure air and the blue sky..." From Beyond

Les monstres, le texte résistent - pièces de la résistance . Ils sont partout a veiller contre tout lien, ils aliènent. A moins qu’il (qui ?) ne devienne lui aussi un monstre ? C'est ce qui arrive avec The Shadow over Insmouth où le narrateur devient poisson, nous glisse entre les mains pour (re)trouver son élément et (en) jouir : "He will plan his cousin's escape from the Canton madhouse, and together we shall go to marvel-shadowed 1nnsmQuth.We shall swim out to that brooding reef in the sea and dive down through black abysses to Cyclopean and many-columned Y'ha-nthlei,and in that lair of the Deep-Ones we shall dwell amidst wonder and glory for ever"
De là il peut toujours nous écrire (to write) en grattant (to scratch) ou en frappant de l'ongle (to fillip),du moins tant que la métamorphose n’est pas complète.

[202] Nous écrire, par exemple en ce latin ancien de la main du Docteur Allen, de Curwen…très incurvé comme si la lettre n'était le trait ce qu'elle dessine entre ses jambages..

 The letters were indeed no fantastic invention, but the normal script of a very dark period. They were the pointed Saxon minuscule of the eight or ninth century A.D and brought with them memories of an uncouth time when under a fresh Christian veneer ancient faiths and ancient rites stirred stealthily " 
The Case of Charles Dexter Ward.

Traces ramassées, décryptées par un Lovecraft, par un lecteur quelconque avant qu'à leur insu, ils ne scandent à leurs rythmes cardiaques les gargouillements de la langue de Cthulhu, ne livrent leur être à la pure physiologie des phonèmes-pulsions, ne viennent s'éjouir dans les eaux d'Innsmouth et ne chantent

 
 

Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu
R'lyeh wgah' nagl fhtagn ...

chantent, oui, leur devenir Ichtyoïde.

Alors prenant son cousin (l’auteur de cette thèse) par la main, disposant ainsi de son lecteur privilégié, l'entraînera vers la "marvel-shadowed Innsmouth" et ils nageront : "out to that brooding reef in the If and dive down through the black abysses to Cyclopean and many-columned Y'hanthlei, and in that lair of the Deep-Ones they will dwell amidst wonder and glory for ever".
Tous les autres lecteurs seront restés pantois sur la jetée ,au bord du texte.
Ils ne risqueront rien qu'un peu des battements de leur cœur, le temps d'une lecture effrayée.

[203] Ce qui va de soi tant qu'on croit avoir à faire à de la Gothic fiction ou de la signature. L'analyste à l'aide d'un jeu de mot ouvrira d'un coup les perspectives d'un point de vue univers nommé H. P. L.

Il aura dressé la carte d'un grand système digestif projeté sur le cosmos désordonné réduit à ses limites BOUCHE – ANUS that gnaw hungrily, qui libèrent leurs effets de Gnose (de Princeton ?) : 
un pet CO (S) MIQUE 
et / ou une égratignure.

A la rigueur
de cet humour
mélancolique.

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