DER FELDWEGA la mémoire de Jean François Duval (1948 - 1989) auteur de Heidegger et le Zen paru aux Éditions Présence (1984)Lettre Projet Second 1987
|
|
2. Parcours 3. De Dieu à l'Etre puis vers Dieu ?
|
|
|
|
Attitude phénoménologique
totale et épochè sont appelées par essence à produire tout d'abord un
changement personnel complet qui serait à comparer en première analyse
avec une conversion religieuse, mais qui d'avantage encore porte en soi la
signification de la métamorphose existentielle la plus grande. |
|
Déroulement / Plan - AUS ERFAHRUNG DES DENKENS (L'expérience de la pensée in Question III), le
poème, constitue la base de cet essai de penser, sur les chemins de
Heidegger.
Expérience des saisons de l'Etre - Une topologie de l'Être.
Rendant, déplacés, repères insignifiants, chronologie, biographie et
Curriculum Vitae…
Scénario (essai) : On entend des bruits de rue de plus en plus fort, des camions à ne plus s'y entendre. Mais pour l'instant il n'y a rien à entendre vraiment que la nullité du bruit. Il n'y a qu'une image noire. Puis progressivement le noir tournant au gris nous ne discernerons à peine ces marcheurs anonymes, pressés dans une ville. Nous ne voyons que le sol. Des passants parmi des passants et sur un dernier banc, sous un arbre rescapé du béton, rescapé de l'atmosphère tout juste respirable nous distinguons de dos, assis deux hommes en costume sombre. (si possible : photo de Heidegger et Char sous les marronniers de Ménilmontant) Mais nous entendons des pas frappant le sol dur, puis sur du gravier s'éloignant. S'éloignant du banc on découvre une petite rue de Paris, la rue débouche sur la banlieue, un plus grand désert, une désolation humaine. Usines désaffectées, squatters, ruines diverses provoqués par le choc non des cultures mais de l'absence généralisée de Bildung. De dos des formes dégingandées qui évoquent une animalité prisonnière. Et comme si "nous" avions marché nous serions quelque part dans une forêt, un chemin dans une forêt pas suffisamment dense pour ne pas nous livrer à des constructions modernes très laides. L'homme parmi les ruines ? Le ciel n'est pas bleu mais acier. Pendant que défilent, lentes, ces images d'une parfaite actualité nous entendons le dialogue que nous supposerons venir des deux hommes qui étaient sur le banc.
Dialogue.
- sur les Chemins nous ne retrouverons rien.
Nous pouvons nous rendre là bas ou demeurer ici rien ne sera perceptible.
Rien pas un pas, même le hasard ne nous conduira quelque part.
Pas un vestige.
Nulle empreinte de pieds sur le gravier, dans l'asphalte moins qu'ailleurs.
Pas une tache sur la paroi d'un rocher. Pas une main négative.
- Alors que cherchons nous ? Qu'allons nous chercher dans la Forêt Noire,
là bas dans le Pays de Bade ? Rien ?
- Rien que ce que nous pourrions trouver sur des cahiers couverts de signes
presque hiéroglyphiques, anciens, gothiques. Cahiers couverts de cette
écriture fine et serrée qu'un oeil fraternel, attentif a transcrits, que nous
pouvons lire dans des livres aujourd'hui disponibles.
Des livres que nous pouvons lire tranquillement chez toi, chez moi. N'importe
où.
- Rien d'autre. Oui. Oui. Et peut-être y trouverons nous moins que ce qu'ils attendent, eux qui sont pris à l'urgence, qui s'oublient dans la nécessité, la précarité et qui riront de nous comme les servantes riaient de Thalès, comme les marchands s'apprêtaient à fuir Héraclite qui se chauffant près d'un poêle ne donnait pas assez à leur fière jugeote l'image d'un penseur ...
- Et, lui n'aura sans doute et seulement "tracé dans le langage que des sillons sans apparence, des sillons de moins d'apparence encore que ceux que le paysan creuse d'un pas lent à travers la campagne". D'ailleurs, aujourd'hui, il n'y a plus de semeur, plus de paysans mais des machines alors, ces sillons de moindre apparence...
- Il l'écrivait à Jean Beaufret.
- Toujours lire, écrire. Est-ce crédible aujourd'hui où l'œil fixé à
toute sorte d'écran attend sans trop savoir pourquoi de nouvelles informations;
à s'informer pour se former, avoir la forme mais aucune Gestalt.
Et puis pourquoi ces livres ? Pourquoi ne pas poursuivre l'interprétation
inépuisable de l'inépuisable Livre, Livre sacré, livre Cœur ? Pourquoi ne
pas écouter les cantillations de la Tora, des Veda, des Tantra. Pourquoi aller
dans cette forêt sans pouvoir même y avoir recours, car le film prendra fin
avec notre retour ? Pourquoi ne pas aller vers des lieux plus sacrés, même si
aujourd'hui, trop visités ils semblent désertés ?
- Quand bien même toute Montagne sainte ne serait que le signe de Toute Élévation et de tout Hébergement.
- Et sans être en nous n'est-elle pas sur notre chemin personnellement ?
- Ou même ne serait-il pas plus vrai, plus juste de nous référer à la nature comme antérieure même à cette Révélation ? Plus juste de retrouver derrière la physique cette nature qu'elle oublie dans ses constructions tant efficaces ?
- La nature ? Mais que désigne-t-on par là depuis que la
nature n'est plus qu'une réserve d'énergie, le champ infini de l'exploitation pour la technique ?
LES SITES : HEIDEGGER
|
|
|
1.Des repères insignifiants : une chronologie, une biographie, un
curriculum.
Je suis assis, de dos, sur ce banc qui domine Todnauberg. Puis ce banc vide
ouvert sur l'étendue déjà modifiée par l'exploitation d'un plan touristique
- station de ski avant tout. On n'aura pas trouvé, mais supposé le chalet de
Heidegger. Dont on disposera la photo.
Le paysage propre à la Pensée de Heidegger, à partir de ce Chalet, suivant
les Chemins des bois, des forêts et des champs se construira à partir de ce
que la peinture de C.D Friedrich dut conquérir ; l'essence du paysage au moment
où celle-ci était en voie d'être accaparée par l'industrie.
Et à cause du temps de saisissement de la question du temps et/ou de l'Etre,
des tableaux - fractures prémonitoires de ce siècle de guerres - des
expressionnistes.
Dont pour situer les rues de cette "peur" un E. Münch intitulé "Soir sur la Karl-Johan Strasse" datant de 1892 |
|
Puis l'accueillant cimetière peint encore par D.C Friedrich. Cette peinture
pourra suffire. Il ne sera pas nécessaire donc de se rendre à Meskirch. Encore
une photo noir et blanc évoquera ce "réel" sans signification, la
tombe de M.H.
Ce texte pourra être dit à ce moment de fin d'une existence et recommencement
d'une oeuvre déterminante - unique - pour ce siècle fini (car nous serons en
2000, ce qui ne veut pas dire qu'il y aura un sens à être entré dans un
21ième siècle de l'ère commune : ère de la domination de la Technique. ):
"la marche d'avance révèle au Dasein la perte dans le nous-on et le place
devant la possibilité d'être soi-même sans attendre de soutien du souci
mutuel qui se préoccupe - mais d'être soi-même dans cette liberté
passionnée, débarrassée des illusions du on, certaine d'elle-même et
s'angoissant : la liberté envers la mort. ".
Ici superposée, une voix - tenue pour celle de M.H - lisant une lettre qu'il
envoya à J.P Sartre que l'on trouvera dans le texte de Towarnicki "Le
chemin de Zahringen", pp. 83 sq. : " Avec votre critique de l'être
avec, et votre insistance sur l'être pour autrui, en partie aussi votre
critique de mon explication de la mort, je suis d'accord. Etre et Temps et avant
tout ce qui en a été publié n'est qu'un chemin ... ".
|