L'Indicidence (1979) 

DOMAINES 
(variations 1 – 6)

A.1. E/CRI/RIRE AVEC UN FREUD

B. DOUBLE TEXTE (à suivre)
Pour une anté-psychiatrie, avec R.D Laing
 
Avec d’autres, avec un désir / brèche

A.2. PISTES

DOMAINES 
(variations 7 – 12)



(Les chiffres entre crochets renvoient à la pagination du volume de l'édition originale ici scannée. 
Des exemplaires de cette édition sont à votre disposition sur demande) 

Domaines (variations 1 – 6) 
[9] LES PROPOSITIONS qui constituent ce premier volume au titre de l'Indicidence n'établissent pas les énoncés autorisés d'une chapelle ou encore quelques remerciements, dédicaces à des têtes d'affiches que j'aurais rencontrées.

On s'aperçoit à les connaître, lorsqu'elles ont réellement quelque chose à dire, qu'elles savent ne pas se reconnaître à ce qui pare la gazette pour nos contemporains qui ne veulent plus lire dans le "livre du monde".

Ces propositions tiennent à une expérience radicalisée qui enjoint l'écriture à nommer l'indescriptible d'une pratique. Donc risque du même coup un autre style que celui du genre. D'habitude. .

L'expérience ?

Elle pourrait être celle d'un analyste si la psychanalyse ne s'était enfermée avec un Freud en mettant l'inconscient à la porte. Je pourrais toujours trouver une étiquette à cette expérience quelqu'un , m'avait suggéré, en son temps, "psycho-sémiotique".

[10] Pourquoi pas si cela ne balance pas par-dessus bord tout le psycho dans le sémios

Reste que le "psycho" débouche sur ce trucage : que l'âme, Psyché est un miroir et que "ça" s'y place à contre corps.

Autant de questions, d'embûches pour faire 1 titre.

Dira-t-on candide que c'est mon expérience ?

Faut-il croire à une telle appropriation; mon expérience ?

Périlleuse.

Sans devoir faire du groupe, une expérience est toujours de groupe ( en réseaux) quand il n'y a pas à la clef l'armature tonale, la conversion.

Conversion à l'argument supposé, à la thèse. Conversion tout court. C'est par là que je commence. C'est urgent lorsque tout le monde fait et défait ses églises.

Pour varier le thème, je suggère une piste, qui est une série ; dans l'affaire d'une conversion tout tient à ce que du dieu y soit pour vide d'1-père

L'indication est dans Freud.

Rien de plus décisif n'a été dit. Au sujet de la religion on marche encore sur la pointe des pieds lorsqu'on ne fait pas les pointes.

A croire que pour en finir avec le jugement de dieu, il faille la cruauté (ou) (dé) doubler le théâtre par) de la folie voire à l'instar de la mystique substituer le jugement à la nomination de la jouissance de la femme...

Artaud l'(é)crit. Il n'est pas fou. n sait que ce n'est pas un dieu mort qui nous donnera plus de liberté d'être ; il y a même un risque d'épilepsie ( à l'enseigne de Dostoïevski). D'ailleurs ce à quoi nous aurions à mettre fin ce n'est pas [11] un dieu, c'est un jugement. Mettre fin à ce geste hautement réservé à l'occident, fatal; le jugement, l'Ur-Teil, la cou/pure (mise en évidence pour la première fois en lettres capitales par Kant avec le sang de la révolution française, avec Sade). Artaud ne dit pas n'importe quoi. Il crie voilà tout.

Dans le déserre.

Il nomme la même chose que Heidegger; il y a un temps à marquer. C'est le temps de l'être ou de I'/ /. Un temps pour entamer 1) par le repérage des lettres éparpillées, pourloignées par l'histoire 2) par la répétition expresse de sa question, l'être, la dé construction d'une de ses représentations, l'oubli qui nous (occidentaux) date; l'onto-théologie.

Quelque chose que Heidegger compromet à sa manière, lancinante à la dextérité de ce qui lui échappe... 2. / / ouvre des brèches dans le Texte. Les brèches s'ouvrent d'un jeu de pratiques aussi diverses que les recherches scripturales de Mallarmé/Joyce, picturales de Klee/Kandinsky, musicales de Schonberg/Berg!Webern, physiques de Einstein/Planck etc. Des pratiques dont le levier, sans que Freud y soit pour quelque chose consciemment, est l'inconscient.

L'inconscient qui se constitue de la structure ou Langage à introduire la "différence"; le discours de l'Autre -l' Alien. Alien. Quoique le film de ce nom puisse introduire des poncifs au monstre (cliché, le diable, certes) reste qu'à être un sujet-parlant I 'homme embarque toujours à son bord le 8ième passager; "mon être bien que mien est toujours en même temps un autre" - ce qui rappelle qu'il est aussi le mortel

[12] Le clivage original du sujet c'est quelque chose qui se lit d'un vis à vis, Freud et Heidegger certes, mais qui se présente à l'expérience journellement.

Il n'y a pas qu'un moi. Il n'y a pas qu'un moi.

C'est à ne pas en supporter les effets d'existence que les conversions agissent de relever l'impair à l'1-père. C'est par là que la religion (et tout le corps institutionnel) met en scène le mythe de la personnalité (aujourd'hui appuyée par la "science" des tests) pour colmater ce clivage, ce manque propose ses solutions collectives (on saisit alors le sens historique d'un certain ~1arx ! et des psychologies dites de "groupes » !)

Cela demeure bien sûr entre nous occidentaux ( et notre orient confondu à l'arbitrage géographique) qui, à verser le manque à l'1-dividu/collectif, perdons l'ensemble au devoir d'y figurer de force (voyez les parades où s'exalte notre société d'abeilles ! ) puisqu'à l' Autre risquant l'altérité nous substituons une métaphore familiale (la trinité: père + fils = x).

Dieu à la figure familiale, un roman familial que mime une potiche, un castrat en son vatican. Dieu famillé à la place de l' Autre (1éplacé dans l'oubli de l'être ).

3. Autre chose est d'y croire et croire qu'il est l'Autre. A les croire. Kant a bien cerné la question en réfutant toute preuve à son existence, en montrant du même coup(ure) que la croyance (FAITH) c'est quelque chose qui tient la place d'un manque (HEALING) ; que l'être-là fini n'a pas d'accès à la Chose (au) Même, donc qu'il doit l'Imaginer.

Croire qu'il est dieu (mis pour l'Autre) -au désir d'être un autre -c'est ce dont se garde le croyant ( en occident commun) mais ce à la place de quoi se met un Schreber en juge un Freud aux mémoires du névropathe.

A Freud de désigner son bricolage, bien à lui, qui consiste à river le masque d'1-Père (acte de f\1oïse) sur le Soleil (d'Akhnaton) pour faire un pas (de valse) vers la civilisation. Schreber fait le faux-pas ou le pas à l'envers pour nous livrer crûment une admirable démonstration de la bêtise d'un Freud – [13] une bêtise que l'on retrouve chez tous les fabricants de morales fussent-elles "nouvelles" ou "anti" morales ou tout simplement tournées en science -. Schreber indique; sans le Soleil (suivez au texte de Schreber les jeux de lumière) il en arrive qu'on biaise au pair, que ce soit dieu qui VOUS baise. Au point où ce n'est même pas aussi simple que le prétendent les "révolutionnaires de la sexualité" ; il ne suffit pas de libérer les fantasmes pour que ça marche, reste le désir qui à devoir s'exprimer ne se parle toujours pas.

Nous touchons là, point d'ironie mis à part, une question cruciale.

Là s'effectueraient sans doute des conversions pour conclure d'une expression tranchée un désir qui aurait pu se dire, à risque

4. Avec la conversion nous assistons à la mise en évidence de la rhétorique du corps âmant, tiré à quatre épingles (en croix) selon l'impératif -catégoriquement- qu'aucun corps n'advienne (en saisir la poétique vis-à-vis de notre Anté-psychiatrie)à moins qu'il ne marche d'ensemble, prêt, apprêté pour les parades, la guerre.

Cet impératif s'illustre aux pirouettes et prouesses que le "corps" exprime dans la danse(classique, voire moderne), le sport d'équipe(à l'admiration des foules qui payent à l'entrée des salles/stades le droit de n'avoir aucun autre corps qu'en chaise) ou à la pratique du "bon coït" relancé sur le marché de l'orthodoxie pornographique.

Dans ce cirque le corps vaque à l'âme ou que mort s'ensuive enfin! un corps pur se décompose à la jouissance du médecin rôdé, par coeur débitant son encyclopédie...

Du côté de la bio-énergie à dénoncer « the betrayal of the body » on n'en reste pas moins converti "au corps", possédé à l'Idée de la tranche (âme/corps).

Sans y voir une hystérie de conversion, cette mystique au corps( e ) donne à réfléchir pour cette répétition même. Du côté de la clientèle. 5. Une clientèle qui consulte d'abord pour actualiser le reproche commun que l'on croit faire à la psychanalyse de ne pas faire avec le corps.

[14] Le corps ? Un mot magique d'autant qu'on croit que ce corps précisément le sauvage s'y connaît de tout jour. Le corps, cela ne va pas sans l'ethnologie blanche :

cette manie qu'on a en occident de faire des montages audiovisuels sur les us et coutumes des "autres" en montrant comment ils possèdent certes une certaine logique voire un système mais que, tout de même, il n 'y a entre eux et nous une marge c'est la "bonne science". Elle, fait le partage à notre crédit. Un double bénéfice. Ces montages construisent pour l'institution, selon sa logique impeccable, ses marginalités qui, à l'intérieur de la "bonne société", sont autorisées à faire les "sauvages", à mimer l'orient ou l'être des africains.

Le travail du montage insistera discrètement sur le "pouvoir libérateur" de la transe, des rythmes. On insistera beaucoup sur les rythmes. On effacera toute possibilité de produire un jeu harmonie/mélodie ( ou on l'absorbera, le résorbera dans quelques-unes de nos "tonalités"), on signalera au passage une chanson paysage mais surtout on s'arrangera pour escamoter la parole. Toutes les images seront des images sans parole. On entendra bien sûr le commentaire. On n'y verra que du corps. L'autre, le diable au corps (image).

Le geste ethnocide est là, aujourd'hui dédoublé dans le "primitif" en images et des "techniques" qui soignent avec du sauvage en nous (bio-energies, cri- primaI, rebirthing etc. etc.).

AU CORPS. A t'opposé de la psychanalyse -lorsqu'elle a perdu l'inconscient - A L'AME.

L'un et l'autre pour le même, sans un authentique dia-logue; perdre le langage pour que nous soyons des bêtes (rationnelles) ! selon notre dû, occidentale- ment.

6. De cela se déduira notre méthode d'écoute de l'entre de la demande d'un patient; ce qu'il y a entre le corps/âme, ce quelque chose que la Tradition (comment appeler ce qui s'est toujours Dit entre le s'avoir et la co-naissance, de tout temps, sans que cela soit moins/plus vrai que ce qu'on croit nouveau ?) avait saisi la proximité du respirer et du parler qui, l'un ou l'autre, à agir de [15] concert permettent cet équilibre qui n'est pas à chercher hors de soi, ni en soi mais seulement dans le lien, l'orientation au(x) Lieu(x).

Savoir donc que toute demande de "bio" existe à côté d'un "refus" d'analyse (et inversement), voire d'une entrée dans les ordres.

Pensez aussi à ceux pour qui bio/gestalt co-existent avec une analyse, le phénomène du cumul.

Il ne s'agit pas pour nous de trancher mais de relever l'alternative au tranchant d'une bévue (âme/corps) en démarquant toujours chaque situation d'une autre situation évitant ainsi l'écueil le. plus dangereux ; les recettes.

Qu'il n'y ait pas de recettes n'implique pas pour autant l'absence de méthode, de rigueur, loin de là; il y a même une incompatibilité entre recette et rigueur. 

Une méthode se construit pas à pas.

Ce qui s'oublie trop facilement du côté des "libérés" des cuisines du "potentiel humain" où se mijotent des sauces dites américaines, quand aux USA très précisément la chose fait Mouvement, est une politique au quotidien -pas nécessairement celle des radicalités.

Il n 'y a autre chose de plus urgent. Pour la langue anglaise (de ne pas y filer) ; à s'acheminer vers la Sprache pour ne pas tomber de bavardages en otages! Cela s'adresse bien sûr au [16] maniement propre de notre langue ( qui d'avoir clamé la débilité d'une langue littéraire plutôt que philosophique se réduit le plus souvent aux manières, à faire des genres...) d'autant qu'elle joue aujourd'hui à faire des modes d'emploi.

Reste, à laisser s'effectuer des brèches, des ruptures pour que la langue, dans sa poétique même construise des lieux propres d'habiter (plutôt que des écosystèmes, échos à la platitude des théories de la survie –Cf. notre Le puits ; stratégie du désert ).

Question de méthode, ce qui compte c'est de laisser être ou manquer à avoir par le truchement d'un koan celui qui s'analyse à la seule et unique question la. sienne ( voire à la seule et unique question qui nous questionne à exister ; pourquoi quelque chose plutôt que rien ?).

Un questionnement, tel qu'il ne puisse jamais se convertir à la méthode et court-circuiter sa parole sur l'analyse ( ce qui devient courant sur les divans d'aujourd'hui) ; il ne peut rien prévoir qu'à être en suspens. A aucun moment dans le rapport silencieux de celui qui l'Ecoute il ne peut se faire croire qu'il parle d'autre chose que du tracé qui dans ses liens montre des non-lieux jusqu'à ce qu'un Dit Respire (Atmen).

Dans les lieux de la séance, il apprend ce qu'il rythme, ce qu'il connaissait à se le cacher par des habitudes et des formations symptômales ; il s'oriente.

[17] Il est alors évident qu'une telle méthode ne prête pas la main aux défilés de cas, présentation des "modèles de saison ". Il n 'y a d 'histoires de cas que pour ceux qui en fabriquent, ceux qui pansent des maladies, qui ont cette étrange croyance qui consiste à faire d'un « discontent » quelque chose qui s'attrape ; ça s'attrape drôlement -au corps ? 


[19 - 31] écrire avec (un) freud 

 
[ 33 ] Une lecture de Freud devrait aujourd'hui s'entamer, qui, en s'appuyant de la pratique analytique, montrerait l'incontournable de la métaphysique de l'Occident (comme container de l'Orient qui serait son imaginaire, Cf. Ordi naire n° 7 Milarépa / Portier de Nuit et n° 8 "Garland of letters") et donc mettrait en scène les prétentions à un quelconque dépassement ou effacement pur et simple de cette métaphysique par le discours psychanalytique. 

Lecture particulièrement difficile sinon effrayante, lorsque, attentifs aux écrits freudiens, nous nous apercevons que ce qui poussait Freud à écrire, outre de ce faire une généalogie égyptienne pour devenir avec Moïse le coup d'envoi de la vraie civilisation (gérer l'Un-Père et le Nom du Père pour éviter la pe,rversion du Culte Solaire d'Ikhnaton : vaut mieux un père que le soleil pour être "en famille"...) était surtout et très précisément de rétablir l'inconscient (pervers lui aussi) dans la Loi, dans la métaphysique, en faire toute une institution. 

En fait, il s'y prend mieux. Il se fait un nom, le nom d'une "science". Quelque part il commet le même geste qu'Einstein. Il met en branle tout un "s'avoir" qui peut tout ébranler, voire tout faire sauter. L'énergie nucléaire et la psychanalyse doivent être entendues en même temps, sans confondre les deux, tout en les faisant participer d'un même temps, d'une même usure du monde : l'une comme l'autre n'ont aucun sens comme effet. 

Elles prennent sens en étant commises ensemble à accomplir (les fins de) la métaphysique: la technique. 

On comprendra dès lors pourquoi le discours psychanalytique présuppose dans son énonciation la rature de la métaphysique, structure paranoïaque : il doit en prendre la place comme discours totalisant voire totalitaire ce qui n'est qu'accessoire. 

La gravité du discours psychanalytique tient en ce que par la biffure, il ouvre l'abîme du fond, fonde la science dans l'inconscient et le soude à la Raison - pour la science. Le rêve de toute métaphysique, de toute la Métaphysique... S'autoriser d'un oubli, de l'Oubli, pour s'autoriser analyste ? 


[69]

Domaines (variations 7 – 12)

7. Demeure l'institution. Bien armée.
Elle marche comme une église. Pour colmater.

Même lorsqu'on sépare l'église de l'état. Le coup est magique; c'est toujours une histoire de chapelle(s).

Remettre toujours à plus tard les effets de structure, la béance, le Vide en faisant croire qu'un jour la "bonne technique" y remédiera définitivement (particulièrement la biologie pactisant avec les "forces révolutionnaires" pour construire la race pure...).

On n 'y manque de rien... La machine fonctionne selon ces quatre temps (le chiffre 4 fait son chemin) :

1) « présentification » d'un leader et de sa préservation.

2) pour ceux qui d'un même objet (à 1 moi près et 1 seul) constituent autour du leader le cercle d'identification, sa forteresse.

3) dessinant l'espace qui hors cercle désigne l'autre objet (l'ensemble des mauvais objets) et l'alien.

4) par lequel l'existence des trois temps est justifiée; on entretient en effet le mythe qu'un jour il n'y aura plus qu'un cercle puisque l'amour qui est en tout phagocytera le cercle extérieur et mettra le monde sous la coupe du même sans différence et sans retour.

[70] La règle fondamentale qui fait marcher cette politique de la "Camille" s'énon- ce; oublier qu'il y a l'Autre ! Pour que tout soit à la bonne place, déterminé, sans différence.

Cela s'illustrera des recherches sur la vie "sociale" des abeilles. On y met en avant une chose, l'organisation! Qu'importe qu'elles ne parlent pas puisqu' elles échangent les signaux qui organisent la ruche au pas !

Rêve à peine secret de l'institution à fonctionner sur ce modèle "sans bavures ". On peut dès lors comprendre comment certains de nos contemporains (les plus nombreux), lisant Freud, sont tombés en pleine sexité avec Pavlov... Ainsi tout va son train-train.

Colmatage collectif misant sur le présentoir d'un même (moi) objet pour inter- dire d'autres (moi) objets, faire le coup de l'effet-masse. Un effet dont on cause beaucoup pour dénoncer le fascisme des autres mais peu lorsqu'on se laisse croire quotidiennement que cela n'arrive qu'aux autres (attitude résumée par l'autonomie du terroriste). Pourtant on aime son prochain national, régional ou sectaire mais qui aime son lointain... ?

L'histoire, l'actualité qui accomplit le Texte religieux dans le moindre détail nous présente, chaque jour, sous pli fermé une nouvelle "unité nationale" constituée aux dépens d'une autre ( dont le plus souvent elle est un constituant ).

Ce qui n'a aucun "statut" de vérité, d'être (noter le mot sanskrit; satyagraha). Demeure la dictature de l'opinion droite, de l'orthodoxie qui se complaît à la guerre, à la sophistique.

8. L'action seule ne changera pas l'état du monde parce que l'être sous son aspect d'efficacité et d'action rend l'étant aveugle en face de ce qui a lieu.

…L'homme veut être lui-même le volontaire de la volonté pour lequel toute vérité se transforme en l'erreur même dont il a besoin, afin qu'il puisse être sûr de se faire illusion. n s'agit pour lui de ne pas voir que la volonté de volonté ne peut rien vouloir d'autre que la nullité du néant, en face de laquelle il s'affirme sans pouvoir connaître sa propre, et complète nullité. (Heidegger, Essais & Conférences).

L'institution modèle a la "bonne solution". C'est le rachat des fautes et sa rhétorique.

[71] Elle a la bonne solution parce qu'elle joue du jeu entre une nomination de la structure (la loi, le Langage) et sa thèmatisation en "faute originelle". Qu'elle s'y joue pour proposer le rachat.

Le rachat, c'est la thématique inscrite dans une (in)certaine psychologie de groupe au temps du "cheering up" pour soulager le "groupy" après son "auto- critique" (sa confession publique, son acting out) et lui démontrer que ce groupe mais pas un autre est le groupe qui "sait" ce qu'il "a" que ce groupe est le "bon-objet" etc. Pour l'être c'est une autre paire de manches, l'incidence.

Le structure est un Risque. Il faut la colmater à tout prix. C'est la règle de l'économie de groupe. De l'économie de groupe. De l'économie tout court où Marx a reconnu pour l'histoire (occidentale) la valeur morale du Capital où il crucifie le prolétariat qui rachètera le capital à son compte d'ensemble.

On aurait dû s'en inquiéter avant, Marx ne veut rien d'autre que l'Occident ;la mise à prix de l'étant dans son ensemble. Sa mise en stock, au défit (d'un pari). Au combien naturel d'après la construction du S'avoir absolu qui ne laisse rien (traîner en reste) qui ne puisse être sous sa Coupe. L'orient y trouve une place expresse, sans droit à l'indépendance qui ne soit ratifié du Droit international; un moment de ce qui enfin se réalise, l'Occident -globalement.

Nous allions dès lors nous retourner sur un orient géographiquement daté . Par le vide.

Plus d'autre place.

La question d'une orientation était lors périmée, générale usée sur l'oubli strictement besogneuse comme le reste.

9. Freud remet alors la question d'un "pourquoi quelque chose plutôt que rien ?" à sa place familiale. "Dis papa, dis maman d'où viennent les enfants ? "Voilà où s'entretient savoir et désir et comment Freud place une réponse admirable; le Sexe. Admirable à cela près que dans son effet-masse le sexe n'est que de boulevard, pas autre chose que l'l-des-Sens. Sur cette indécence Freud a dû beau- coup batailler. Pour peu qu'à ça il ne comprend plus ce qu'il dit.

[72] Le Sexe c'était aussi l'aréponse qui se donnait à l'enfant au moment de son initiation à l'âge d'homme dans les Mystères. Mais là aux frictions du Lingam et du Yoni, aux accouplements de shakti/shakta (jeux des voyelles « i » et « a ») la différence était désignée d'une complexité telle que être deux ne formait jamais un -d'y voir que du feu ;

"By making the body the lower piece of wood and Om the upper piece, and through the practice of the friction of meditation, one perceives the luminous Being hidden like the FIRE in the wood "

Svetasvara Upanishad.

brûlant le récit.

 

Nous sommes là très loin de la famille s'assurant qu'à une question dangereuse (sans réponse), où s'affûte le désir tranchant de l'enfant, se trouve une réponse familière, sans étrangeté; la réponse choux/fleur que n'a pas détrôné dans l'inconscient la fabuleuse petite graine de papa dans le ventre de maman, ni les démonstrations savantes où s'emploient à l'échec, scabreusement, les couples promus "frustrés" (aux dessins d'une certaine Claire Bretecher).

Pas d'autre chose. On sexe à pile.

Malgré l'enfant qui nomme cette autre chose à l'insatisfaction témoignant qu'après la réponse qu'il doit avaler comme un médicament, il les motdit.

Et répète au secret de ses jeux ou de ce qu'on ne croit être que description ; Pourquoi quelque chose plutôt que rien ?

Par excellence sans réponse qui rend le sens caduc. Signant l'existence d'un "toujours-à-refaire", que ne colmate que la bêtise d'y mettre fin par des habitudes (au combien suicidaires) cette hâte à conclure (par un dogme).

10. Des textes orientaux, qui ne se lisent pas comme des livres de cuisine, comme des morceaux de bravoure rhétorique ( dont on prélève des passages pour "prouver" ce qu'on ne dit pas), nous enseigneraient certes plus à la Question.

Mais voilà, le plateau sur lequel on nous les sert dégouttant de "mysticisme", de spécialité ou du leurre d'un conscient collectif ne mettent pas a priori en appétit l'homme de science que nous sommes.

[73] Essayons de nous remettre du choc où des questions de camps et de sigles mirent nos recherches entre parenthèses pour l'histoire.

Relevons le défi en reprenant nos recherches à la rigueur d'un autre mathème; le mandala (Cf. nos papiers abandonnés au Centre de Sémio-linguistique, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales; La grammaire mandalique (1970-71).

Un mandala n'est pas toujours un dessin-hallucination. C'est une formalisation différente. Une formalisation à laquelle Pythagore ( qui veille en chacun de nous avec ses Nombres, ses tables de correspondances, son carré -encore le chiffre 4) ne nous a pas habitués. Un mandala cela tient aux mots, aux guirlandes de lettres qui tresse la « résonance » du " AUM" pour ériger un modèle pulsionnel de la phonation...

Pour qu'un mandala se construise, l'orientation de la parole est indispensable.

Dans une expérience, qui partage quelque chose avec l'expérience analytique, l'expérience du Bar-do (de l'intermédiaire, du be-twins qu'il ne faut pas, avec précipitation, lire comme expérience du mort) le mandala se déploie et désigne l'espace du Sujet; derrière ce qu'il voit il y a ce qu'il est, ça. Il est ça. Et non comme les traductions nous le présentent ( en quelque sorte sur le modèle où on veut le réduire, la psychose) "tu es Dieu ".

Le champ du Sujet est coextensif au champ de sa parole; ce qu'il voit n'est que la symbolisation de la structure.

"Tu es ça " /là où c'était "je" doit ad-venir. La structure est nommée. C'est ce qui s'entretient de ce qui sans-arrêt-change (Samsara) à s'arrimer (Nirvana), soit qu'il n'y a qu'un fantasme pour faire croire que c'est autre chose que la différence .

L'illusion (Maya) est relative et non absolue.

Le monde oriental n'a rien de Schopenhauerien. Il n'est pas plus réductible au boniment où Descartes se fourvoie à caresser un "malin génie" pour dé- montrer son Dieu; que le ou les dieux, ils sont là pour figurer (des figurants) de la structure.

[74] Aussi la vérité (s'il y a quelque chose comme une vérité de ça) ne dé-voile rien n'y ne rend adéquat un sujet avec son prédicat. Elle mon(s)trerait plutôt ce qui sonne creux (Empty) pour le Vide (Voidness). D'où l'énigme qui n'est pas celle du sphinx ;

tout s'entre-tient de ça qui parle; l'à qui ? dit Aum.

Il n'y a rien à forcer. Non pas rien à faire où l'oriental vaquerait à sa paresse -,. légendaire pour le colon -de laisser tout au Hasard d'un chaque "un " qui ~ ferait bien les choses. Il n'y a rien à forcer d'ensemble; ça fait toujours avec! : Vous pouvez vous illustrer cela du sage, prenez Milarepa. Il nous montre à la ;. stricte densité de son ekstase qu'à ne rien faire apparemment pour les autres . puisqu'il médite, ce sont les autres qui en bénéficient plus que lui. IL LES, REGROUPE à ça près qu'ils croyaient être des 1-dividus.

La méditation est autre chose que l'introspection -l'occident l'oublie volontiers. Si le sage médite c'est pour tous. Pour rappeler que si le monde tenait à chaque un par un en enfilade il n 'y aurait pas de monde.

Ce qui est mis en branle dans la méditation c'est une Algèbre ; l'algèbre des charges karmiques. Le karma n'existe que pour un ensemble qui est à faire. Un ensemble ordonné, un jeu de pair et d'impair, de +/- ou pour rendre plus fidèlement les imbrications, un travail de points, une tapisserie ou du tissage ( cette "image " ne nous est pas étrangère, nous la trouvons chez Platon ). Soyons très prudent avec les k+, k- pour qu'ils ne viennent pas (ré)inscrire au programme la rhétorique du bien/mal sans par-delà.

Nous tiendrons notre méditation à la logique du Yab/Yum ; deux pôles d'un courant qui, équilibre instable, circule à travers les méridiens (et à ses heures) poncturés et les « Khorlo » (roues) selon l'axe vertical-vertébral sans que jamais ~ ne se produise quelque chose comme la tranche d'un corps ou d'une âme (de : cette tranche l'occident seul a la responsabilité). Yab/Yum n'est pas une ~ division mais la multiplication pli selon pli d'un courant ou plutôt d'un jeu (une béance). Yab/Yum a à faire avec le masculin/féminin tant que l'un et l'autre est partagé en tous. Si vous vous représentez un homme et une femme, vous pouvez vous dire que vous n'avez rien compris à la sexuation. Yab/Yum . la différence est partout.

Une logique que nous saisissons à l'expérience, aux gestes de l'acupuncture mais aussi aux ponctures qu'effectue par le rythme, l'enchaînement des mouvements médités (et non simplement performés), voire musiqués, un ": certain Yoga.

[75] Un Yoga qui n'est pas celui qui fait marché parce qu'il promet des miracles. Un Yoga qui ne paie pas de mine puisqu'il (retire à l'être (le) là toute possibilité de se com-prendre, comme il le fait dans son émargement, à partir du "monde" et de l'explicitation publiquement établie. Il rejette l'être (le) là '- vers ce pour quoi il s'in-quiète, vers son savoir-être-au-monde en-propre ) (beaucoup de spécialistes ne nous pardonneront pas d'avoir déplacé Yoga, Sorge et rendu aussi déplacée la traduction de Heidegger, pourtant nous sommes assuré que ce "tour" fera son chemin). Le Yoga in-quiète étrangement. Il désassure du "monde" et des captations imaginaires. Il rappelle à l'ordre l'être (le) là, à son ordre; la Parole. Le Yoga s'entretient avec les lieux, il trace des liens, il maintient l'équilibre des charges karmiques au lieu de les laisser au "déterminisme naturel".

Le Yoga montre le karma à sa place stricte; il est là pour nous mettre ensemble et nommer dans ce qui change sans arrêt ( diachronie) ce qui en même temps persiste (synchronie).

Quelque chose qui n'existe que pour un être-avec-autrui, pour le langage (la Sprache). Qu'on ne s'y trompe plus, l'animal n'a pas de Karma, il a seule- ment sa place en lui. 

L'accès est difficile.

Il y a à persévérer.

11. C'est un accès formateur pour le psychanalyste qui prétend s'y entendre.

Certes rompu à la facilité par les succès de ses cures types; ça s'est usé à vide de patients. En histoires de cas.

Se refaire les oreilles lors n'est pas un luxe.

A l'habitude le Geste analytique se trouve plaqué à la personne alitée plutôt qu'à lien à ça. Il s'agit d'ouvrir une brèche supplémentaire, mais aussi en réserve pour ne pas risquer la facilité sacro-sainte d'une démonstration.

[76] Mettez-vous à la portée de la musique; c'est le mandala de l'occident qui s'y trace.

La musique. Non point la musique qui s'articulerait après coup comme un langage (musical) mais bien cette pratique composant (avec) la structure du Langage.

Rien donc qui remettrait sur le tapis un quelconque privilège de la "poésie" sur la "musique" (relisez Hegel, l'Esthétique, repérez le même geste lancinant chez Heidegger) pour nommer ce qui s'engage du langage, sa structure.

(l'imbécillité est alors évidente des débats sur la musique qui serait pure de ne. pas avoir à chanter un texte.)A la révérence de la comtesse Madeleine dans le Capriccio de R. Strauss nous pourrions peut-être comprendre; ses deux prétendants, que l'un soit poète et l'autre musicien, fait précisément qu'elle ne puisse choisir...

La musique donc, telle que Freud à ne pas l'entendre au concert la retrouve à produire le rêve.

(Rapprocher les opérations de composition de la série (et/ou des thèmes) de la condensation et du déplacement, l'instrumentation à l'étagement des pulsions, saisir la composition au tour où le compositeur reconnaît la structure plutôt qu'au détail (sans esprit qu'à la lettre) où se perd l'exécutant.

[77] La musique telle donc qu'elle se redécouvre à Wien, sans pour nous faire une école, qu'en les 12 sons restitués correspond l'inconscient.

12. Essayons de le faire passer autrement. A ce dessin qui se présentera d'abord comme une fraction: 7 / (5) = 12.

Mais il ne se lit pas tout à fait comme une fraction.

En voici le déploiement :

1. le nombre 7 chiffre les notes choisies pour constituer ce qu'on appelait une gamme.

2. le nombre 7 se repère dans ses rapports à la Genèse comme un temps de repos, le temps de la création achevée (entendre toute la musique d'orgue). Sans être pris pour un chiffre "sacré" c'est à entendre comme un chiffre qui se répète, voire le chiffrage d'une répétition (au moins dans un sens ; qu'on pouvait toujours construire plusieurs gammes).

3. c'est sur ce nombre qu'on comptait pour les théories des sons naturels (à la Rameau) et leurs correspondances pythagoriciennes avec d'autres objets de la dite "nature", par exemple les couleurs, les planètes (avouons que c'est séduisant). Une manière de marquer le refus de la gamme à se concevoir en système symbolique -à la prétention près qu'à se prendre pour du "réel" elle devait, à se jouer, reconnaître qu'elle faisait une drôle d'imitation de la nature... (à saisir par là la frivolité des mélodies et les fioritures de l'accompagnement).

[78] 4. le nombre 5 pour sa part est la part maudite. C'est le nombre de notes qu'il faut soustraire pour obtenir une série de 7 sons, une gamme servant de mo- dèle a priori, antérieur à la génération de tous énoncés-thèmes particuliers.

5. question d'amener sa "raison" naturelle l'histoire oublie 5 notes: (5). 6. les oublie d'une certaine manière, en les épuisant dans la génération des gammes l'une après l'autre de telle sorte que les opérations de refoulement (la barre) tiennent à ceci; que malgré tout c'est toujours à 12 qu'on a affaire.

Ou encore que la génération des gammes s'effectue d'un leurre :

(12- 5) + (12- 7) = 12

Nous pouvons encore donner ce schéma à saisir auprès du Sujet du Signifiant, rappelé à la forme même d'un autre schéma donnant l'esquisse du Phantasme, Cf. notre Ecriture(s) Phantasme(s) 1.

(voir schéma)

[79] Ce schéma signe un effet. Lorsqu'à ajouter les + et les -dans un ordre qui n'est pas nécessairement celui du Hasard la musique prend un ton moins frivole; ça casse les oreilles. Nous pourrions dater cela dans l'histoire avec précision, mais nous ne prêterons pas la main à l'historien qui fabrique l'importance de ce qui n'en a pas, n'a pas besoin d'en avoir pour être. Disons que ça a commencé à casser les oreilles, plusieurs fois dans l'histoire (à chaque fois qu'un occidental allait convertir un "sauvage", ça lui cassait les oreilles, il le supprimait! ) mais pour l'occident, le coup est fameux, nous pouvons repérer les accords de Tristan. Les accords de Tristan qui se jouaient entre consonance et dissonance à travers le chromatisme. Commencèrent à casser les oreilles (tempérées). Il y eut d'autres déplacements. Nous en reparlerons ail- leurs. Notons seulement que de l'apport de R. Wagner, Tristan est un à côté en quelque sorte.

La partition de Tristan a intrigué les musiciens.

C'est avec le reste qu'on a pu appuyer le socialisme national. Et pour cause. Le travail musical portait à ceci près qu'il existait à part, à confondre la musique aux accords majeurs de l'histoire... A devoir faire ensemble une fresque (voyez l'importance de la Tétralogie pour les maîtres-chanteurs). A porter la musique à Sens Unique.

Que Tristan soit autre chose c'est inscrit dans le "thème". n n'est point le colmatage -la magique de l'institution -mais contre-pointer la nomination du Désir comme dialectique à la subversion du sujet...

Aux jeux où nous mènent en bateau le Phantasme et sa grammaire...

Ce qui structure la partition c'est le petit mot "et", la copule qui essaye de faire un lien au lieu (le petit mot "où ") mais tombe sur le "ou " pas tout à fait exclusif qui contraint à parler de "vivre à-mort".

Ce n'est pas très convaincant pour inaugurer les identifications de l'1-moi parmi d'autres au Moi du Leader, pas très d'ensemble.

L'effet de ces accords a lieu à Wien ; c'est l'accord du son à la lettre qui d'avoir "rien à dire" (à signifier ou exprimer de droit) parle du Langage ; tu es ça -qui ne fait pas Ecole. De Freud aux trois A (Arnold Schoenberg, Anton Webern, Alban Berg) nulle trace de correspondances (friandises des biographeurs qui croient y trouver la trace d'un non-dit qui friserait le "croustillant"), si ce n'est que "ça lui cassait les oreilles". Lui ? Le Reich, le troisième.

[80] Le Reich, un acte manqué, qui croyait pouvoir désigner le manquement dans l'autre. C'est à lui seulement que ça cassait les oreilles. Devant son nez. Même un compositeur qu'on croyait national (R. Strauss) lui en propose une bien bonne: la valse "witzée". 


Voyez alors comment le Sens est unique à pactiser avec le pouvoir (cette impuissance) : à S'AVOIR absolument.
 

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